Extrait de "Pouvoir de Saint Joseph", par le R. P. Huguet, Mariste :
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| Sainte Thérèse d'Avila entre la Sainte Vierge et Saint Joseph |
Tous les puissants du peuple vous présenteront leurs vœux. (Ps. XLIV)
Saint Joseph, à cause de ses rapports avec Jésus et Marie et de la part qu'il a eue au mystère de l'Incarnation, est supérieur aux Anges et aux autres Bienheureux qui se plaisent à rendre hommage au père adoptif du Sauveur, au chaste Époux de la Reine du Ciel et de la terre. Sa grandeur incomparable fut figurée par les onze étoiles, que le premier Joseph, dans un songe mystérieux, vit à ses pieds avec le soleil et la lune. D'après les commentateurs de l'Écriture, ces étoiles représentaient les saints qui brillent dans le Ciel comme des astres : Fulgebunt tanquam Stelloe in perpétuas oeternitates, et dont la clarté, dit l'Apôtre est proportionnée au mérite. Ces onze étoiles figuraient les Apôtres à la suite de Jésus-Christ, ou bien les neuf chœurs des Anges avec les saints de l'Ancien et du Nouveau Testament, ou enfin tous les saints, dont Dieu seul, qui appelle les étoiles par leur nom, peut connaître le nombre. Tous les Bienheureux sont soumis à saint Joseph, après que Jésus, le divin Soleil de justice, et Marie belle comme la lune, l'ont servi et honoré pendant trente ans.
Les plus célèbres Docteurs ont honoré et célébré à l'envi les sublimes prérogatives de ce grand Patriarche : saint Augustin a montré l'excellence de son union avec Marie : saint Jean Chrysostome a exalté ses vertus admirables qui lui ont mérité d'être choisi entre tous les hommes pour être le Père adoptif du Fils unique de Dieu ; saint Jérôme a défendu contre les hérétiques sa perpétuelle virginité ; saint Bernard l'a associé aux éloges si touchants et pleins d'une suavité céleste qu'il a faits de Marie ; saint Bernardin de Sienne a exalté dans des termes magnifiques son Ascension glorieuse dans le Ciel en corps et en âme ; l'Ange de l’École a dit des choses admirables sur l'éminence de ses titres et des grâces privilégiées qui lui ont été accordées ; sainte Brigitte, dont les révélations ont été approuvées par l'Église, nous a laissé, comme le tenant de Marie elle-même, un précis bien touchant de la vie de ce saint Patriarche : « Joseph, dit la sainte Vierge, me considérait comme sa souveraine, et moi de mon côté, je remplissais à son égard tous les devoirs de la plus humble servante (Rével., liv. VII, p. 25).
Parmi ces services et ces soins mutuels, jamais je n'entendis sortir de sa bouche une parole de légèreté, de murmure ou d'impatience. II souffrait la pauvreté avec une admirable résignation : dans le besoin, il se livrait sans ménagement aux travaux les plus durs ; il se montrait plein de douceur et de mansuétude envers ceux qui l'attaquaient. Il me servait avec autant de fidélité que d'affection ; il était le fidèle gardien de ma virginité et l'irrécusable témoin des merveilles que Dieu avait opérées en moi. De plus, il était entièrement mort à la chair et au monde, il ne respirait que du côté du Ciel. Il avait une si ferme confiance aux promesses divines, que souvent je l'entendais s'écrier : « Ah ! si je souhaite de vivre, ce n'est que pour voir la volonté de Dieu s'accomplir. » Tous ses désirs, en effet, tous ses efforts se réduisaient a faire cette admirable volonté, et c'est pour cela que sa gloire est si grande dans le Ciel (Rével., liv. VII, p. 29). »
Que dirons-nous de sainte Thérèse qui a si inlassablement contribué à répandre la dévotion à saint Joseph dans le monde entier, et qui lui a consacré de si belles pages dans ses immortels écrits ? Parmi les filles de cette illustre vierge du Carmel, aucune ne lui ressembla davantage dans sa tendresse pour saint Joseph que la vénérable Claire-Marie de la célèbre maison de Colonne. Elle recourait à saint Joseph avec une confiance sans bornes dans tous ses besoins. Elle écrivait un jour en ces termes à un religieux, son directeur : « La fête de saint Joseph s'est bien passée, j'ai senti redoubler ma dévotion pour lui. Je le regarde comme un père plein de tendresse à qui je puis m'adresser en toute sûreté. Je me présente devant lui avec toutes mes misères, et je le prie de m'obtenir de Dieu un grand amour pour sa divine Majesté. » Elle avait éprouvé si souvent les effets du pouvoir et de la charité de saint Joseph, qu'elle attesta, comme sainte Thérèse, qu'elle ne lui avait jamais rien demandé en vain. Il était sa ressource assurée dans toutes les nécessités du monastère. Un jour, Marie-Claire ayant trouvé une image qui représentait un Ecce Homo, elle la plaça tout près de l'image de saint Joseph, en lui disant avec une touchante simplicité : « C'est à vous à tirer de Jésus souffrant tout ce qui est nécessaire aux besoins de la maison. »
Tout le monde connaît le zèle avec lequel saint François de Sales s'appliquait à faire aimer et honorer saint Joseph de toutes les âmes qu'il dirigeait. Il n'avait dans son bréviaire qu'une seule image, c'était celle de saint Joseph ; parlant un jour à ses Religieuses de la Visitation, du Père adoptif du Sauveur, il s'écriait : « Oh ! quel Saint est ce glorieux Époux de la divine Vierge : il est non-seulement Patriarche, mais le coryphée de tous les patriarches ; il est plus que confesseur et même plus que martyr, car la fidélité des uns et la générosité des autres se trouvent en lui dans un degré suréminent. Quel est le saint qu'on puisse lui comparer en virginité, en humilité et en constance ! Comment douter après cela du crédit dont il jouit dans le royaume du Ciel ? Ayons donc confiance en lui, et recourons en toute circonstance à sa puissante intercession (Entretien 19e). »
Saint Ignace, fondateur de la Compagnie de Jésus, avait pour Marie une dévotion trop tendre, pour ne pas honorer aussi d'un culte spécial le glorieux saint Joseph, son chaste Époux. Le précieux livre de ses Exercices, qui a fait tant de bien dans l'Église, est comme un monument qui atteste sa dévotion et sa ferme confiance à l'égard de ce grand Saint. Nous n'ajouterons qu'un fait rapporté dans les Annales de la Compagnie de Jésus. Saint Ignace avait dans son oratoire une image de saint Joseph, c'est en présence de ce grand Maître de la vie intérieure qu'il aimait à faire oraison et à célébrer le saint Sacrifice de la Messe : c'était aux pieds de ce Directeur, par excellence, des âmes pieuses qu'il déposait par écrit ses doutes et ses difficultés les plus graves pour en avoir la solution. C'est sous sa conduite qu'il est devenu si habile dans le discernement des esprits et dans la direction des âmes.
Saint Vincent de Paul peut être cité aussi comme un parfait serviteur de saint Joseph. Il aimait à le proposer à ses prêtres comme un modèle très-accompli de leur sacerdoce. Il donna pour patron à ses séminaires ce glorieux Patriarche qui, après avoir eu le bonheur d'élever lui-même le Fils de Dieu, en a obtenu une grâce particulière pour protéger ceux qui se préparent dans la retraite au saint ministère. Saint Vincent félicita le Supérieur de sa communauté de Gênes de ce qu'il avait eu recours à la médiation du chaste Époux de la Mère de Dieu, pour se procurer des ouvriers remplis d'un saint zèle, et capables de cultiver et de féconder la vigne du Seigneur qui était alors couverte de ronces et d'épines. Il lui conseilla de dire ou de faire célébrer pendant six mois la messe en l'honneur de saint Joseph dans la chapelle qui lui était dédiée. Il recommandait à ses missionnaires de se mettre, dans leurs courses apostoliques, sous la protection de saint Joseph, et d'employer tout leur savoir et leur industrie pour inspirer aux peuples qu'ils évangélisaient la plus grande confiance en ce gardien fidèle de la Mère immaculée de Jésus, bien persuadé qu'on ne saurait rien faire de plus agréable à Marie que d'étendre le culte de celui que Dieu lui avait uni par des liens si étroits et si purs.
À ces exemples édifiants nous pourrions, si notre plan le permettait, en ajouter un grand nombre d'autres, nous pourrions parler du bonheur et de la piété avec lesquels saint Liguori célébrait les louanges de saint Joseph. Il composa une neuvaine en son honneur, il le déclara patron de son Institut, il en faisait toutes les années solenniser la fête dans ses diverses maisons, il l'invoquait souvent lui-même, et jamais il ne commençait aucun écrit, aucune lettre, pas même une simple note qu'il n'eût placé en tête les initiales de Jésus, de Marie et de Joseph. Unissons nos respects et nos louanges à ceux que Jésus et Marie, que l'Église militante et triomphante ont rendus au saint Patriarche, que Dieu lui-même a élevé au-dessus de tous les saints et qu'il a fait dans le Ciel son premier ministre et le distributeur de ses grâces.
EXEMPLE
C'est par sa fidélité à invoquer et à imiter saint Joseph, que sainte Thérèse est parvenue à des états si sublimes d'oraison, après avoir gémi longtemps dans les aridités et les sécheresses les plus désolantes. C'est aussi le secours de ce grand Maître de la vie intérieure qu'elle proposait aux âmes pieuses qui désiraient faire des progrès dans l'oraison : « Quiconque, disait-elle, manque de directeur propre à le conduire dans les voies de l'oraison, n'a qu'à prendre saint Joseph pour guide, bientôt il saura le véritable chemin, et arrivera au but. »
L'expérience de tous les jours prouve combien ce conseil est fondé sur la vérité, en voici un exemple entre mille. « Je connais, dit le P. de Barry, deux personnes qui redoutaient beaucoup l'oraison à cause des difficultés qu'elles y rencontraient. Toutes deux, dans l'espoir de les surmonter, prirent saint Joseph pour leur guide ; et elles ne tardèrent pas à ressentir les heureux effets de sa protection. Bientôt les difficultés disparurent tellement, que cette salutaire pratique devint le plus doux et le plus agréable de tous leurs exercices de piété.
« Une autre Religieuse, ainsi qu'elle me l'a dit elle-même, ajoute le même Père, désirait beaucoup d'être délivrée des fréquentes distractions qui la troublaient dans la prière. Pour obtenir cette grâce, elle se sentit pressée de recourir à saint Joseph ; fidèle à cette inspiration céleste, elle le fit avec beaucoup de ferveur ; et le fruit de sa demande fut non-seulement le don d'une très-haute oraison, mais encore l'exemption, durant son sommeil, de tout songe, de toute image qui n'eût pas été parfaitement pure et sainte. »
PRATIQUE
Porter sur son cœur une médaille de saint Joseph.
Conseil : Nous recommandons aux âmes que le démon tourmente par des cauchemars, de prier quotidiennement Saint Joseph afin que leur sommeil et leurs songes soient purifiés de toute influence démoniaque. Demandez à ce Saint protecteur des âmes intérieures d'y mettre tout ce qui est saint.
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