Saint Michel Archange |
Le démon a-t-il encore des adversaires capables de le chasser au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ ? Y a-t-il encore dans le peuple de Dieu la volonté de chasser les démons comme Notre-Seigneur Jésus-Christ l'a demandé à ses Apôtres et Disciples ?
L'erreur, l'orgueil, la vanité, la désobéissance, l'indiscipline... ne peuvent chasser le démon.
Notre foi est-elle aussi grande qu'un grain de sénevé ?
Si c'était le cas, nous verrions les démons supplier, et fuir les corps de ceux qu'ils possèdent.
Chères âmes qui souffraient dans votre corps la puissance du démon, sachez qu'il lui est facile de se cacher lors des exorcismes, et qu'il ne tient qu'à vous de lui mettre un bon coup de pied au derrière pour qu'il se montre, d'abord à vous-même, puis au prêtre-exorciste.
Ne vous reposez pas sur l'exorcisme !
Priez avec l'intention de découvrir le démon, de le révéler. Priez avec la volonté de le faire se montrer. Observez où il se manifeste dans votre corps, qu'il soit votre cible, qu'il ne puisse plus se cacher. Utilisez l'eau bénite, le sel exorcisé, etc.
Il vous faut combattre, car personne ne combattra à votre place !
Et si l'on vous refuse les sacramentaux, demandez à Notre Seigneur Jésus-Christ, à la Sainte Vierge Marie, à Saint Michel, Saint Gabriel, Saint Raphaël Archange, à votre Ange gardien, aux Saints, de vous enseigner, de vous indiquer comment combattre et ce que vous devez changer dans votre vie.
Si le démon ne se manifeste pas durant les exorcismes, alors qu'il vous persécute quotidiennement, attaquez-le, et par la grâce de Dieu, il sera bientôt obligé de se montrer au prêtre.
Cette étape est une des nombreuses batailles qu'un possédé aura à engager. Mais elle est de toute importance. Combien sont renvoyés chez eux, pour la seule raison qu'il ne se passe rien durant les exorcismes !
Il vous faut être soldat du Christ (car vous êtes bien là dans une Guerre) ; il vous faut être fidèle à la vraie foi catholique ; il vous faut prier pour que la Sainte Vierge Marie vous obtienne la grâce de persévérer, car le combat est long et éprouvant.
Consultez L'exorcisme de Léon XIII.
Seigneur Jésus, nous vous en supplions, donnez-nous de saints prêtres, fidèles à votre loi, armés de la vraie foi et de la sainte humilité.
Il y a peu de possédés visibles. Mais les possédés invisibles sont légions. (Lettre d'une âme damnée ayant reçu l'imprimatur à Rome le 2 novembre 1952)
(...) Il faudrait être bien étranger à la théologie, pour mettre au même rang une opinion non condamnée, et une opinion permise. Il existe dans les attaques contre la croyance de l'Église différents degrés : si une proposition est réprouvée sous peine d'anathème, la soutenir c'est tomber dans l'hérésie ; mais si, sans être formellement censurée, une proposition s'élève contre une doctrine universellement admise, et constamment prêchée dans l'Église, quoique exempt du coup formidable de l'anathème, on ne laisse pas d'être plus ou moins grièvement répréhensible, selon que la vérité attaquée est établie sur des fondements plus ou moins solides, plus ou moins généraux. (BIBLIOGRAPHIE CATHOLIQUE, REVUE CRITIQUE des Ouvrages de Religion, de Philosophie, d'Histoire, de Littérature, d'Éducation, etc.).
***
Alain de Boismenu,
Missionnaire de Notre-Dame du Sacré Cœur
Issoudun
Évêque de Gabala
Vicaire apostolique de la Nouvelle-Guinée anglaise,
le 29 septembre 1922,
en la fête de Saint Michel Archange.
Au personnel de la Mission
Salut en Notre-Seigneur,
Mes frères, veillez : votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant rôde autour de vous, cherchant qui dévorer : résistez-lui, fermes dans la foi.
Il faut que le péril soit grand et continuel, pour que l'Église le signale, chaque soir, à tous ses prêtres, et, dans le monde entier, leur passe ce mot d'ordre de son premier Pape, auquel, chaque matin, nous répondons, après la Messe, en exorcisant la horde des démons rôdeurs.
(...)
Rude combat, dans lequel nous sommes chefs. Il nous faut donc l'accepter et le mener avec habileté et vigueur. Malheur à nous si nous venions à méconnaître l'adversaire et ses forces.
(...)
Car il existe bien deux royaumes qui se divisent le monde et disputent les âmes ; deux armées, toujours et violemment aux prises : l'armée de Jésus-Christ, l'Église, ardente à sauver les âmes ; l'armée de Satan, furieuse à les perdre.
Guerre sans trêve ni merci. Beaucoup l'ignorent ; beaucoup n'y voient qu'une fiction. Elle est pourtant bien réelle. C'est la trame invisible de l'histoire du monde, jusqu'à la fin des temps.
Formidable réalité, il nous faut, avant tout, y croire fermement. L'Écriture et la foi nous l'attestent. Elle inspire presque toutes les prières de l'Église et remplit de luttes sa vie et la vie des ses Saints ; la nôtre aussi, n'est-ce pas, notre vie de chrétiens et notre vie d'apôtres ! De cette guerre, il faut prendre le vif sentiment, reconnaître qui la mène, ses troupes et ses moyens d'attaque.
Très réel aussi, le personnage de Lucifer, et bien vivant ! Nous savons son histoire. Sa déchéance du surnaturel l'a privé de l'empire magnifique que lui donnait, sur les créatures inférieures, la perfection de sa nature. De là, sa haine implacable contre Dieu, sa jalousie contre les surnaturalisés fidèles, sa rage de les ressaisir et de se venger ainsi de Dieu, en Lui ravissant la gloire accidentelle que lui donnent les élus.
Satan vit maintenant de cette rage. Un seul moyen lui reste de l'assouvir : priver les hommes du surnaturel, et les ramener au plan naturel, où sa nature supérieure reprend ses avantages et son empire.
Pour cela, il a ses légions de démons. Lancés sur notre monde, ils l'habitent et l'infestent ; ils se mêlent à notre vie et nous donnent, sans répit, leur infernal assaut. Avec quelle puissance ! Car leur nature, bien que dégradée, reste angélique, tout de même, et bien supérieure à la nôtre. De celle-ci, ils connaissent à fond les ressorts. Ils en jouent avec la maîtrise que Dieu leur laisse, pour notre mérite et sa gloire.
Ils agissent sur les sens et suggestionnent l'imagination ; ils enivrent d'orgueil l'intelligence et l'affolent ; faveurs ou souffrances, ils distribuent juste ce qu'il faut à chacun pour pécher plus facilement : affligeant les justes, comblant les impies, et toujours dans le but d'écarter les âmes du surnaturel.
Comme il y a réussi, Satan, chez les civilisés ! Comme il leur a restreint la part du surnaturel ! Il les a ramenés, en masse, au naturel. Il les y tient solidement enfermés. L'humanité redevient purement humaine ; rapidement, elle rentre dans son obédience. Et le vieil homicide la mène sûrement à sa perte, se faisant adorer là-bas ou nier, au mieux de ses intérêts.
Ici, croyez-le bien, l'ennemi ne dort pas non plus. Une bonne escouade diabolique harcèle notre peuple et traverse toutes nos démarches apostoliques.
Sur nos païens, son effort consiste donc à les garder dans leur paganisme. Pour cela, d'ordinaire, il lui suffit de les tenir courbés vers la terre, enfouis dans la misère matérielle et morale, solidement pris sous le réseau des coutumes ancestrales qui absorbent leur vie ; filet serré qui les isole très efficacement de l'influence chrétienne. La pauvre statistique de nos catéchumènes en témoigne.
Mais là ne se borne pas toujours l'action des démons. Pour retenir plus sûrement leurs sujets sous l'obédience de la crainte, les démons parfois se manifestent. Connaisseurs très avertis des forces de la nature, ils peuvent faire d'étonnants prodiges, nous le savons ; ils peuvent effrayer l'homme, le frapper, le harceler ; lui donner des maladies et le guérir ; posséder même ses organes, les lier ou s'en servir ; c'est connu. Ils peuvent se l'attacher par des avantages matériels, des prestigieux succès, même par des pactes formels, vrais sacrements de ce grand singe de Dieu, par quoi il s'assure, en ce monde, de serviles et puissants agents. Ils pullulent, les spirites, à notre époque !
Voir le diable partout est une erreur ; ne le voir nulle part, c'est une pire erreur, bonne pour un homme animal ; pour l'homme spirituel, non ! Le prêtre, surtout, doit savoir que, des plus cruelles et terrifiantes persécutions jusqu'aux faveurs ou taquineries les plus gamines, tout est dans la ligne du démon, pour séduire et perdre les âmes ; et, pour ma part, je vois très bien que l'infinie Bonté de Dieu permette, ou même commande, ces manifestations pour démasquer l'ennemi et pousser les âmes vers leur seul refuge, l'Église.
Aux récits de ce genre, la réserve s'impose. Vous savez la chose possible, vraisemblable même. Si, pour une fois, le conte est vrai, que vous accueillez, railleur ou dédaigneux, voilà, arrêtée net, toute confidence ultérieure ; voilà, fermé, l'accès d'une âme en peine ; voilà diminués, peut-être ruinés, votre crédit personnel et la créance à votre enseignement. J'ajoute que vous vous faites, alors, prendre en pitié et doucement mépriser. Cela s'est vu.
Comment donc accueillir ces confidences ? Reconnaissez carrément la possibilité du fait ; profitez de l'occasion pour affirmer la puissance et la malice diaboliques à votre confident et l'armer contre cette tyrannie : par le Baptême, si c'est un païen ; par la prière, déjà et par le signe de la Croix, si c'est un catéchumène ; par la prière encore et par la Croix, par le recours à l'Ange Gardien, surtout par une sérieuse pratique chrétienne, s'il s'agit d'un Chrétien.
Car, nos Chrétiens, plus encore peut-être que les païens, sont assaillis. Comme il les veut, Satan, ces transfuges ravis à son empire par la grâce ! La beauté de ces âmes baptisées enflamme sa convoitise, enrage son dépit et sa haine. Ah ! il sait bien lui, le prix d'une âme surnaturalisée ! Pour la reprendre, il ameuterait tout l'enfer et s'y mettrait lui-même.
Voyez-le à l'œuvre contre nos Chrétiens. (...) Pour se défendre, les Chrétiens sont autrement armés que les païens. Ils ont une grâce divine, extrêmement forte et continuelle. elle est là, pour eux, abondante et bien à leur portée, dans la prière, dans les sacrements, dans l'aide de leurs Anges et de leurs prêtres. Pour vaincre, il n'ont qu'à le vouloir, de la toute petite bonne volonté dont ils son capables ; elle suffit à l'infinie pitié de Dieu pour faire le reste.
À vous donc, pères de ces âmes, de les bien éclairer sur la lutte nécessaire et son enjeu ; à vous de leur dénoncer souvent l'ennemi, ses attaques et ses complices ; à vous de leur dire où sont leurs auxiliaires et comment les appeler, où prendre leurs armes et comment les manier. C'est la guerre : tenez vos gens en haleine et bien en forme ; vous êtes chefs.
Et puis, aidez-les de tous vos pouvoirs sacerdotaux. En leur faveur, utilisez l'incomparable arsenal du Rituel, où l'Église vous offre tant de Prières, chargées de son mérite et de son autorité, puissantes à délivrer hommes et choses de l'emprise diabolique.
Il se peut encore que le diable dépasse la tentation ordinaire et moleste ouvertement nos Chrétiens, même et surtout nos bons Chrétiens, qu'il les vexe et les obsède, voire les possède. Cas exceptionnels ; à prévoir tout de même et à traiter sérieusement. C'est un devoir sacerdotal. Ne craignez pas, alors, de tenter un exorcisme privé. Si l'ennemi est là et qu'il s'obstine, avertissez-moi.
Moins rares les cas, déjà vus, où un rapide appel à l'Ange Gardien, un bref exorcisme : Vade retro, Satana ! réduiront un mutisme insolite au confessionnal, une obstination suspecte, un accès étrangement obscène ou sacrilège.
Méfiez-vous. Le drôle est là, plus souvent qu'on ne le pense, affairé à ressaisir les âmes, habile à nous dérouter.
Pasteurs, veillez : votre adversaire rôde ! Croyez à sa présence, à son activité. Faites-lui , sans hésiter, sa large part dans le mal qui vous désole. Vous serez dans le vrai. Vous serez aussi plus patients, plus pitoyable aux âmes, que vous saurez aussi manœuvrées et donc, moins coupables, moins ingrates. Réalisez bien l'état de guerre, les coups vous seront moins sensibles ; vous serez enfin plus forts et plus clairvoyants dans la lutte contre un ennemi surveillé de plus près et mieux à découvert.
Fermes dans la foi : Résistez-lui. À mesure que croît, chez nous, la vie chrétienne, croît aussi l'activité diabolique. Je la vois se dessiner, de plus en plus nette, à l'assaut de nos œuvres, à l'attaque de notre zèle. Il veut nous mettre à bout.
Courage, mes chers Pères. Il y perdra sa peine, et nous y gagnerons notre ciel et le ciel de notre peuple. C'est sa guerre à lui ; et c'est aussi la guerre de Dieu.
Et puis, en attendant, nous ne sommes pas seuls au combat. Jésus-Christ, notre Maître adoré, lutte en personne avec nous, Lui qui, d'avance, a vaincu le Monde et son Prince. Son union nous enchante, son amour nous enlève, sa grâce nous porte, ses Anges sont nos alliés.
L'ange du Seigneur campe autour de ceux qui le craignent. Voyez et goûtez comme Dieu est bon ! (Ps 33)
Oui. Il est bon, le Seigneur Dieu, de nous donner ses Anges, chers et vaillants compagnons d'armes et de vie, délicieux amis, infiniment secourables à nous-mêmes, à nos fidèles et même à nos païens !
(...)
Ah ! si notre foi était plus simple, et plus vif le sentiment de la présence de nos Anges, de leur amour, de la valeur de leurs services ! si nous étions plus attentifs à leurs inspirations, plus prompts à les appeler et plus confiants dans leur aide, quelle force pour nous-mêmes et pour notre ministère ! Que d'erreurs évitées, que de difficultés vaincues, que de chutes conjurées et de tristesses épargnées !
Les Anges vivent avec nous, vivons avec eux ; notre solitude, mère de la tristesse et du découragement, sera rompue. Allez, cette vie d'évangélistes est trop dure pour être vécue seul. Le bon Maître le sait bien. Il y a pourvu ; prenez le cher compagnon qu'Il vous donne.
Avec vous à l'autel, au confessionnal, à l'école, dans vos visites, dans tous vos travaux apostoliques, qu'il soit partout l'intime confident de votre vie. Vous sentirez vite la grande douceur et la force de cette familiarité céleste, et vous verrez les beaux fruits de ce travail à deux.
À vos Chrétiens assurez le même bienfait. Dès l'enfance, à l'école, au moment de la première Communion, apprenez à ces petits à connaître leur Ange Gardien, à l'aimer, à le prier, à compter sur lui, à se réfugier sous son aile. Dévotion gracieuse et facile qui, dans la vie, leur restera infiniment secourable.
À l'église, prenez occasion des fêtes angéliques pour prêcher la foi et le recours aux Anges, pour établir entre eux et le démon le saisissant contraste de l'amour et de la haine en lutte pour les âmes. Dites enfin à vos fidèles combien ils doivent bénir le Seigneur Jésus pour le don merveilleux de ses Saints Anges, et reconnaître les services de leur amitié.
À la réception de cette lettre, et désormais chaque année, le Dimanche suivant la fête de Saint Michel, vous voudrez bien prêcher à l'église sur les Saints Anges et leur aide contre les démons, et faire ensuite, au dehors et aussi solennellement que possible, l'Exorcisme de Léon XIII, inséré au premier appendice du Rituel.
Donné à Port-Léon, le 29 septembre 1922, en la fête de Saint Michel Archange.
(Lettre pastorale sur la lutte pour les âmes extraite de la collecte de documents du Combat avancé de l'Église, de M. Tournyol du Clos)
Missionnaire de Notre-Dame du Sacré Cœur
Issoudun
Évêque de Gabala
Vicaire apostolique de la Nouvelle-Guinée anglaise,
le 29 septembre 1922,
en la fête de Saint Michel Archange.
Au personnel de la Mission
Salut en Notre-Seigneur,
Mes frères, veillez : votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant rôde autour de vous, cherchant qui dévorer : résistez-lui, fermes dans la foi.
Il faut que le péril soit grand et continuel, pour que l'Église le signale, chaque soir, à tous ses prêtres, et, dans le monde entier, leur passe ce mot d'ordre de son premier Pape, auquel, chaque matin, nous répondons, après la Messe, en exorcisant la horde des démons rôdeurs.
(...)
Rude combat, dans lequel nous sommes chefs. Il nous faut donc l'accepter et le mener avec habileté et vigueur. Malheur à nous si nous venions à méconnaître l'adversaire et ses forces.
(...)
Car il existe bien deux royaumes qui se divisent le monde et disputent les âmes ; deux armées, toujours et violemment aux prises : l'armée de Jésus-Christ, l'Église, ardente à sauver les âmes ; l'armée de Satan, furieuse à les perdre.
Guerre sans trêve ni merci. Beaucoup l'ignorent ; beaucoup n'y voient qu'une fiction. Elle est pourtant bien réelle. C'est la trame invisible de l'histoire du monde, jusqu'à la fin des temps.
Formidable réalité, il nous faut, avant tout, y croire fermement. L'Écriture et la foi nous l'attestent. Elle inspire presque toutes les prières de l'Église et remplit de luttes sa vie et la vie des ses Saints ; la nôtre aussi, n'est-ce pas, notre vie de chrétiens et notre vie d'apôtres ! De cette guerre, il faut prendre le vif sentiment, reconnaître qui la mène, ses troupes et ses moyens d'attaque.
Très réel aussi, le personnage de Lucifer, et bien vivant ! Nous savons son histoire. Sa déchéance du surnaturel l'a privé de l'empire magnifique que lui donnait, sur les créatures inférieures, la perfection de sa nature. De là, sa haine implacable contre Dieu, sa jalousie contre les surnaturalisés fidèles, sa rage de les ressaisir et de se venger ainsi de Dieu, en Lui ravissant la gloire accidentelle que lui donnent les élus.
Satan vit maintenant de cette rage. Un seul moyen lui reste de l'assouvir : priver les hommes du surnaturel, et les ramener au plan naturel, où sa nature supérieure reprend ses avantages et son empire.
Pour cela, il a ses légions de démons. Lancés sur notre monde, ils l'habitent et l'infestent ; ils se mêlent à notre vie et nous donnent, sans répit, leur infernal assaut. Avec quelle puissance ! Car leur nature, bien que dégradée, reste angélique, tout de même, et bien supérieure à la nôtre. De celle-ci, ils connaissent à fond les ressorts. Ils en jouent avec la maîtrise que Dieu leur laisse, pour notre mérite et sa gloire.
Ils agissent sur les sens et suggestionnent l'imagination ; ils enivrent d'orgueil l'intelligence et l'affolent ; faveurs ou souffrances, ils distribuent juste ce qu'il faut à chacun pour pécher plus facilement : affligeant les justes, comblant les impies, et toujours dans le but d'écarter les âmes du surnaturel.
Comme il y a réussi, Satan, chez les civilisés ! Comme il leur a restreint la part du surnaturel ! Il les a ramenés, en masse, au naturel. Il les y tient solidement enfermés. L'humanité redevient purement humaine ; rapidement, elle rentre dans son obédience. Et le vieil homicide la mène sûrement à sa perte, se faisant adorer là-bas ou nier, au mieux de ses intérêts.
Ici, croyez-le bien, l'ennemi ne dort pas non plus. Une bonne escouade diabolique harcèle notre peuple et traverse toutes nos démarches apostoliques.
Sur nos païens, son effort consiste donc à les garder dans leur paganisme. Pour cela, d'ordinaire, il lui suffit de les tenir courbés vers la terre, enfouis dans la misère matérielle et morale, solidement pris sous le réseau des coutumes ancestrales qui absorbent leur vie ; filet serré qui les isole très efficacement de l'influence chrétienne. La pauvre statistique de nos catéchumènes en témoigne.
Mais là ne se borne pas toujours l'action des démons. Pour retenir plus sûrement leurs sujets sous l'obédience de la crainte, les démons parfois se manifestent. Connaisseurs très avertis des forces de la nature, ils peuvent faire d'étonnants prodiges, nous le savons ; ils peuvent effrayer l'homme, le frapper, le harceler ; lui donner des maladies et le guérir ; posséder même ses organes, les lier ou s'en servir ; c'est connu. Ils peuvent se l'attacher par des avantages matériels, des prestigieux succès, même par des pactes formels, vrais sacrements de ce grand singe de Dieu, par quoi il s'assure, en ce monde, de serviles et puissants agents. Ils pullulent, les spirites, à notre époque !
Voir le diable partout est une erreur ; ne le voir nulle part, c'est une pire erreur, bonne pour un homme animal ; pour l'homme spirituel, non ! Le prêtre, surtout, doit savoir que, des plus cruelles et terrifiantes persécutions jusqu'aux faveurs ou taquineries les plus gamines, tout est dans la ligne du démon, pour séduire et perdre les âmes ; et, pour ma part, je vois très bien que l'infinie Bonté de Dieu permette, ou même commande, ces manifestations pour démasquer l'ennemi et pousser les âmes vers leur seul refuge, l'Église.
Aux récits de ce genre, la réserve s'impose. Vous savez la chose possible, vraisemblable même. Si, pour une fois, le conte est vrai, que vous accueillez, railleur ou dédaigneux, voilà, arrêtée net, toute confidence ultérieure ; voilà, fermé, l'accès d'une âme en peine ; voilà diminués, peut-être ruinés, votre crédit personnel et la créance à votre enseignement. J'ajoute que vous vous faites, alors, prendre en pitié et doucement mépriser. Cela s'est vu.
Comment donc accueillir ces confidences ? Reconnaissez carrément la possibilité du fait ; profitez de l'occasion pour affirmer la puissance et la malice diaboliques à votre confident et l'armer contre cette tyrannie : par le Baptême, si c'est un païen ; par la prière, déjà et par le signe de la Croix, si c'est un catéchumène ; par la prière encore et par la Croix, par le recours à l'Ange Gardien, surtout par une sérieuse pratique chrétienne, s'il s'agit d'un Chrétien.
Car, nos Chrétiens, plus encore peut-être que les païens, sont assaillis. Comme il les veut, Satan, ces transfuges ravis à son empire par la grâce ! La beauté de ces âmes baptisées enflamme sa convoitise, enrage son dépit et sa haine. Ah ! il sait bien lui, le prix d'une âme surnaturalisée ! Pour la reprendre, il ameuterait tout l'enfer et s'y mettrait lui-même.
Voyez-le à l'œuvre contre nos Chrétiens. (...) Pour se défendre, les Chrétiens sont autrement armés que les païens. Ils ont une grâce divine, extrêmement forte et continuelle. elle est là, pour eux, abondante et bien à leur portée, dans la prière, dans les sacrements, dans l'aide de leurs Anges et de leurs prêtres. Pour vaincre, il n'ont qu'à le vouloir, de la toute petite bonne volonté dont ils son capables ; elle suffit à l'infinie pitié de Dieu pour faire le reste.
À vous donc, pères de ces âmes, de les bien éclairer sur la lutte nécessaire et son enjeu ; à vous de leur dénoncer souvent l'ennemi, ses attaques et ses complices ; à vous de leur dire où sont leurs auxiliaires et comment les appeler, où prendre leurs armes et comment les manier. C'est la guerre : tenez vos gens en haleine et bien en forme ; vous êtes chefs.
Et puis, aidez-les de tous vos pouvoirs sacerdotaux. En leur faveur, utilisez l'incomparable arsenal du Rituel, où l'Église vous offre tant de Prières, chargées de son mérite et de son autorité, puissantes à délivrer hommes et choses de l'emprise diabolique.
Il se peut encore que le diable dépasse la tentation ordinaire et moleste ouvertement nos Chrétiens, même et surtout nos bons Chrétiens, qu'il les vexe et les obsède, voire les possède. Cas exceptionnels ; à prévoir tout de même et à traiter sérieusement. C'est un devoir sacerdotal. Ne craignez pas, alors, de tenter un exorcisme privé. Si l'ennemi est là et qu'il s'obstine, avertissez-moi.
Moins rares les cas, déjà vus, où un rapide appel à l'Ange Gardien, un bref exorcisme : Vade retro, Satana ! réduiront un mutisme insolite au confessionnal, une obstination suspecte, un accès étrangement obscène ou sacrilège.
Méfiez-vous. Le drôle est là, plus souvent qu'on ne le pense, affairé à ressaisir les âmes, habile à nous dérouter.
Pasteurs, veillez : votre adversaire rôde ! Croyez à sa présence, à son activité. Faites-lui , sans hésiter, sa large part dans le mal qui vous désole. Vous serez dans le vrai. Vous serez aussi plus patients, plus pitoyable aux âmes, que vous saurez aussi manœuvrées et donc, moins coupables, moins ingrates. Réalisez bien l'état de guerre, les coups vous seront moins sensibles ; vous serez enfin plus forts et plus clairvoyants dans la lutte contre un ennemi surveillé de plus près et mieux à découvert.
Fermes dans la foi : Résistez-lui. À mesure que croît, chez nous, la vie chrétienne, croît aussi l'activité diabolique. Je la vois se dessiner, de plus en plus nette, à l'assaut de nos œuvres, à l'attaque de notre zèle. Il veut nous mettre à bout.
Courage, mes chers Pères. Il y perdra sa peine, et nous y gagnerons notre ciel et le ciel de notre peuple. C'est sa guerre à lui ; et c'est aussi la guerre de Dieu.
Et puis, en attendant, nous ne sommes pas seuls au combat. Jésus-Christ, notre Maître adoré, lutte en personne avec nous, Lui qui, d'avance, a vaincu le Monde et son Prince. Son union nous enchante, son amour nous enlève, sa grâce nous porte, ses Anges sont nos alliés.
L'ange du Seigneur campe autour de ceux qui le craignent. Voyez et goûtez comme Dieu est bon ! (Ps 33)
Oui. Il est bon, le Seigneur Dieu, de nous donner ses Anges, chers et vaillants compagnons d'armes et de vie, délicieux amis, infiniment secourables à nous-mêmes, à nos fidèles et même à nos païens !
(...)
Ah ! si notre foi était plus simple, et plus vif le sentiment de la présence de nos Anges, de leur amour, de la valeur de leurs services ! si nous étions plus attentifs à leurs inspirations, plus prompts à les appeler et plus confiants dans leur aide, quelle force pour nous-mêmes et pour notre ministère ! Que d'erreurs évitées, que de difficultés vaincues, que de chutes conjurées et de tristesses épargnées !
Les Anges vivent avec nous, vivons avec eux ; notre solitude, mère de la tristesse et du découragement, sera rompue. Allez, cette vie d'évangélistes est trop dure pour être vécue seul. Le bon Maître le sait bien. Il y a pourvu ; prenez le cher compagnon qu'Il vous donne.
Avec vous à l'autel, au confessionnal, à l'école, dans vos visites, dans tous vos travaux apostoliques, qu'il soit partout l'intime confident de votre vie. Vous sentirez vite la grande douceur et la force de cette familiarité céleste, et vous verrez les beaux fruits de ce travail à deux.
À vos Chrétiens assurez le même bienfait. Dès l'enfance, à l'école, au moment de la première Communion, apprenez à ces petits à connaître leur Ange Gardien, à l'aimer, à le prier, à compter sur lui, à se réfugier sous son aile. Dévotion gracieuse et facile qui, dans la vie, leur restera infiniment secourable.
À l'église, prenez occasion des fêtes angéliques pour prêcher la foi et le recours aux Anges, pour établir entre eux et le démon le saisissant contraste de l'amour et de la haine en lutte pour les âmes. Dites enfin à vos fidèles combien ils doivent bénir le Seigneur Jésus pour le don merveilleux de ses Saints Anges, et reconnaître les services de leur amitié.
À la réception de cette lettre, et désormais chaque année, le Dimanche suivant la fête de Saint Michel, vous voudrez bien prêcher à l'église sur les Saints Anges et leur aide contre les démons, et faire ensuite, au dehors et aussi solennellement que possible, l'Exorcisme de Léon XIII, inséré au premier appendice du Rituel.
Donné à Port-Léon, le 29 septembre 1922, en la fête de Saint Michel Archange.
(Lettre pastorale sur la lutte pour les âmes extraite de la collecte de documents du Combat avancé de l'Église, de M. Tournyol du Clos)
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