mercredi 10 mars 2021

De deux sortes de Mortifications



Saint Augustin, parlant sur ce passage de Saint Mathieu : (Depuis la venue de Jean-Baptiste, le Royaume du Ciel souffre violence, et il n'y a que les violents qui l'emportent), dit : « Il y a deux sortes de mortifications et de croix ; l'une corporelle, et l'autre spirituelle : l'une qui afflige le corps, comme le jeûne, les macérations, la haire, le cilice, et les autres instruments propres à mater la chair, et à lui retrancher tout ce qui pourrait la flatter : c'est ce que l'on appelle pénitence extérieure. L'autre sorte de mortification est plus méritoire et plus sublime ; elle consiste à commander à ses passions, à faire chaque jour la guerre à ses vices, à exercer une rigoureuse censure contre soi-même, et à livrer de continuels combats contre l'homme intérieur ; c'est-à-dire, à captiver sa volonté, à se dépouiller de son propre jugement, à réprimer les saillies de la colère, à modérer ses vivacités et son impatience ; en un mot, à commander à sa bouche, à ses yeux, à sa langue, à tous ses sens, et à toutes ses mauvaises inclinations. » C'est ainsi, ajoute Saint Grégoire, Pape, qu'après avoir détruit les remparts de ses passions, on monte avec violence au Royaume céleste : c'est ainsi qu'il faut être généreux et intrépide, afin de l'emporter comme d'assaut. Cette sorte de mortification intérieure est donc bien plus parfaite que la première, parce qu'il y a bien plus de mérite à dompter l'esprit, en foulant aux pieds les honneurs et l'estime du monde, qu'à affliger le corps par le jeûne, les disciplines et le cilice. Mais comme ce genre de pénitence est plus excellent et plus méritoire que l'autre, il est aussi beaucoup plus difficile à pratiquer, et il coûte infiniment davantage à la nature ; par la raison que ce qui est plus parfait, est toujours d'un plus grand prix que ce qui l'est moins. Saint Grégoire, en plusieurs endroits de ses ouvrages, Saint Dorothée, et plusieurs autres Saints enseignent cette même doctrine.
Il résulte de ce que nous venons de dire, une chose bien digne de considération, et qui est judicieusement observée par Saint Bonaventure ; c'est qu'encore que la mortification intérieure soit beaucoup plus difficile que les pénitences extérieures, toutefois on peut bien plus justement se dispenser de celles-ci que de l'autre. On peut avoir une excuse légitime, à raison de la faiblesse du tempérament pour être dispensé du jeûne, de porter le cilice, de prendre la discipline, de veiller une partie de la nuit, etc. Mais personne ne peut légitimement dire qu'il n'a pas assez de force ni de santé pour être humble, pour être patient, pour avoir l'esprit de docilité et de soumission. Vous pouvez bien dire, si vous voulez, que vous n'avez pas assez de vertu pour pratiquer toute l'humilité, toute la soumission et toute la résignation qui vous est nécessaire ; mais vous ne pourrez pas alléguer que vous n'avez pas assez de santé pour cela ; car il n'est pas question ici de la disposition du corps, mais de celle de la volonté. L'homme fort et l'homme faible, l'homme sain comme le malade, en sont également capables avec le secours de la grâce, lorsqu'ils en ont la volonté.

(Abrégé de la pratique de la perfection chrétienne)


Reportez-vous à Excellence et nécessité de l'Humilité, Ce n'est pas mener la vie d'un Chrétien, ni même d'un homme, que de ne se point mortifierQue de la pratique de la mortification dépend absolument notre avancement, De la violence qu'il faut se faire à soi-même, De la haine de soi-même, et de l'Esprit de Mortification qui en est inséparable, Un des plus grands châtiments que Dieu puisse exercer contre l'homme, c'est de l'abandonner à ses passions, et aux désirs déréglés de son cœur, De la nécessité de la Mortification : En quoi elle consiste, De l'union étroite qui doit être entre la Mortification et l'Oraison, De la Mortification, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, De la nourriture du corps, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Méditation sur le combat de la chair contre l'esprit, Moyens pour persévérer dans la sobriété et dans l'abstinence, De l'anéantissement, Méditation sur le Carême : Jésus ayant jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim ensuite, Instruction sur le Carême, Méditation sur le véritable jeûne, Méditation sur la Loi du jeûne, Catéchisme spirituel de la Perfection Chrétienne, par le R.P. Jean-Joseph Surin, Prière pour demander la victoire sur ses passions, De l'activité naturelle, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, et Sur la vaine curiosité.