lundi 12 juin 2017

Preuves directes de la Trinité et de la divinité du Saint-Esprit



Extrait de "Traité du Saint-Esprit" de Mgr Gaume :


Abraham reçoit la visite des trois anges (Doré)
Voir l'auguste Trinité dans le miroir des créatures, n'est pas plus une illusion que de reconnaître l'arbre à ses fruits ou l'ouvrier dans son ouvrage. Aussi, les aperçus et les raisonnements des grands génies que nous venons de citer, sont confirmés authentiquement par le Créateur lui-même. Trois chefs-d'œuvre résument, à nos yeux, son œuvre extérieure : le monde matériel, l'homme, le chrétien. Or, comme le fabricant marque de son empreinte chaque produit de son industrie et donne ainsi son adresse au public ; Dieu lui-même nous dit qu'il s'est gravé en caractères ineffaçables sur chacun de ses chefs-d'œuvre, de manière à se déclarer Fauteur de tous les êtres et se manifester à quiconque possède des yeux pour voir et un esprit pour comprendre.

« Je ne rougis point de l'Évangile, dit saint Paul, parce qu'il est la vertu de Dieu, pour sauver ceux qui croient. C'est là aussi que nous est révélée la colère de Dieu, qui éclatera du ciel contre toute l'impiété et l'injustice de ces hommes, qui retiennent injustement la vérité de Dieu ; car ce qu'on peut connaître de Dieu leur est connu : Dieu lui-même le leur a manifesté. En effet, les choses qui sont invisibles en lui, ainsi que son éternelle puissance et sa divinité, sont devenues visibles dans le miroir de la création, de telle sorte qu'ils sont inexcusables, puisque, ayant connu Dieu, ils ne l'ont point glorifié comme Dieu (Rom.t I, 16-21). »

Voulons-nous voir combien est légitime cette colère inspirée contre les négateurs ou les contempteurs de la Trinité ? Étudions la conduite de Dieu lui-même. Il veut que son premier organe, Moïse, commence l'histoire du monde par la révélation de la Trinité créatrice. « Dans le principe, Dieu créa le ciel et la terre, et l'Esprit de Dieu était porté sur les eaux (Gen., I, 1, 2). » Sur quoi le plus autorisé, comme le plus profond des interprètes, saint Augustin, s'exprime ainsi : « Au moment même où la création en bloc fut appelée du néant, sous le nom de ciel et de terre, pour indiquer ce qui devait être fait, la Trinité du Créateur est insinuée. L'Écriture dit : Dans le principe Dieu créa le ciel et la terre. Or, sous le nom de Dieu, nous comprenons le Père ; sous le nom de Principe, le Fils, qui n'est pas principe pour le Père, mais pour toutes les créatures. Lorsque l'Écriture ajoute : Et l'Esprit de Dieu était porté sur les eaux, nous avons la révélation complète de la Trinité ; car ce mot indique la puissance souveraine du Saint-Esprit (De Gen.t ad Litt., lib. I, n. 12 et 13). »

Non contente de s'être révélée dans la création de la masse matérielle, la Trinité se révèle à chaque ouvrage particulier qu'elle en tire. C'est encore la pensée du grand évêque d'Hippone : « Dans la manipulation et le perfectionnement de la matière, pour en former des créatures distinctes, la même Trinité s'insinue. Dans ces mots : Dieu dit, nous avons le Verbe ou la parole, et le Générateur du Verbe ; et dans ceux-ci : Dieu vit que cela était bon, nous avons la Bonté infinie, le Saint-Esprit, par qui seul plaît à Dieu tout ce qui lui plaît. » Or, les mêmes paroles reviennent sept fois dans l'œuvre de la création ; c'est donc sept fois la proclamation du dogme delà Trinité ; sept fois l'affirmation divine que le monde matériel, dans son ensemble et dans chacune de ses parties, porte le cachet de son auteur.

Écoutons un autre commentateur, également remarquable parla pureté de son cœur et par la solidité de sa science : « Le livre qui contient l'origine des choses, dit l'abbé Rupert, commence par ces mots :
Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. Puisque la création elle-même est le commencement du monde, pourquoi est-il dit : Au commencement Dieu créa ? C'est la même chose que s'il était dit : Au commencement il commença. Si on le prend ici dans le sens vulgaire, le mot commencement forme une tautologie ridicule. On est donc bien fondé aie prendre pour un nom propre du Fils. Lui-même le veut ainsi, puisque, interrogé par les Juifs qui lui disaient : Qui êtes-vous ? il répondit : Je suis le Commencement ou le Principe, moi qui vous parle.

En effet, c'est vraiment dans le Principe que Dieu créa le ciel et la terre, puisque toutes choses ont été faites par Lui. L'Écriture elle-même confirme cette interprétation, lorsqu'elle dit ailleurs : Vous avez fait toutes choses par la Sagesse. Or, cette sagesse n'est autre que le Verbe-Dieu qui, comme nous venons de le voir, s'appelle lui-même le Principe.

Et l'Esprit de Dieu était porté sur les eaux. La matière existe, mais elle est informe ; il faut lui donner la vie et la beauté. L'Esprit de Dieu fait pour elle, ce que l'oiseau, par sa chaleur, fait sur le petit renfermé dans l'œuf : il l'échauffé, il l'anime, il le vivifie, il en fait un être doué de toutes ses perfections. Quel pensez-vous qu'est cet Esprit de Dieu, sinon l'Amour même de Dieu, Amour, non d'affection, mais Amour substantiel, vie et vertu vivante, demeurant dans le Père et dans le Fils, procédant de l'un et de l'autre et consubstantiel à l'un et à l'autre (Corn, a Lapid. in hunc loc) ?

Or, il se portait sur les eaux, par conséquent sur la terre renfermée dans leur sein, parce que le Créateur était attiré par un immense amour vers sa créature ; et, ne pouvant être lui-même ce qu'il avait créé, il voulait en tirer des êtres capables de s'unir à lui. Cette Bonté, cet Amour du Créateur, c'est le Saint-Esprit lui-même. « En tête du Livre des livres, est donc splendidement inscrit le dogme de la Trinité créatrice. Dans le nom de Dieu nous voyons le Père ; dans le nom du Principe, le Fils ; dans celui qui est porté sur les eaux, le Saint-Esprit (De Trinit. et operib. ejus, lib. XLII ; in Gen. lib. I, c. III et IX). »

Comme preuve de cette interprétation si nette et si autorisée, les interprètes les plus habiles dans la langue hébraïque font valoir l'anomalie grammaticale du texte hébreu. Littéralement il doit se traduire : dans le principe les Dieux créa. Pourquoi cette forme étrange ? Parce que la pensée doit l'emporter sur les mots, et que devant la volonté souveraine de Celui qui, dans la première parole inspirée de son premier organe, veut révéler sa divine essence, doivent fléchir toutes les lois de la grammaire. Elohim, les dieux, au pluriel, indique en Dieu la pluralité des personnes ; comme l'unité d'essence est indiquée par Le verbe singulier Bara, créa (Vid. Corn, a Lapid. In Gen., I, 1).

L'histoire de la création du monde matériel commence donc par la révélation du dogme de la Trinité. De la même manière commence l'histoire de la création de l'homme. Faisons l'homme à notre image et ressemblance, dit le Créateur (Gen., I, 26) ; et le divin ouvrier se burine lui-même en caractères indélébiles, jusque dans l'essence de cette nouvelle créature.

Remarquons d'abord la profondeur du langage biblique ; ces deux mots image et ressemblance ne sont pas une répétition inutile. L'un est le préambule de l'autre. Tous deux réunis révèlent à l'homme et ses rapports avec Dieu et le but de sa vie.

Au Père de la race humaine et à chacun de ses descendants, ils disent : « Doué de la triple faculté de te souvenir, de connaître et d'aimer, tu es fait à l'image du Dieu Trinité. Cette image est empreinte jusque dans les profondeurs de ton être. Juif, païen, catholique, hérétique, juste ou pécheur, qui que tu sois et quoi que tu fasses, tant qu'il sera vrai que tu es homme, il sera vrai que tu es l'image de Dieu. Damné, tu la porteras dans l'enfer, et les flammes éternelles la brûleront sans la détruire (S, Bern., Ser. I de Annuntiat.). » « La conserver n'est pas le but de ta vie ; c'est de la perfectionner, jusqu'à former en toi la ressemblance avec Dieu. Telle est la loi de ton être et la condition de ton bonheur. Pécheur, tu perds cette ressemblance ; juste sur la terre, tu l'as, mais imparfaite ; saint dans le ciel, tu la posséderas dans sa perfection. Alors, et alors seulement, tu pourras dire : J'ai atteint le but de ma création ; je suis semblable à Dieu (S. Th., I p., q. XCIII, art. 8, ad 3). »

Si nulle doctrine n'est plus lumineuse, nulle n'est plus certaine. « À l'image de Dieu imprimée dans mon âme, dit saint Basile, je dois l'usage de la raison ; à la grâce d'être chrétien, la ressemblance avec Dieu (S. Basil., homil. x in hexaem). » Et saint Jérôme : « Il faut remarquer que l'image seulement est faite en nous par la création ; la ressemblance, parle baptême (S. Hier., in illud Ezech., c. XXVII, In signaculum). » Et saint Chrysostôme : « Dieu dit image, à cause de l'empire de l'homme sur toutes les créatures ; ressemblance, afin que dans la mesure de nos forces nous nous rendions semblables à Dieu par la mansuétude, par la douceur, par la vertu, suivant le précepte de Jésus-Christ lui-même : Soyez semblables à votre Père qui est dans les cieux (S. Chrysost., in cap. I Gen., homil. IX, n. 3). »

Magnifique labeur, dont saint Jean fait briller à nos yeux le complément éternel, quand il écrit : Bien-aimés, maintenant nous sommes les enfants de Dieu ; mais on ne sait encore ce que nous serons. Nous savons seulement que, lorsqu'il apparaîtra, nous lui serons semblables (Joan., c. III, 2).

Mais en quoi consiste cette image de la Trinité que nous portons en nous-mêmes ? Au nom de tous, laissons parler deux grands maîtres de la doctrine : saint Augustin et Bossuet. « En nous occupant de la création, dit le premier, nous avons, autant qu'il dépendait dé nous, averti ceux qui cherchent la raison des choses, d'appliquer toute la force de leur esprit à considérer les perfections invisibles de Dieu, dans ses œuvres extérieures, et principalement dans la créature raisonnable, qui a été faite à l'image de Dieu. Là, comme dans un miroir, ils verront, s'il sont capables de voir, la Trinité divine dans nos trois facultés : la mémoire, l'intelligence et la volonté.

« Quiconque distingue clairement ces trois choses, gravées dans son âme par la main du Créateur, et qui remarque combien il est grand de voir dans cette âme créée, la nature immuable de Dieu rappelée, vue, aimée ; car on se souvient par la mémoire, on voit par l'intelligence, on aime par la charité : celui-là, sans contredit, trouve en lui-même l'image de la Trinité. Trinité souveraine, objet éternel de la mémoire, de l'intelligence et de l'amour, que la vie tout entière doit avoir pour but de rappeler, de contempler et d'aimer (De Trinit., lib. XV, n. 39). »

Après l'évêque d'Hippone, écoutons l'évêque de Meaux. Retraçant à l'homme l'image auguste qu'il porte en lui-même et le conjurant d'en faire l'objet continuel de son imitation : « Cette Trinité, dit Bossuet, incréée, souveraine, toute-puissante, incompréhensible, afin de nous donner quelque idée de sa perfection infinie, a fait une Trinité créée sur la terre... Si vous voulez savoir quelle est cette Trinité créée dont je parle, rentrez en vous-mêmes, et vous la verrez ; c'est votre âme.

« En effet, comme la Trinité très-auguste a une source et une fontaine de divinité, ainsi que parlent les Pères grecs, un trésor de vie et d'intelligence, que nous appelons le Père, où le Fils et le Saint-Esprit ne cessent jamais de puiser ; de même l'âme humaine a son trésor qui la rend féconde. Tout ce que les sens lui apportent du dehors, elle le ramasse au-dedans ; elle en fait comme un réservoir que nous appelons la mémoire. Et de même que ce trésor infini, c'est-à-dire le Père éternel, contemplant ses propres richesses, produit son Verbe qui est son image ; ainsi Pâme raisonnable, pleine et enrichie de belles idées, produit cette parole intérieure que nous appelons la pensée, ou la conception, ou le discours, qui est la vive image des choses.

« Car ne sentons-nous pas, Chrétiens, que lorsque nous concevons quelque objet, nous nous en faisons nous-mêmes une peinture animée, que l'incomparable saint Augustin appelle le Fils de notre cœur : Filius cordis nostri (De Trinit., lib. IX, c. VII). Enfin, comme, en produisant en nous cette image qui nous donne l'intelligence, nous nous plaisons à entendre, nous aimons par conséquent cette intelligence ; et ainsi de ce trésor qui est la mémoire, et de l'intelligence qu'elle produit, naît une troisième chose qu'on appelle amour, en laquelle sont terminées toutes les opérations de notre âme.

« Ainsi du Père qui est le trésor, et du Fils qui est la raison et l'intelligence, procède cet Esprit infini, qui est le terme de l'opération de l'un et de l'autre. Et comme le Père, ce trésor éternel, se communique sans s'épuiser ; ainsi ce trésor invisible et intérieur que notre âme renferme en son propre sein, ne perd rien en se répandant : car notre mémoire ne s'épuise pas parles conceptions qu'elle enfante ; mais elle demeure toujours féconde, comme Dieu le Père est toujours fécond (Serm. sur le myst. de la sainte Trinité, t. IV, édit. 1846).

Et ailleurs : « Nous l'avons dit, la Trinité reluit magnifiquement dans la créature raisonnable. Semblable au Père, elle a l'être ; semblable au Fils, elle a l'intelligence ; semblable au Saint-Esprit, elle a l'amour. Semblable au Père et au Fils et au Saint-Esprit, elle a dans son être, dans son intelligence, dans son amour une même félicité et une même vie. Vous ne sauriez lui en rien ôter sans lui ôter tout. Heureuse créature et parfaitement semblable, si elle s'occupe uniquement de lui. Alors, parfaite dans son être, dans son intelligence, dans son amour, elle entend tout ce qu'elle est, elle aime tout ce quelle entend. Son être et ses opérations sont inséparables. Dieu devient la perfection de son être, la nourriture immortelle de son intelligence et la vie de son amour. Elle ne dit, comme Dieu, qu'une parole qui comprend toute sa sagesse. Gomme Dieu, elle ne produit qu'un seul amour, qui embrasse tout son bien. Et tout cela ne meurt point en elle.

« La grâce survient sur ce fond et relève la nature : la gloire lui est montrée et ajoute son complément à la grâce. Heureuse créature, encore un coup, si elle sait conserver son bonheur ! Homme, tu l'as perdu ! où s'égare ton intelligence ? où se va noyer ton amour ? Hélas ! hélas ! et sans fin hélas ! reviens à ton origine (Élév. sur les myst, élév. VII, t. II, p. 247). »

Reviens ; et, si tu veux connaître ta dignité et le but de ton existence, ne regarde ni le ciel, ni la terre, ni les astres, ni les éléments ni tout cet univers qui t'environne : regarde-toi, ô homme ! Écoute, non plus la voix qui sort des créatures, mais la voix qui vient de toi. Tu es toi-même le prédicateur de la Trinité. Partout où tu te portes, tu en portes l'image. Respecte-la, aime-la, copie-la, fais-toi à sa ressemblance : ton bonheur est à ce prix.

Dans les grands événements qui marquent la vie de l'homme primitif, la Trinité reparaît. Adam est tombé. « Voilà, disent les divines personnes, Adam devenu semblable à l'un de nous : Ecce Adam factus est quasi unus ex nobis (Gen., III, 22). » Autant ces paroles sont claires, interprétées dans le sens catholique, autant elles sont absurdes, si elles n'indiquent pas la pluralité des personnes divines. Dans ce cas, elles présentent la signification suivante : voilà Adam devenu semblable à l'un de moi.

Satan veut jeter les fondements de la Cité du mal. Pour la bâtir, il réunit les hommes dans les plaines de Sennaar. La ville et la tour qui doit s'élever jusqu'au ciel montent à vue d'œil. Cette entreprise audacieuse provoque une nouvelle manifestation de la Trinité. Comme les trois personnes ont tenu conseil pour créer l'homme, elles se concertent pour le punir. « Venez, se disent-elles ; descendons et confondons leur langage (Gen., XI, 7). »

À son tour, Dieu veut former la Cité du bien. Abraham en sera la pierre angulaire, et la Trinité lui apparaît. Au milieu de la vallée de Mambré s'élevait la tente du Père des croyants. Un jour, vers l'heure de midi, le charitable patriarche était assis sur sa porte, lorsque, levant les yeux, il voit trois personnages debout devant lui. À ce spectacle, il tombe la face contre terre et adore en disant au singulier : « Seigneur, si j'ai trouvé grâce devant vous, ne passez pas devant votre serviteur (Gen., XVIII, 3). »

Abraham voit trois personnes, et il n'adore qu'un seul Seigneur, auquel il donne constamment le nom incommunicable de Jéhova. Que signifie ce langage ? Consultons l'oracle, interprète infaillible de l'Écriture, la tradition. « Voici soudain, dit un Père de l'Église, que la Majesté incorporelle descend sur la terre, sous la figure corporelle de trois personnages. Abraham court à leur rencontre. Il tend vers eux ses mains suppliantes, leur baise les genoux et dit : Seigneur, si j'ai trouvé grâce devant toi, ne passe pas devant ton serviteur sans t'arrêter. Vous le voyez, le Père des croyants se précipite à la rencontre de trois, et n'adore qu'un seul : unité en trois, Trinité en un. Voici que la Majesté céleste prend place à la. table d'un mortel, accepte un repas, goûte des plats ; et il s'établit une conversation amicale, familière, entre Dieu et un homme. À la vue de ces trois personnages, Abraham comprend le mystère de la sainte Trinité ; et s'il n'adore en eux qu'un seul Seigneur, c'est qu'il n'ignore pas que dans ces trois personnes il n'y a qu'un seul Dieu (S. Ambr., De Cain, et Abel., t. I, p. 197). »

De ces manifestations multiples était résultée, chez les Juifs, la connaissance certaine du dogme fondamental de la foi du genre humain, dans l'ancienne alliance comme dans la nouvelle. « Les hommes éclairés, parmi les Hébreux, dit saint Épiphane si profondément instruit des choses de sa nation, enseignèrent de tout temps, et avec une entière certitude, la Trinité dans une unique essence divine (Adv. haeres., lib. I, haer. 5. — Moins clairement toutefois que les apôtres et les Pères). »

Un autre enfant d'Israël, non moins versé dans l'histoire religieuse de la synagogue, M, Drach, s'exprime ainsi : « Dans les quatre Évangiles, on ne remarque pas plus la Révélation nouvelle de la sainte Trinité, point fondamental et pivot de toute la religion chrétienne, que celle de toute autre doctrine déjà enseignée dans la synagogue, lors de l'avènement du Christ : comme, par exemple, le péché originel, la création du monde sans matière préexistante et l'existence de Dieu.

« Quand Notre-Seigneur donne à ses disciples, qu'il avait tous choisis parmi les Juifs, la mission d'aller prêcher son saint Évangile aux peuples de la terre, il leur ordonne de les baptiser au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, Il est clair que ces paroles, les seules des quatre Évangiles, où les trois divines personnes soient nommées ensemble en termes aussi exprès, ne sont pas dites comme ayant pour objet de révéler la sainte Trinité. Si le Sauveur prononce ici les noms adorables du Père et du Fils, et du Saint- Esprit, c'est pour prescrire la formule sacramentelle du baptême. La mention du grand mystère en cette circonstance, à l'occasion du baptême, produit sur l'esprit de quiconque lit l'Évangile, l'effet d'un article de foi déjà connu et pleinement admis parmi les enfants d'Israël.

« En un mot, les évangélistes prennent pour point de départ le mystère de l'incarnation. Ils nous le révèlent, et nous prescrivent d'y croire. Quant à celui de la Trinité, qui le précède, qui en est la base dans la foi, ils s'en emparent comme d'un point déjà manifeste, admis dans la croyance de la loi ancienne. Voilà pourquoi ils ne disent nulle part, sachez, croyez qu'il y a trois personnes en Dieu. En effet, quiconque est familiarisé avec ce qu'enseignaient les anciens docteurs de la synagogue, surtout ceux qui ont vécu avant la venue du Sauveur, sait que la Trinité en un Dieu unique était une vérité admise parmi eux depuis les temps les plus reculés (Harmonie de l'Église et de la Synagogue, t. II, p. 277-279). »

Cependant, il est une création plus noble que celle de l'univers matériel, plus noble que celle de l'homme lui-même, c'est la création du chrétien, Comme les deux premières, ce troisième chef-d'œuvre commence par la révélation du dogme de la Trinité. La plénitude des temps est accomplie ; le Verbe, par qui tout a été fait, est descendu sur la terre pour régénérer son ouvrage. Un monde nouveau, plus parfait que l'ancien, doit éclore à sa voix. Lui-même va remonter à son Père ; mais ses apôtres ont reçu l'ordre et le pouvoir de continuer cette merveilleuse création. Au moment solennel de son départ, il laisse tomber de ses lèvres divines le nom ineffable de Jéhovah, qu'il n'avait point encore prononcé dans son entier, et dont l'énoncé complet devait être, suivant la tradition prophétique de la synagogue, le signal de la rédemption universelle (La Trinité des personnes en un Dieu unique ne devait être enseignée publiquement, clairement, de l'aveu même des Rabbins, qu'à l'époque de l'avènement du Messie, notre juste, époque où le nom de Yéhova, qui annonce cet auguste mystère, aussi bien que l'incarnation du Verbe, devait cesser d'être ineffable... Une de leurs antiques traditions dit en termes formels : La Rédemption s'opérera par le nom entier Yéhova ; quand une des trois personnes divines, inséparable des deux autres, se sera faite ce que signifie la dernière lettre du nom ineffable : HOMME-DIEU. Drach, ibid., t. II, p. 455). »

Il leur dit : « Allez donc, enseignez toutes les nations et baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit (Matth., XVIII, 19). » Voilà, ou jamais, la parfaite égalité des Trois personnes, même puissance, même vertu sanctifiante dans un seul nom, c'est-à-dire dans une seule divinité : quoi de plus clair !

Ainsi, l'homme, qui doit son être naturel à l'adorable Trinité, lui devra son être surnaturel. Vie humaine et vie divine lui viennent de la même source. Cette grande vérité sera écrite dans l'acte même de sa double création. Sous tel climat qu'il naisse, pas un fils d'Adam ne devient Fils de Dieu sans que l'Église, sa mère, lui grave sur le front Je cachet indélébile de l'auguste Trinité.

Ce n'est pas assez. Comme, dans l'Ancien Testament, le Dieu en trois personnes multiplia ses apparitions à l'homme primitif ; sous la loi de grâce il les multiplie plus nombreuses et plus claires à l'homme nouveau. Suivez le chrétien depuis le berceau jusqu'à la tombe : il ne saurait faire un pas dans la vie sans rencontrer la Trinité. Baptisé au nom de la Trinité, est-il revêtu de la force et rempli des lumières du Saint-Esprit ? C'est au nom de la Trinité. Reçoit-il la chair vivifiante de son Rédempteur ? C'est au nom de la Trinité. Recouvre-t-il la pureté de l'âme par la rémission de ses fautes ? Est-il fortifié dans les dangers de la dernière lutte ? Devient-il, selon la chair ou selon l'esprit, le père d'une nouvelle famille ? C'est encore au nom de la Trinité. Retourne-t-il à sa dernière demeure terrestre ? Est-il confié à la tombe comme un dépôt inviolable ? C'est toujours au nom de la Trinité.

Ainsi, de tel côté qu'il se tourne, qu'il élève ses regards vers le firmament, qu'il les abaisse vers la terre ou qu'il les concentre sur lui-même, partout l'homme voit briller le dogme auguste d'un Dieu en trois personnes. Pour le nier, il faut qu'il nie l'univers, qu'il nie sa raison, qu'il nie les Écritures, qu'il se nie lui-même, comme homme et comme chrétien. Mais autant de fois il l'affirme, autant de fois il affirme la divinité du Saint-Esprit : notre tâche était de l'établir.





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