vendredi 12 mars 2021

Ce n'est pas mener la vie d'un Chrétien, ni même d'un homme, que de ne se point mortifier



Saint Augustin dit que la vie des bêtes, que celle des Anges et celle des hommes sont d'une nature ou d'une espèce bien différente. La vie des bêtes est toute terrestre, et n'est occupée que de l'assouvissement de leurs appétits ; celle des Anges est toute céleste, et ne s'attache qu'à Dieu : celle des hommes tient le milieu entre l'une et l'autre nature. S'il vit selon l'esprit, il se rend égal aux Anges, s'il vit selon la chair, il devient semblable aux bêtes. Ce raisonnement s'accorde parfaitement avec ce que dit Saint Ambroise : que celui qui vit selon les désirs du corps, n'est que chair, et que celui qui vit selon les Commandements de Dieu, est tout esprit. Concluons de là, que celui qui vit selon les appétits de la chair, non-seulement ne vit pas d'une vie spirituelle, mais qu'il ne vit pas même de la vie d'un homme raisonnable ; il ne vit que de la vie animale des bêtes. Cette seule considération devrait suffire pour nous porter à la pratique de la plus austère mortification ; car que peut-il y avoir de plus indigne de la grandeur et de la noblesse de l'homme qui a été créé à l'image de Dieu pour jouir éternellement de lui, que de devenir semblable aux bêtes, en se rendant esclave de la chair et de la sensualité, en ne suivant que les désirs de la chair, en se laissant emporter à l'impétuosité de la concupiscence brutale ? C'est un étrange abus, dit Saint Bernard, et un singulier renversement d'ordres et lorsque celle qui doit être la maîtresse obéit, et que l'esclave commande : c'est proprement le désordre dont parle Salomon, quand il dit : « J'ai vu des esclaves aller à cheval, et des Princes aller à pied comme des esclaves. » Ne trouveriez-vous pas, dit le Père Avila, que ce serait une chose monstrueuse, et dont tout le monde serait effrayé, si l'on voyait une bête traîner un homme garrotté, et le faire marcher Partout où elle voudrait le conduire ? Cependant il y a tant d'hommes de tous les états qui se laissent entraîner à la brutalité de leurs appétits, qu'on n’y fait presque plus d'attention ; on ne s'étonne plus d'une chose si monstrueuse, tant le nombre en est grand. On rapporte que Diogène se promenant en plein jour avec une lanterne allumée dans la place publique d'Athènes, comme pour chercher quelque chose, un de ses amis l'ayant rencontré, lui demanda ce qu'il cherchait : Je cherche un homme, répondit-il. Mais ne voyez-vous pas, reprit celui-ci, que toute la place en est pleine ? Vous vous trompez, répliqua-t-il, ce ne sont pas des hommes, ce sont des bêtes : ils ne vivent pas comme des hommes, ils vivent comme des bêtes ; parce qu'ils se laissent conduire par la brutalité de leurs appétits.

(Abrégé de la pratique de la perfection chrétienne)


Reportez-vous à Qu'il en coûte beaucoup moins à se mortifier, qu'à ne se mortifier pas, De deux sortes de Mortifications, Que de la pratique de la mortification dépend absolument notre avancement, De la violence qu'il faut se faire à soi-même, De la haine de soi-même, et de l'Esprit de Mortification qui en est inséparable, Un des plus grands châtiments que Dieu puisse exercer contre l'homme, c'est de l'abandonner à ses passions, et aux désirs déréglés de son cœur, De la nécessité de la Mortification : En quoi elle consiste, De l'union étroite qui doit être entre la Mortification et l'Oraison, De la Mortification, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la nourriture du corps, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Méditation sur le combat de la chair contre l'esprit, Moyens pour persévérer dans la sobriété et dans l'abstinence, De l'anéantissement, Méditation sur le Carême : Jésus ayant jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim ensuite, Instruction sur le Carême, Méditation sur le véritable jeûne, Méditation sur la Loi du jeûne, Catéchisme spirituel de la Perfection Chrétienne, par le R.P. Jean-Joseph Surin, Prière pour demander la victoire sur ses passions, De l'activité naturelle, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, et Sur la vaine curiosité.