mardi 12 novembre 2019

Ne pas soulager les défunts par les aumônes, c'est se priver soi-même de grands avantages spirituels



Extrait de « Les Merveilles Divines dans les Âmes du Purgatoire » par le P. G. Rossignoli, de la Compagnie de Jésus :




Ne soyez point faible de cœur, et ne méprisez point l‘aumône. (Eccli, VII, 9.)


Le Docteur angélique, saint Thomas, préfère un jeûne et à la prière le mérite de l'aumône, quand il s'agit d'expier les fautes passées. « L'aumône, dit-il, (In 4, d. 45, q. 3), possède plus complètement la vertu de la satisfaction que la prière, et la prière plus complètement que le jeûne. » C'est pourquoi de grands serviteurs de DIEU et de grands saints l'ont principalement choisie comme moyen de secourir les défunts. Nous pouvons citer parmi eux, comme l'un des plus remarquables, le pieux Raban-Maur, premier abbé de Fulde, au IX° siècle, puis archevêque de Mayence.
L'abbé Trithème, écrivain distingué de l'ordre de Saint Benoît, raconte que Raban avait prescrit aux économes de son monastère de faire constamment les plus abondantes largesses aux pauvres. Cependant, le procureur de l'abbaye, appelé Edélard, trop attaché aux biens de ce monde et moins préoccupé des indigents, retenait souvent la part qui leur était destinée. Le saint abbé avait, de plus, et du commun consentement, décrété que, chaque fois que l'un des religieux passerait à une meilleure vie, sa portion serait pendant trente jours distribuée aux mendiants, afin que l'âme du défunt fût soulagée par cette aumône. L'avare procureur omettait cette distribution, ou bien la remettait au-delà du trentième jour, malgré la tradition ancienne observée par saint Grégoire-le-Grand, qui marque ce temps comme le plus propice aux suffrages pour les morts. Il arriva, l'an 830, que le monastère de Fulde fut éprouvé par une sorte de contagion, qui emporta un bon nombre de moines, et même l'un des supérieurs. Raban-Maur, plein de zèle et de charité pour ces chères âmes, fit venir Edélard, et lui rappela la pieuse pratique. « Ayez grand soin, lui dit-il, que nos constitutions soient fidèlement observées, et qu'on gratifie les pauvres, durant un mois entier, de la nourriture destinée aux frères que nous venons de perdre. Si vous y manquiez, vous seriez, très-coupable devant Dieu, et certainement il vous en punirait. » Le procureur promit d'obéir.
Mais, hélas! combien fatale est la passion de l'avarice, dans un homme consacré à Dieu surtout! Edélard, qui en était dominé, qui avait le cœur étroit et la main serrée, ne fit point ce qu'il devait, priva les pauvres et resta sans pitié pour les âmes de ses frères. Dans la crainte, tout-à-fait déraisonnable, que les vivants ne vinssent à manquer, il négligea à la fois les indigents et les défunts. La justice divine ne laissa point impunie cette infidélité.
Un jour qu'il avait été accablé d'affaires, le soir venu, comme les religieux s'étaient déjà retirés, il traversait la salle du chapitre, tenant une lanterne à la main. Quel fut son étonnement de voir l'abbé, avec une quantité de moines, assis à leurs places, tenant conseil malgré l'heure avancée! Il ne comprenait pas le sujet d'une réunion semblable, à pareil moment, lorsque, regardant plus attentivement, il reconnut le supérieur défunt, avec les autres religieux défunts aussi. Il est difficile d'exprimer la terreur dont il fut saisi ; un froid glacial, qui courut aussitôt dans ses veines, le cloua à sa place, comme une statue sans vie. Mais cette terreur était peu de chose, auprès de ce qui lui était réservé. Le supérieur et quelques-uns des morts, se levant, vinrent à lui, le dépouillèrent de son habit et se mirent à le frapper à coups de fouet avec tant de violence, qu'il resta privé de sentiment. En même temps ils lui disaient : « Reçois, malheureux, reçois le châtiment de ton avarice! tu en éprouveras un plus terrible dans trois jours, lorsque tu seras descendu dans la tombé avec nous. Alors le suffrage qui t'est réservé sera appliqué à ceux que tu as privés des leurs. » Puis tout disparut. Pour lui, il était couvert de sang et de plaies.
Il fut trouvé dans cet état par la communauté, au moment où elle se rendait au chœur, après minuit. On le porte à l'infirmerie à moitié mort, et on s'empresse de lui prodiguer tous les soins que réclamait sa position. Mais lui, dès qu'il put parler : « Hâtez-vous, s'écria-t-il, appelez tout de suite le père abbé : j'ai plus besoin des remèdes de l'âme que de ceux du corps. Ces membres ne sauraient plus guérir! » Dès que l'abbé fut venu, en sa présence et devant toute la maison, il raconta le terrible événement, dont l'état où il était rendait un trop sensible témoignage. Quand il eut ajouté qu'il devait paraître au tribunal de DIEU dans trois jours, il supplia qu'on lui administrât les derniers sacrements, en protestant de tout son regret. Il les eut à peine reçus, avec les marques d'une grande dévotion, qu'il commença à baisser, jusqu'au moment où il expira, le troisième jour, au milieu des prières de ses confrères et des exhortations de l'abbé, qui lui rappelait les miséricordes de DIEU et la confiance qu'il faut avoir en lui.
On chanta aussitôt la messe des morts, et on distribua, selon l'usage, la part des pauvres. La punition n'était pas finie cependant. Le défunt apparut à Ruban, pâle, défiguré. L'abbé, frappé de cette vision, lui demanda ce qu'il y avait à faire pour lui. « Ah! répondit l'âme infortunée, les prières de notre sainte communauté m'ont procuré du soulagement, mais je ne puis obtenir ma grâce entière avant la délivrance de tous ceux de mes frères que mon avarice a frustrés des suffrages qui leur étaient dus. Ce qu'on a donné aux pauvres en mon nom leur a profité, et non point à moi, selon l'ordre de la divine Justice. Je vous supplie donc, mon père, vous qui êtes si bon, qui m'avez accordé tant d'intérêt pendant ma vie, de faire redoubler les aumônes. J'espère que moyennant cela la clémence du Seigneur nous délivrera tous, eux d'abord, et moi ensuite. »
Raban-Maur le promit, et la chose fut faite. Un autre mois était à peine écoulé, qu'Edélard lui apparut de nouveau, vêtu de blanc, entouré de rayons lumineux, la joie peinte sur le visage. Il rendit au monastère les actions de grâces les plus touchantes pour la charité dont on avait usé envers lui, assurant qu'au ciel, où il s'envolait, il ne cesserait de conjurer le DIEU de toute bonté pour ses bienfaiteurs.
Combien d'utiles réflexions se présentent à l'esprit à la lecture de cette histoire! On y voit, premièrement. que les pauvres âmes du purgatoire ne peuvent rien pour elles-mêmes ; et DIEU permet, dans cette circonstance, qu'elles viennent châtier l'oubli que l'on fait de leurs peines. Secondement, dans l'application des suffrages le Seigneur fait quelquefois une exception contre celui qui a démérité d'une manière spéciale, alors surtout qu'on a manqué aux devoirs de prières et de bonnes œuvres envers les autres, ce qui rend indigne de recueillir pour soi-même un fruit si précieux. Troisièmement, nous devons exciter en nous un grand zèle pour ces bonnes et tristes âmes, à l'exemple des religieux de Fulde, toujours empressés dans cet exercice de charité. L'historien que nous citons ajoute qu'ils portaient cette affection si loin, que chacun se privait encore d'une partie de ses aliments pour les distribuer aux mendiants à la même intention.

(V. Trithemius, Vila Rab.-Mauri, I. II ; Théophile Raynaud, jésuite, Heter. spirit., p. 2, sect. 3, punct. 7.)



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