lundi 4 novembre 2019

Un saint Frère franciscain reconnaît, dans une étonnante vision, un de ses compagnons mort quelque temps auparavant





Un pieux et saint frère de la Province de Rome eut un jour l'étonnante vision que nous allons raconter.
On venait d'inhumer, à l'entrée du Chapitre, un de ses plus chers compagnons, mort la nuit précédente. Le jour des obsèques, après dîner, au moment où les frères étaient allés prendre leur repos, il se retira dans un coin du Chapitre, et pria Dieu et saint François avec larmes pour l'âme de son ami défunt. Soudain un bruit se fait entendre dans le cloître ; le frère regarde avec effroi vers la tombe de son compagnon ; il aperçoit, à l'entrée du Chapitre, saint François et, derrière lui, une multitude de frères rangés autour du tombeau. Il examine plus attentivement, et il voit, au milieu du cloître, une grande flamme, et, au milieu de cette flamme, l'âme de son ami défunt ; enfin il aperçoit Jésus-Christ suivi d'une nombreuse troupe d'Anges et de Saints qui tournaient autour du cloître. Il regardait, et son âme était frappée de stupeur. Bientôt il voit le Christ passer près du Chapitre, et aussitôt saint François tomber à genoux avec ses frères en s'écriant : « Je vous en prie, ô mon très-cher Père et Seigneur ! par cette infinie charité que vous avez témoignée pour les hommes dans votre Incarnation, ayez pitié de l'âme de mon pauvre frère qui brûle dans cette flamme. » Le Christ passa et ne répondit point. Une seconde fois, il revint près du Chapitre, et saint François de tomber à genoux de nouveau devant lui, avec ses frères, et de lui dire : « O mon miséricordieux Père et Seigneur ! je vous en prie, par cette infinie charité que vous avez témoignée pour les hommes en mourant sur le bois de la croix, ayez pitié de l'âme de mon pauvre frère. » Le Christ passa et ne répondit point. Enfin une troisième fois il se trouve près du Chapitre. Alors saint François, se prosternant encore, lui montre ses pieds, ses mains et son côté, et lui dit : « Seigneur, Père miséricordieux, je vous en conjure par cette vive douleur et cette ineffable consolation que j'ai éprouvées lorsque vous avez imprimé ces sacrés Stigmates sur mon corps, ayez pitié de l'âme de mon pauvre frère qui brûle dans les flammes du Purgatoire. » O prodige ! à peine le Saint eut-il fait cette prière qu'aussitôt Jésus-Christ s'arrête, regarde ses Stigmates et lui dit : « C'est en vertu de tes mérites, François, que je t'accorde l'âme de ton frère. »
C'est ainsi que Dieu voulut honorer les glorieuses plaies du séraphique François et lui montrer que, selon la promesse qu'il en avait reçue du Christ sur l'Alverne, il n'y avait pas de moyen plus efficace pour délivrer du Purgatoire les âmes de ses frères et les conduire au Ciel, que la vertu de ses saints et sacrés Stigmates. À peine le Christ eut-il répondu, qu'aussitôt le feu du cloître disparut, l'âme du défunt alla rejoindre saint François, et se réunissant au Sauveur, l'escorte bienheureuse, à la suite de son Roi triomphant, retourna vers les cieux. Le frère ressentit une grande joie de la délivrance de son ami et du bonheur dont il jouissait ; il fit à ses compagnons le récit de la vision qu'il en avait eue, et tous ensemble rendirent à Dieu louange et remerciement.


(Extrait des Fioretti ou petites fleurs de Saint François d'Assise, par M. l'Abbé A. Riche)



Reportez-vous à Comment saint François, cheminant avec Frère Léon, lui exposa les choses dans lesquelles consiste la joie parfaite, Saint François d'Assise et le combat spirituel, Cantique des créatures ou Cantique de frère soleil, Doctrine et paroles remarquables du bienheureux Frère Égide, compagnon de Saint François d'Assise : Sur les Vices et les Vertus, la Crainte de Dieu, la Patience, l'Oisiveté, et le dégoût des choses temporelles, Doctrine et paroles remarquables du bienheureux Frère Égide, compagnon de Saint François d'Assise : Sur la Chasteté, les Tentations et l'Oraison, Comment un noble chevalier fut assuré de la mort et des sacrés et saints Stigmates de saint François, pour lequel il avait une grande dévotion, Exemple de la grande puissance de Frère Junipère contre les démons, Comment un saint Frère, après avoir lu, dans la légende de saint François, le chapitre des sacrés et saints Stigmates, pria Dieu avec tant de ferveur de lui faire connaître les paroles secrètes du Séraphin, que le Saint vint enfin les lui-même, La Couronne franciscaine, Comment saint François commanda à Frère Léon de laver une pierre, Auspicato Concessum, Lettre encyclique de Sa Sainteté le Pape Léon XIII, sur le Tiers-Ordre de Saint François, De la terrible vision que Frère Léon eut en songe, Comment saint François guérit un lépreux de l'âme et du corps ; parole que l'âme de ce lépreux lui adressa en montant au Ciel, Comment le Frère Pacifique fut ravi en extase et vit dans le ciel le trône de Lucifer réservé à Saint François, et Comment Saint François voulait que le Serviteur de Dieu montrât toujours un visage joyeux.















dimanche 3 novembre 2019

VIE CHRÉTIENNE : Dévotion envers la Passion de Jésus-Christ



Extrait de "MORALE CHRÉTIENNE EN FORME DE MÉDITATIONS, ET VIE CHRÉTIENNE, Où l'on donne des Règles pour faire ses actions, remplir ses devoirs en Chrétien, et passer saintement les Dimanches et les Fêtes", Ed. 1811 :




Si nous sommes associés aux souffrances de Jésus-Christ, nous aurons part à sa gloire. (Rom. 8, 17)

Puissant motif pour nous engager à penser souvent aux souffrances du Sauveur. Une juste reconnaissance doit nous y porter encore plus fortement. Est-on excusable d'oublier ou de penser peu à cet amour ineffable que Jésus nous a témoigné en souffrant pour nous ?
L'Association établie depuis plusieurs années dans le Diocèse de Lyon, est une dévotion dont on ne peut assez recommander la pratique. On a sujet de louer Dieu des bénédictions qu'il daigne répandre sur ceux qui s'y rendent fidèles. Elle consiste à prendre chaque jour avant le souper un petit quart d'heure pour penser à quelques circonstances de la Passion de Jésus-Christ. Usez-en ainsi du moins les Dimanches et les Fêtes. Ce sera une excellente pratique pour les sanctifier.
Pour s'acquitter avec fruit de ce pieux exercice, outre ce que nous avons dit touchant la Méditation en général, on doit observer qu'en se représentant Jésus-Christ dans la circonstance particulière que
l'on a choisie pour sujet de sa petite Méditation, il faut s'exercer à des actes, 1. d'Adoration, 2. d'Amour, 3. de Contrition, 4. de Confiance, 5. de Reconnaissance, 6. de Désir d'imiter Jésus-Christ, 7. de Demande. Il faut surtout éviter les distractions et suivre l'attrait de l'esprit de Dieu. On a cru devoir mettre ici une courte méditation sur la première circonstance de la Passion, afin d'en faciliter la pratique.


Réflexion sur Jésus priant au Jardin

Voilà Jésus qui commence sa Passion dans un jardin pour expier nos péchés, dont le premier de tous fut commis dans le Paradis terrestre. Il se présente devant son Père dans l'état de l'humiliation la plus profonde : triste, effrayé, abattu, prosterné par terre, il prie son Père de vouloir, s'il est possible, qu'il ne boive point le Calice de sa Passion ; il répète cette prière jusqu'à trois fois avec une parfaite résignation à la volonté de son Père dont il demande l'accomplissement, et non de la sienne.
Je vous adore, divin Jésus, dans ce profond anéantissement. Ma foi me découvre vos grandeurs infinies au travers de ces prodigieuses et incompréhensibles humiliations. Vous ne perdrez rien de vos divines grandeurs, en vous réduisant à l'état du dernier des hommes, à l'état d'un vermisseau qui rampe sur la terre. C'est votre amour qui est le principe de vos abaissements. Que je vous aime, mon divin Jésus, que je vous aime, d'autant plus que vous paraissez plus vil et plus méprisable. Pourrais-je ne vous point aimer, si je croyais bien que vous n'en usez ainsi, que parce que vous m'aimez. Grand Dieu ! quelle devrait être ma douleur et ma contrition, lorsque je me souviens que ce sont mes péchés qui vous couvrent, en quelque sorte, de confusion devant la face de votre Père. Vous êtes, aimable Jésus, l'objet de ses complaisances ; mais parce que vous vous êtes chargé de mes péchés, vous n'osez pas vous présenter devant lui. Que ferai-je donc, moi misérable pécheur, comment oserai-je espérer miséricorde ? Mais Seigneur, pourquoi ne l'espérerais-je pas, puisque vous êtes la caution de mes péchés ?
J'ai une confiance entière que votre Père m'accordera le pardon que vous demandez pour moi. Vous lui offrez toutes les douleurs et toutes les humiliations que vous allez souffrir pour l'expiation de mon orgueil, de ma sensualité, et de tous mes péchés. J'aurais lieu de tomber dans le désespoir si je ne regardais que ma malheureuse vie ; mais jetant les yeux sur vous, il n'y a rien que je ne doive espérer. Je vous remercie, aimable Jésus. Rendez ma reconnaissance plus vive et plus amoureuse. Que je n'oublie jamais ce que vous avez souffert pour moi. Que ma reconnaissance ne soit ni stérile, ni passagère. Que toutes les actions de ma vie soient une continuelle action de grâces pour vos bontés.
A Dieu ne plaise, mon divin Jésus, que par mon orgueil en présence de votre Père, que par mes prières tièdes et indévotes, que par de nouveaux péchés, je veuille encore vous exposer à cette extrême humiliation dans laquelle je vous vois. Je serai saisi de respect, de crainte et de frayeur, paraissant devant la Majesté de votre Père céleste. Je prierai avec humilité, avec ardeur, avec instance, confiance et résignation. Ce sont là mes résolutions, ô mon Dieu ! Mais sont-elles bien sincères ? Est-ce mon cœur qui parle ? Affermissez-les, Seigneur ; c'est la grâce que je vous demande, et que je ne cesserai de vous demander.
On peut, pour honorer la Passion de Jésus-Christ, réciter le Vexilla Regis, ou les Litanies de la Passion. Servez-vous du petit livre qui a pour titre : Méditation sur la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, pour chaque mois, en forme d'élévation.


Voici trente-et-un sujets de méditation sur les différentes circonstances de la Passion, pour tous les jours de chaque mois :


1er jour. Jésus instituant le Saint-Sacrement de l'Autel.
2. Jésus sortant du Cénacle pour aller mourir.
3. Jésus priant dans le jardin des Oliviers.
4. Jésus accablé de tristesse, consolé par un Ange , suant sang et eau, réduit à l'agonie.
5. Jésus trahi par Judas.
6. Jésus pris et lié par les Soldats.
7. Jésus abandonné par ses Disciples.
8. Jésus conduit par les rues de Jérusalem, et présenté à différents Tribunaux,
9. Jésus accusé par de faux témoins.
10. Jésus outragé, moqué, insulté pendant la nuit.
11. Jésus renié par saint Pierre.
12. Jésus accusé devant Pilate.
13. Jésus méprisé par Hérodes.
14. Jésus postposé à Barrabas.
15. Jésus flagellé.
16. Jésus revêtu de pourpre et couronné d'épines.
17. Jésus présenté au peuple. Ecce homo.
18. Jésus condamné à mort par Pilate.
19. Jésus chargé de sa Croix et conduit au Calvaire.
20. Jésus attaché à la Croix.
21. Jésus élevé en Croix.
22. Jésus priant pour ses ennemis.
23. Jésus promettant le Paradis au bon Larron.
24. Jésus recommandant sa Mère à S. Jean.
25. Jésus abandonné de son Père.
26. Jésus abreuvé de fiel et de vinaigre dans sa soif.
27. Jésus disant : Tout est consommé.
28. Jésus recommandant son âme à son Père.
29. Jésus mort.
30. Le côté de Jésus percé d'une lance.
31. Jésus enseveli.



Reportez-vous à Prière à Jésus-Christ tombé en agonie au jardin des OliviersHymne de la Croix, Jésus, Sagesse souffrante et crucifiée, Des exercices de piété, par le R.-P. Jean-Joseph Surin : Comment faut-il s'occuper des souffrances de Jésus-Christ ?, Litanies de la Passion, De la vie intérieure, et de la familiarité avec Jésus-Christ, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Méditation sur la force des penchants qui nous portent au péché, Jésus condamné à mort, Pilate lave ses mains, Jésus crucifié est le Livre des Élus, La confiance rend à Dieu l'honneur dont il est le plus jaloux, et obtient tout de Lui, Des fruits que porte Jésus crucifié, l'Arbre de vie, Jésus-Christ flagellé, Réflexion sur la flagellation de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Méditation sur les souffrances de Notre-Seigneur Jésus-Christ au Jardin des Olives, Méditation sur la trahison de Judas, Méditation sur les souffrances de Notre-Seigneur Jésus-Christ : Jésus devant Caïphe y reçoit un soufflet, Jésus-Christ exposé dans le prétoire aux dérisions et aux insultes des serviteurs du grand Prêtre, Jésus-Christ couronné d'épines, Méditation sur les souffrances de Notre-Seigneur Jésus-Christ : Voilà l'Homme, Méditation sur les souffrances de Notre-Seigneur Jésus-Christ : Jésus-Christ portant sa Croix, VIE CHRÉTIENNE : Dévotion envers la Mère de Dieu et La Passion corporelle de Notre-Seigneur Jésus-Christ expliquée par un chirurgien.
















samedi 2 novembre 2019

L'Univers et la Bible, prédicateurs de la résurrection, car oui, nous ressusciterons !



Extrait de "Le Cimetière au XIXe siècle" de Mgr Gaume :





Mon cher Frédéric,

Dieu peut nous ressusciter, nous l’avons vu et bien vu. Il veut nous ressusciter, nous allons le voir. Sa Vérité le veut, sa Sagesse le veut, sa Justice le veut, sa bonté le veut.
Sa vérité. Dieu a écrit deux grands livres : l’Univers et la Bible. Dans l’un et l’autre, nous lisons la volonté absolue et immuable de Dieu, de ressusciter tout le genre humain. Je veux dire de rappeler de leur sommeil toutes les générations endormies, depuis le commencement du monde, dans les vastes dortoirs, appelés cimetières. Le premier de ces livres divins est le monde matériel que nous habitons, que nous voyons de nos yeux et que nous touchons de nos mains.
Je dis le premier, parce qu’il a précédé la Bible. « Vous nous demandez, dit saint Chrysostome, comment, avant qu’il y eût des livres. Dieu enseignait aux hommes à le connaître ? Comment ? de la même manière que nous nous y sommes pris nous-mêmes pour vous amener à la connaissance de cet être souverain. Nous vous avons promenés sur le théâtre entier de l’univers. Nous vous avons montré le ciel, la terre, la mer, les campagnes, les vergers, les richesses variées de la nature. Nous sommes remontés jusqu’aux éléments des productions diverses ; et tous ensemble, unissant nos voix à l’aspect de tant de merveilles, étalées à nos yeux, nous nous sommes écriés dans le transport de l’admiration : Que vos ouvrages sont grands, ô Seigneur ! Que vos desseins sont profonds ! (Homil. I, in Gen.)
Nous verrons bientôt que dans ce grand livre sont gravés en caractères de feu et intelligibles à tous, non-seulement la puissance, la sagesse et la bonté du Créateur ; mais de plus, ce qui en est l’inévitable conséquence, le dogme de la résurrection future.
« Vous me demandez encore, continue l’illustre patriarche, pourquoi la Bible, étant si utile, Dieu ne l’a pas donnée au monde dès le commencement ? c’est que Dieu voulait instruire les hommes par les choses, c’est-à-dire par les créatures et non par les livres. Si Dieu eût commencé à nous instruire au moyen des livres et des caractères, intelligibles pour le savant, ils auraient été sans aucune utilité pour l’ignorant. Le riche en aurait pu faire l’acquisition : le pauvre non. Il eût fallu, pour les entendre, connaître la langue dans laquelle ils auraient été écrits. Ils eussent été perdus pour le Scythe, le Barbare, l'Indien, l'Égyptien, pour tout homme, en un mot, à qui cette langue eut été étrangère.
« Il n’en est pas ainsi du grand spectacle de l’univers. Tous les peuples du monde entendent sou langage. Ce livre est ouvert indistinctement au savant, comme à l’ignorant ; au pauvre, comme au riche. Aussi le prophète ne dit pas que les cieux témoignent, mais qu’ils racontent la gloire de Dieu : prédicateurs qui ont pour auditoire le genre humain tout entier, et pour livre le magnifique spectacle qu’ils développent (Homil. I, in Gen.). »
Comment l’univers prêche-t-il la résurrection future. Telle est, mon cher Frédéric, la question qui est sur tes lèvres et à laquelle j’ai hâte de répondre. D’après les paroles que nous venons d’entendre, et d’après le témoigne plus explicite encore de l’apôtre saint Paul, nous savons que Dieu n’a créé le monde que pour manifester sa gloire, et que cet univers matériel est un miroir, placé devant nous, dans lequel se réfléchissent les réalités du inonde spirituel, invisibles à nos yeux (Rom. I, 20).
Partant de ce principe tu vas comprendre, comme l’ont compris les Pères de l’Église, que le spectacle de l’univers est le prédicateur incessant de la résurrection future. Écoutons d’abord Tertullien.
« Promenez vos regards sur le monde, et vous verrez briller à vos yeux la preuve de la puissance divine, et les images frappantes de la résurrection future. Le jour meurt dans la nuit, qui l’enveloppe comme d’un linceul, dans d’épaisses ténèbres. Tout l’éclat du monde disparaît ; tout devient noir ; le silence et la stupeur sont partout, c’est ainsi que la nature pleure la perte de la lumière.
« Mais bientôt, la lumière reparaît avec le soleil, toujours la même et sans avoir rien perdu de ses charmes ni de son intégrité. Elle ressuscite pour le monde entier, tuant la nuit, sa mort, et déchirant le ténébreux linceul dont elle l’avait enveloppée. Elle reparaît héritière d’elle-même, jusqu’à ce que la nuit remonte sur son trône. Alors les astres se rallument, et les étoiles absentes reparaissent au firmament. Il en est de même des saisons.
Le printemps, l’été, l’automne, l’hiver se succèdent avec leurs vertus, leurs habitudes et leurs fruits...
« L’hiver imprime aux arbres, aux plantes, à toute la nature, l’apparence de la mort, mais ils ressuscitent au printemps. Le grain est jeté dans le sein de la terre, et transformé dans le sein de cette mère féconde, il se relève, et ne se relève qu’après avoir été consumé.
Notre vie elle-même, n’est-elle pas une suite continuelle de morts et de renaissances ? Qu’est-ce que l’homme qui s’endort, sinon l’image de l’homme qui meurt ? et qu’est-ce que l’homme qui se réveille, sinon l’image de l’homme qui ressuscite ? Ainsi, toute la nature meurt et ressuscite sans cesse. Tout commence après avoir fini, et ne meurt que pour renaître et renaître en gloire.
« Cette vicissitude éternelle des créatures, sans cesse passant de la mort à la vie et de la vie à la mort, vous donne le témoignage palpable de la résurrection future du genre humain. Dieu en a empreint la vérité sur chacun de ses ouvrages, avant de la consigner dans les Écritures. Il l'a enseignée par les effets de sa puissance, avant de la proclamer par ses oracles.
Il a fait de la nature le premier livre qui nous prépare aux instructions de la foi, afin qu’après avoir pris leçon de la première, nous soyons plus disposés à écouter l’autre ; à conclure de ce que nous voyons sous nos yeux, en faveur de ce qui nous est annoncé ; à croire sans hésiter que le même Dieu nous ressuscitera, quand nous le voyons tout renouveler. Certes, si toutes les créatures ressuscitent pour l’homme, pour la chair, dis-je, en faveur de qui elles ont été faites, comment se ferait-il que la chair de l’homme périt tout entière, elle pour qui rien ne périt (Ibid., C. XII)) ? »
Voilà, mon cher Frédéric, ce qu’ont vu, et ce que voient encore, dans le grand spectacle de l’univers, tous les hommes qui ont des yeux pour voir et la faculté de lier deux idées. Seuls, les solidaires, anciens et modernes, ne savent épeler la première syllabe de ce grand livre : semblables, comme dit saint Paul, à l’âne, au bœuf et au mulet, ils ne voient que la surface des choses, sans en pénétrer le fond : Prout animalia muta norunt.
Pour confirmer les paroles de Tertullien et te montrer que, dans le miroir du monde visible, les plus grands génies ont vu se réfléchir le dogme de la résurrection, voici le témoignage de saint Augustin. « Tout le gouvernement de ce monde, dit l'illustre évêque d'Hippone, est le témoignage permanent de la résurrection future. À l'approche de l’hiver, nous voyons les arbres perdre leurs fruits et se dépouiller de leurs feuilles. Puis, au printemps, ils nous offrent l’image de la résurrection. Ils commencent d’abord par pousser des bourgeons ; puis, ils produisent des fleurs et se revêtent de feuilles, et enfin se chargent de fruits.
« Je vous demande, homme incrédule, qui doutez de la résurrection, où sont toutes ces choses, qui, au temps voulu, paraissent à vos yeux ? dites-moi où elles sont cachées. Personne ne les a jamais vues ; mais c’est Dieu dont la puissance les a tirées du néant, qui par une vertu mystérieuse les fait paraître au grand jour.
« Regardez encore les champs et les prairies. Après l’été, ils sont dépouillés de leurs herbes et de leurs fleurs ; toute la surface de la terre est nue. Mais au printemps, elle se r’habille de nouveau et les germes qui commencent à poindre font la joie du laboureur. Ainsi cette herbe, qui a vécu et qui meurt, ressort vivante de la semence. De môme notre corps sortira vivant de la poussière (De verbis apostoli. Ser. XXXIV). »
Au jugement de saint Augustin, tu vois que la résurrection est de tous les dogmes de notre foi, celui qui est le plus souvent annoncé, puisque l’univers entier en est le prédicateur infatigable : Tota hujus mundi administratio, testimonium est resurrectionis futuroe. Tous les autres pères de l'Église, tous les docteurs tiennent le même langage.
Citer leurs paroles serait me répéter sans profit, et je passe au second livre, dans lequel Dieu a écrit le dogme fondamental de la résurrection. Ici encore pour n’être pas long, je me contenterai de rapporter deux pages de nos Écritures, l’une de l’Ancien Testament et l’autre du Nouveau.
Il y a plus de trente siècles que le monde et le monde païen retentit de cette sublime profession de foi au dogme de la résurrection. Qui la fît entendre ? c'est Job, l’ami de Dieu, héritier fidèle des traditions primitives. Dans quelle circonstance ?
Du faite des grandeurs, ce prince, grand parmi les princes de l’Orient, était tombé, par la malice du démon, dans l'abîme de la misère. Couvert d’ulcères, assis sur un fumier, il voyait sa chair s’en aller en lambeaux, ses membres se déformer et lui-même mourir tout vivant : rien ne décourage sa foi.
« En vain, s’écrie-t-il, la vie m’échappe par tous les pores, ma confiance n’est point ébranlée. Je le sais, mon Rédempteur est vivant, et au dernier jour je me relèverai de terre. De nouveau je serai revêtu de ma peau, et dans ma propre chair je verrai mon Dieu. Je le verrai moi-même de mes propres yeux, moi et non pas un autre. Cette espérance repose dans mon sein, et les leviers de mon cercueil la descendront avec moi dans ma tombe (Job, XIV, 25, 26, 27). »
Merci, mon Dieu ! d’avoir dicté, il y a tant de siècles, cette profession de foi à laquelle il n’y a rien à ajouter.
Non moins explicite est celle que nous lisons dans le Nouveau Testament. « Nous ressusciterons tous, dit l’apôtre saint Paul, oui tous sans exception ; mais nous ne serons pas tous changés. Comme la création s’est faite d’un seul mot, la résurrection se fera en un clin d’œil (I. Cor., XV, 51, 50). » Ces paroles n’ont besoin ni d’explications ni de commentaires : et je passe.
Tu vois donc, mon cher ami, que les deux grands livres que Dieu a écrits de sa main pour notre instruction, l’Univers et la Bible, annoncent de la manière la plus certaine la volonté de Dieu de nous ressusciter un jour. Sous peine de se mentir à lui-même, Dieu accomplira le mystère. Il le peut et il le veut. Dans le fond de notre nature repose cette douce espérance : Reposita est hoec spes mea in sinu meo.

Tout à toi.


Reportez-vous à Par son nom, le cimetière prêche la résurrection de la chair, Défendre le Cimetière, Bénédiction du Cimetière, Puissance des démons sur les morts, Nos devoirs à l'égard du Cimetière, Le Cimetière au XIXe siècle : Le corps chef-d’œuvre de Dieu, Enterrements autour des églises, Immortalité de l'âme, Cérémonies de L’Église et prière pour les morts, Saint Philippe de Néri : Que faites-vous maintenant ?... Et après ?, Comment les peuples païens ont dissipé une grande partie du patrimoine de vérités reçu des pères du genre humain, mais ont conservé le dogme de l'existence et de l'immortalité de l'âme, La mort est ordinairement conforme à la vie : L'exemple de deux Curés, Méditation sur les défauts qui rendent infructueuse notre piété envers les morts, Prière à saint Joseph pour obtenir une bonne mort, Sentiments et prières à l'occasion de la mort d'une personne qui nous était spécialement chère, Chapelet pour le repos des âmes du Purgatoire, Du jugement et des peines des pécheurs, Exercice sur les quatorze stations du chemin de la Croix pour les âmes du Purgatoire, Litanies pour les Fidèles Trépassés, Tu es poussière et tu retourneras en poussière, Méditation pour le Jour de la Commémoration des morts, Méditation sur la Fête de tous les Saints : Vous devez être Saints, parce que moi-même je suis Saint, Le Jour de la Toussaint : Méditation sur le bonheur du ciel, 1re Méditation pour la Fête de Tous les Saints : Bienheureux les pauvres d'esprit, parce que le royaume des cieux est à eux, 2e Méditation pour la Fête de Tous les Saints : J’entendis dans le ciel comme la voix d'une grande multitude, 3e Méditation pour la Fête de Tous les Saints : Application des sensEnseignement de l'Église sur le Purgatoire, Méditation pour le jour des morts, Litanies de la bonne mort, La Sainte Vierge Marie, Mère de Miséricorde, Dévotion en faveur des âmes du Purgatoire, Méditation sur la peine qu'on endure dans le purgatoire, Les indulgences pour les fidèles défunts, Offrir sa journée pour les âmes du Purgatoire, La pensée du Purgatoire doit nous inspirer plus de consolation que d'appréhension, Nous devons secourir tous les morts, même ceux que nous croyons déjà au Ciel, Méditation sur la durée des souffrances du purgatoire et l'oubli des vivants à l'égard des morts, Nous devons secourir tous les morts, même ceux que nous croyons déjà au Ciel, Être en état de grâce pour que nos prières soient utiles aux âmes du Purgatoire, Les différents moyens de soulager les morts, Quelles sont les âmes qui vont en purgatoire, La pensée du Purgatoire nous instruit sur la gravité du péché véniel, De la méditation de la mort, La pensée du purgatoire nous prouve la folie de ceux qui ne travaillent pas à l'éviter, Pour éviter le purgatoire endurons nos afflictions en esprit de pénitence, Le Purgatoire, motif de patience dans les maladies, Méditation sur les motifs qui doivent nous engager à secourir les âmes du purgatoire (1/4), Les indulgences, troisième moyen propre à secourir les âmes du Purgatoire, Vision de l'Enfer de Sainte Thérèse d'Avila, La voie qui conduit au Ciel est étroite, et Litanie pour les âmes du Purgatoire.















vendredi 1 novembre 2019

Les Attributs de Dieu qui font la Béatitude des Saints dans le Ciel





LES ATTRIBUTS DE DIEU


Qui font la Béatitude des Saints dans le Ciel




Les Saints voient Dieu dans le Ciel, c'est-à-dire, qu'ils voient :

La vérité de son Être.
L'immensité de sa Grandeur.
L'éminence de sa Majesté.
Les splendeurs de sa Gloire.
Les profondeurs de ses Jugements.
La hauteur de ses Conseils.
L'équité de sa Justice.
L'abondance de sa Paix.
L'économie de sa Providence.
Les secrets de sa Sagesse.
Les miracles de sa Puissance.
Les prodiges de sa Bonté.
Les merveilles de sa Grâce.
Les douceurs de sa Miséricorde.
Les excès de sa Patience.
Les charmes de sa Beauté.
Les tendresses de son Amour.
Les richesses de ses Trésors.
Les profusions de sa Libéralité.
Les ardeurs de son Zèle.
Les lumières de sa Science.
La force de son Bras.
L'étendue de sa vertu.
La fermeté de son Trône.
La stabilité de son Repos.
L'éternité de son Règne.
L'indépendance de son Domaine.
La Sainteté de son Essence.
L'unité de sa Nature.
La Trinité de ses Personnes.

Disons souvent avec le Prophète : Je me suis souvenu de Dieu, et j'ai trouvé ma joie dans ce souvenir. Faisons notre béatitude anticipée de la joie de ce que Dieu est ce qu'il est, ou simplement de ce qu'il est ; il est, cela suffit. Suivons cette sainte impression, et épanchons-nous en amour, en adoration, et en actions de grâces, en bénédictions et en louanges vers cet être infini. Entrons dans de saints transports de joie, premièrement, de ce que Dieu est Dieu, et secondement, de ce qu'il est notre dieu, que nous sommes l'ouvrage de ses mains, et tout à lui par le droit qu'il a sur nous comme souverain Maître, et par le choix que nous faisons de lui pour notre seul partage. Faisons notre béatitude de la sienne, et que, dès ici-bas, il soit notre félicité. Disons-lui ; ô Dieu ! qui est semblable à vous ? ô Dieu ! je ne me souviendrai que de votre seule Justice. J'entrerai dans votre Sanctuaire, ô Seigneur ! dans mon intérieur, qui est votre Maison et votre Temple. Que votre Justice et votre Vérité reluisent par tout, ô mon Dieu ! que j'aime votre Justice, et que je vous serve avec un chaste amour ! ô Père céleste ! je vous consacre tout mon souvenir, je vous consacre toutes mes pensées. Esprit-Saint, tout mon amour se repose en vous. Donnez-moi le feu de votre charité, et que ce soit dans ce feu que je sois baptisé par la grâce de Jésus-Christ.


PRIÈRE

Régnez, ô mon Dieu ! sur mon esprit et sur toutes mes pensées. Régnez sur mon cœur, et sur toutes mes affections. Régnez sur mon âme, et sur toutes ses puissances ; sur mon entendement pour vous connaître ; sur ma mémoire, pour me souvenir sans cesse de vous, et de tous vos bienfaits pour vous en rendre grâce. Régnez sur ma volonté pour vous aimer de toutes mes forces, et pour m'attacher inviolablement et éternellement à vous. Régnez sur mes sentiments et mes mouvements par un désir continuel de vous plaire, et de vous contenter en tout. Régnez sur mes sens et sur mes passions, afin de les consacrer à votre gloire, et de me consumer tout entier à votre service par un très-pur amour pour vous, en sorte que je ne pense, ne désire, ne parle, ne souffre, et n'agisse plus que par l'impression de votre Esprit, et par l'opération de votre grâce en Jésus-Christ votre Fils.
Les Saints sont tous assis à une même Table de la Divinité ; tous boivent d'une même source les délices célestes ; tous ont le même exercice d'amour, louant, adorant le même Dieu, et le servant dans le même esprit. Dieu en tous, et en toutes choses ; les unissant entre eux, et eux tous avec lui.
Pour dire en abrégé ce que c'est que la Gloire et la Béatitude des Saints, et ce qu'elle n'est pas. C'est Dieu-même infiniment tout-puissant, infiniment bon, infiniment parfait, infiniment aimable, infiniment infini dans toutes ses perfections et dans toutes ses grandeurs ; éternellement possédé dans sa Gloire ; vu en son Essence, aimé en sa Bonté ; invisible à nos yeux, ineffable à nos langues, incompréhensible à notre entendement. C'est un état parfait par l'assemblage de toutes sortes de biens, sans aucun mélange de l'ombre même du mal. Il y a dans les Saints un amour toujours agissant sans interruption et sans fin, et la possession éternelle de Dieu sans danger de le perdre. Dans la gloire du Ciel les Saints sont en possession de l'abondance des biens de la Maison de Dieu, et enivrés du torrent de ses délices. Psaume 85.


(Extrait de L'Esprit de l’Église dans le cours de l'année Chrétienne)



Reportez-vous à  Grandeur des Saints, Culte des Saints, Sur la sainteté, Prière à la Très Sainte TrinitéDu Mystère de la très Sainte TrinitéPensons souvent à notre destinationMéditation sur la Fête de tous les Saints : Vous devez être Saints, parce que moi-même je suis Saint, Instruction sur la Fête de tous les Saints, Le Jour de la Toussaint : Méditation sur le bonheur du ciel, 1re Méditation pour la Fête de Tous les Saints : Bienheureux les pauvres d'esprit, parce que le royaume des cieux est à eux, 2e Méditation pour la Fête de Tous les Saints : J’entendis dans le ciel comme la voix d'une grande multitude, 3e Méditation pour la Fête de Tous les Saints : Application des sens, Méditation pour le Jour de la Commémoration des morts, Sentiments et prières à l'occasion de la mort d'une personne qui nous était spécialement chère, Litanies pour les Fidèles Trépassés, Chapelet pour le repos des âmes du Purgatoire, Exercice sur les quatorze stations du chemin de la Croix pour les âmes du Purgatoire, Défendre le Cimetière, Tu es poussière et tu retourneras en poussière, Enseignement de l'Église sur le Purgatoire, Méditation pour le jour des morts, Litanies de la bonne mort, Méditation sur la peine qu'on endure dans le purgatoire, La Sainte Vierge Marie, Mère de Miséricorde, Dévotion en faveur des âmes du Purgatoire, Les indulgences pour les fidèles défunts, Offrir sa journée pour les âmes du Purgatoire, La pensée du Purgatoire doit nous inspirer plus de consolation que d'appréhension, Nous devons secourir tous les morts, même ceux que nous croyons déjà au Ciel, Méditation sur la durée des souffrances du purgatoire et l'oubli des vivants à l'égard des morts, Nous devons secourir tous les morts, même ceux que nous croyons déjà au Ciel, Être en état de grâce pour que nos prières soient utiles aux âmes du Purgatoire, Les différents moyens de soulager les morts, Quelles sont les âmes qui vont en purgatoire, La pensée du Purgatoire nous instruit sur la gravité du péché véniel, De la méditation de la mort, La pensée du purgatoire nous prouve la folie de ceux qui ne travaillent pas à l'éviter, Pour éviter le purgatoire endurons nos afflictions en esprit de pénitence, Le Purgatoire, motif de patience dans les maladies, Méditation sur les motifs qui doivent nous engager à secourir les âmes du purgatoire (1/4), Les indulgences, troisième moyen propre à secourir les âmes du Purgatoire, La voie qui conduit au Ciel est étroite, et Litanie pour les âmes du Purgatoire.

















Méditation sur la Fête de tous les Saints : Vous devez être Saints, parce que moi-même je suis Saint



Extrait de "L'Esprit de l’Église dans le cours de l'année Chrétienne" :





Vous devez être Saints, parce que moi-même je suis Saint. (Lévit. 11)


I. Point. Rien n'est plus juste, ô mon Dieu ! que ce que vous m'ordonnez par ces paroles, et rien en même temps ne doit me paraître plus avantageux et plus agréable que de recevoir de vous une loi, qui m'oblige d'avoir avec vous de la ressemblance. Votre partage est la Sainteté ; le Nom que vous portez est Saint ; les Anges qui vous servent, et les Bienheureux qui vous louent, sont eux-mêmes Saints ; et ne choisissent pour le principal objet de leurs éloges que la Sainteté infinie qu'ils voient en vous. Il est donc d'une souveraine équité et même d'une nécessité absolue, que ceux que vous destinez à être un jour associés au même bonheur, et à la même gloire soient véritablement Saints.
Loin d'ici tous les vains titres du monde, tous les noms ambitieux par où l'orgueil humain tâche à relever sa bassesse. Rien n'est grand devant Dieu que la Sainteté ; rien n'entrera dans le Ciel pour jouir de Dieu que la Sainteté.
Mais sur ce pied-là, que deviendrai-je, hélas ! moi, qui suis si éloigné de la Sainteté ; moi, qui n'ai jamais bien compris que la Sainteté fut pour moi, ni que je fusse absolument et nécessairement obligé de l'acquérir ; moi enfin, qui ne suis pas sûr d'avoir encore atteint au premier degré de la vertu et de la Sainteté. Ah ! il est temps de penser à moi. Il est plus que temps de m'efforcer à parvenir à la Sainteté et quoiqu'il m'en coûte.

II. Point. Ne perdons cependant pas courage, et ne plaçons point la Sainteté sur des rochers inaccessibles. Rien de ce qui est difficile à obtenir parmi les biens temporels n'est nécessaire pour être Saint. On n'a besoin ni de richesses, ni de dignités, ni d'une haute naissance, ni de grands talents, ni d'une grande réputation, ni de beaucoup d'esprit. Il faut un cœur droit qui aime Dieu, une âme simple, douce, humble, docile, qui soit fidèle à sa Loi, et soumise à sa Providence, et qui regarde en tout sa volonté. C'en est assez pour le salut et pour la Sainteté. Levons les yeux ; voyons ceux qui occupent maintenant les premières places du Royaume céleste, et disons-nous à nous-mêmes, comme Saint Augustin ; âme lâche, ne pourras-tu pas faire, si tu le veux, aidée de la grâce, ce que ceux-ci et celles-là ont fait ? Animons-nous par la vue de la récompense. Cette vue n'est point opposée à la pureté de l'amour ; puisque l'objet de la récompense est le même Dieu que nous aimons.
Il est vrai qu'il ne récompensera que la Sainteté ; mais il est vrai qu'il récompensera toute Sainteté, et tout ce qui sert à y parvenir ; un verre d'eau donné en son Nom ; un soupir poussé vers lui ; un regard porté au Ciel ; une victoire sur l'humeur ; une légère souffrance, portée patiemment ; un mépris, un rebut enduré sans murmure. Tout est écrit, toute est reçu ; il tiendra compte de tout ce dont il aura été le principe et la fin. Qu'on est heureux d'avoir à faire à un si bon Maître ? que le Dieu d'Israël est bon à ceux qui ont le cœur droit ? Commençons, mon âme ; et ne finissons point que nous ne soyions parvenus où Dieu nous veut, et où il nous attend. Ainsi soit-il.


Autres réflexions sur la Fête de tous les Saints

Nous sommes appelés à un Royaume, dont la première Loi est celle d'être Saint. Nous sommes faits pour aimer et pour servir un Dieu, dont la plus forte inclination est celle de sanctifier les hommes. Nous sommes destinés à une gloire, que le Seigneur ne donne qu'à ceux qui l'aiment, et qui lui ressemblent.
Soyons donc Saints, parce que notre Dieu est Saint. C'est la qualité dont il se glorifie le plus dans l'Écriture. Le Ciel qu'il habite, et qu'il remplit de sa Majesté est Saint. L'occupation qu'il s'y donne est d'y couronner par sa Justice ceux qu'il a rendus Saints par sa grâce. Nous devons être Saints, nous le devons par tous les motifs imaginables. Nous pouvons être Saints, la grâce est prête à faire en nous ce grand ouvrage ; elle ne demande que notre humble docilité, et notre constante fidélité. Disons avec l'Apôtre : Je puis tout avec celui qui me fortifie. Il ne faut pas nous contenter d'être vertueux, il faut vouloir être parfaits.



Reportez-vous à Sur l'institution de la fête de la Toussaint, Grandeur des Saints, Culte des Saints, Pensons souvent à notre destinationInstruction sur la Fête de tous les Saints, Les Attributs de Dieu qui font la Béatitude des Saints dans le Ciel, Le Jour de la Toussaint : Méditation sur le bonheur du ciel, 1re Méditation pour la Fête de Tous les Saints : Bienheureux les pauvres d'esprit, parce que le royaume des cieux est à eux, 2e Méditation pour la Fête de Tous les Saints : J’entendis dans le ciel comme la voix d'une grande multitude, 3e Méditation pour la Fête de Tous les Saints : Application des sens, Méditation pour le Jour de la Commémoration des morts, Sentiments et prières à l'occasion de la mort d'une personne qui nous était spécialement chère, Litanies pour les Fidèles Trépassés, Chapelet pour le repos des âmes du Purgatoire, Exercice sur les quatorze stations du chemin de la Croix pour les âmes du Purgatoire, Défendre le Cimetière, Tu es poussière et tu retourneras en poussière, Enseignement de l'Église sur le Purgatoire, Méditation pour le jour des morts, Litanies de la bonne mort, Méditation sur la peine qu'on endure dans le purgatoire, La Sainte Vierge Marie, Mère de Miséricorde, Dévotion en faveur des âmes du Purgatoire, Les indulgences pour les fidèles défunts, Offrir sa journée pour les âmes du Purgatoire, La pensée du Purgatoire doit nous inspirer plus de consolation que d'appréhension, Nous devons secourir tous les morts, même ceux que nous croyons déjà au Ciel, Méditation sur la durée des souffrances du purgatoire et l'oubli des vivants à l'égard des morts, Nous devons secourir tous les morts, même ceux que nous croyons déjà au Ciel, Être en état de grâce pour que nos prières soient utiles aux âmes du Purgatoire, Les différents moyens de soulager les morts, Quelles sont les âmes qui vont en purgatoire, La pensée du Purgatoire nous instruit sur la gravité du péché véniel, De la méditation de la mort, La pensée du purgatoire nous prouve la folie de ceux qui ne travaillent pas à l'éviter, Pour éviter le purgatoire endurons nos afflictions en esprit de pénitence, Le Purgatoire, motif de patience dans les maladies, Méditation sur les motifs qui doivent nous engager à secourir les âmes du purgatoire (1/4), Les indulgences, troisième moyen propre à secourir les âmes du Purgatoire, La voie qui conduit au Ciel est étroite, et Litanie pour les âmes du Purgatoire.

















Instruction sur la Fête de tous les Saints



Extrait de "L'Esprit de l’Église dans le cours de l'année Chrétienne" :



Les Saints (Fra Angelico)
Après que l'Église a arrangé dans le cours de l'Année les Fêtes des Saints, et qu'elle les a placées ordinairement au jour de leur mort, qu'elle appelle avec vérité le jour de leur naissance dans le Ciel, parce qu'alors ils ont commencé à jouir d'une meilleure vie, elle réunit toutes ces Solennités dans une seule, et nous présente dans un seul point de vue les objets qu'elle nous avait montrés séparément. Elle a eu plusieurs raisons d'en user ainsi.
La première, pour nous donner lieu de réparer la négligence que nous avons eue envers ces amis de Dieu, que nous n'avons pas honorés comme nous le devons, et dont nous avons laissé passer les Fêtes, sans peut-être y faire la moindre attention.
La seconde, pour relever notre courage, et pour nous animer à la vue de la gloire dont les Saints jouissent, après avoir éprouvé comme nous les misères et les tentations de la vie présente.
La troisième, pour confondre notre lâcheté par les grands exemples qu'ils nous ont donnés ; rien n'étant plus propre à nous fermer la bouche sur les vains prétextes qui nous arrêtent, que cette nuée de témoins de tout âge, de tout sexe, de toute condition et de tout état, qui déposeraient contre nous, si nous osions dire que nous ne pouvons pas faire ce qu'ils ont fait.
La quatrième, pour nous faire voir de quel poids et de quelle force est pour nous auprès de Dieu l'intercession d'un si grand nombre de personnes, qui lui sont si chères, si nous les invitions, comme il faut, à employer en notre faveur leurs prières et leur crédit.
Honorons donc les Saints ; invoquons les Saints ; imitons les Saints. Le jour de cette Fête, l'Église commence la prière pour les Morts. Elle manifeste par là la foi du Purgatoire, dont elle ordonne la croyance. Elle fait éclater sa charité, en s'intéressant à l'état pénible des âmes de ses Enfants, que le feu achève de purifier, et elle marque l'union que tous les Fidèles ont entre eux sous leur Chef adorable, qui est Jésus-Christ dans ce que nous appelons l'Église triomphante, l'Église souffrante, l'Église militante.


Reportez-vous à Instruction sur la Fête de la Commémoration des Morts, Sentiments qui doivent nous animer et résolutions à prendre le jour de la Toussaint, Grandeur des Saints, Culte des Saints, Sur la sainteté, Pensons souvent à notre destinationLes Attributs de Dieu qui font la Béatitude des Saints dans le Ciel, Méditation sur la Fête de tous les Saints : Vous devez être Saints, parce que moi-même je suis Saint, Le Jour de la Toussaint : Méditation sur le bonheur du ciel, 1re Méditation pour la Fête de Tous les Saints : Bienheureux les pauvres d'esprit, parce que le royaume des cieux est à eux, 2e Méditation pour la Fête de Tous les Saints : J’entendis dans le ciel comme la voix d'une grande multitude, 3e Méditation pour la Fête de Tous les Saints : Application des sens, Saint Philippe de Néri : Que faites-vous maintenant ?... Et après ?, Méditation pour le Jour de la Commémoration des morts, La mort est ordinairement conforme à la vie : L'exemple de deux Curés, Sentiments et prières à l'occasion de la mort d'une personne qui nous était spécialement chère, Litanies pour les Fidèles Trépassés, Chapelet pour le repos des âmes du Purgatoire, Exercice sur les quatorze stations du chemin de la Croix pour les âmes du Purgatoire, Défendre le Cimetière, Tu es poussière et tu retourneras en poussière, Enseignement de l'Église sur le Purgatoire, Méditation pour le jour des morts, Litanies de la bonne mort, Méditation sur la peine qu'on endure dans le purgatoire, La Sainte Vierge Marie, Mère de Miséricorde, Dévotion en faveur des âmes du Purgatoire, Les indulgences pour les fidèles défunts, Offrir sa journée pour les âmes du Purgatoire, La pensée du Purgatoire doit nous inspirer plus de consolation que d'appréhension, Nous devons secourir tous les morts, même ceux que nous croyons déjà au Ciel, Méditation sur la durée des souffrances du purgatoire et l'oubli des vivants à l'égard des morts, Nous devons secourir tous les morts, même ceux que nous croyons déjà au Ciel, Être en état de grâce pour que nos prières soient utiles aux âmes du Purgatoire, Les différents moyens de soulager les morts, Quelles sont les âmes qui vont en purgatoire, La pensée du Purgatoire nous instruit sur la gravité du péché véniel, De la méditation de la mort, La pensée du purgatoire nous prouve la folie de ceux qui ne travaillent pas à l'éviter, Pour éviter le purgatoire endurons nos afflictions en esprit de pénitence, Le Purgatoire, motif de patience dans les maladies, Méditation sur les motifs qui doivent nous engager à secourir les âmes du purgatoire (1/4), Les indulgences, troisième moyen propre à secourir les âmes du Purgatoire, La voie qui conduit au Ciel est étroite, et Litanie pour les âmes du Purgatoire.















L'erreur qui consiste à croire que la vie d'ici-bas c'est la vie, est de toutes les erreurs la plus radicale, la plus cruelle, la plus désastreuse et malheureusement la plus répandue de nos jours



Extrait de « La vie n'est pas la vie » de Mgr Gaume :






PREMIÈRE LETTRE



MON CHER FRÉDÉRIC,

Si j'avais cent poitrines et cent voix, je ne cesserais de crier : Ô hommes, mes amis et mes frères ! l'erreur la plus radicale, la plus cruelle, la plus désastreuse et malheureusement la plus répandue de nos jours, est de croire que la vie d'ici-bas c'est la vie.
Voilà, mon ami, le Goliath contre lequel tu dois combattre ; non-seulement toi, mais tout homme et toute femme venant en ce monde. La lutte sera de tous les jours, de toutes les heures. Pour la soutenir, tu emploieras non-seulement les armes que je t'ai fournies dans nos premières correspondances, mais toutes celles que l'Église elle-même t'a données. À la manier, tu devras mettre toute l'énergie de tes puissances : ta raison, ta foi, ta volonté.
La lutte est décisive. Ton bonheur ou ton malheur en dépend : c'est toi-même qui es l'enjeu du combat.
La lutte est à outrance. Comme dans les anciens combats de gladiateurs, appelés sans rémission, sine remissione, point de quartier pour le vaincu : il faut qu'il meure sur le champ de bataille.
Tu te récries peut-être, et tu pourrais supposer que j'ai voulu t'inspirer de craintes vaines ou exagérées. Afin de te prémunir contre cette tentation, nous allons reprendre un à une les caractères assignées à la grande erreur, ta mortelle ennemie. Tu jugeras s'ils lui conviennent : je m'en rapporte à toi.
Avant de commencer, laisse-moi dire en quelques morts toute ma pensée sur notre nouvelle correspondance. T'apprendre à combattre n'est pas le seul but que je me propose : je voudrais encore détromper, consoler, éclairer, encourager. Détromper ceux qui croient que la vie d'ici-bas, c'est la vie ; consoler ceux qui, regardant la vie d'ici-bas comme la vie, sont effrayés ou inconsolables de la mort ; éclairer ceux qui se font illusion sur la nature et le but de la vie d'ici-bas ; encourager à la conquête de la vraie vie les pèlerins de la terre. Telles sont mes visées. Dieu veuille que je ne reste pas trop au-dessous !

Cela dit, venons au fait.

1. L'ERREUR QUI CONSISTE À CROIRE QUE LA VIE D'ICI-BAS C'EST LA VIE, EST LA PLUS RADICALE DE TOUTES LES ERREURS. — Je dis radicale, parce qu'elle est la première. Tandis que les autres erreurs ne se produisent qu'avec l'âge, celle-ci tend à s'emparer de l'homme dès l'enfance. Enveloppée dans les sens, comme le corps dans les langes, la raison à moitié éveillée, ne connaît, pendant les premières années, d'autre vie que la vie d'ici-bas. Pour la désabuser, ou, si tu veux, pour l'éclairer, il faut du temps et beaucoup de soins.
Radicale. À la différence des autres erreurs qui ne portent, en général, que sur quelques points particuliers, ou n'atteignent que la surface de l'âme, celle-ci attaque l'homme dans le plus intime de son être, la notion même de la vie, et, l'attaquant ainsi, elle le fascine. Son charme trompeur désoriente la raison, désoriente la volonté, désoriente le cœur, fausse toute l'existence et finit par attirer sa victime dans la gueule de l'antique serpent. L'anecdote suivante te fera comprendre ma pensée.
Jeune écolier, j'étais en vacances. C'était au mois de septembre : les noisettes étaient mûres. Il était connu que les plus belles se trouvaient sur le flanc d'une montagne exposée aux rayons du midi. Quelques arbres, beaucoup d'arbustes, des broussailles et des ronces masquaient le pied de rochers abrupts, dénudés par la pluie et dont les recoins, parfaitement abrités, servaient de repaires à des reptiles plus ou moins dangereux. Un de mes camarades et moi nous nous engageons gaiement dans la montagne, cherchant des yeux, à droite et à gauche, des noisetiers à dévaliser.
À peine avons-nous fait quelques pas, et nous apercevons à la cime d'un jeune frêne un pinson qui poussait de petits cris plaintifs, battait des ailes et descendait de branche en branche, sans remarquer notre présence ou sans en être effrayé.
Nous nous arrêtâmes à regarder ce spectacle, dont la cause nous était inconnue. Cependant l'oisillon descendait toujours et arrivait presque à la hauteur de nos têtes, lorsque, baissant les yeux, nous vîmes au pied de l'arbre une vipère d'assez forte taille, immobile, la tête haute et les yeux fixés dans ceux de l'oiseau. Elle le fascinait, et, en le fascinant, l'attirait dans sa gueule. Nous comprîmes ; et d'un mouvement de bras, coupant le rayon visuel, nous rompîmes le charme. Le serpent s'enfuit, et l'oiseau délivré prit son essor, non sans nous remercier beaucoup et avec raison ; car un instant plus tard il était perdu.
L'effet produit sur l'oiseau par le regard fascinateur du serpent, l'erreur qui consiste à prendre la vie d'ici-bas pour la vie, le produit sur les malheureux dont elle s'empare. Victimes de cette erreur radicale, ils ne voient plus rien au-delà de cette vie ; au-delà des affaires de cette vie, rien ; au-delà des occupations de cette vie, rien ; au-delà des biens et des maux, des joies et des peines de cette vie, rien.
Pour eux tout est renfermé dans les étroites limites du temps. Qu'on essaye de leur parler d'une autre vie, d'autres intérêts, d'autres biens, d'autres maux : comme l'oiseau fasciné, ils ne voient rien, ils n'entendent rien. Ils vont, ils vont toujours dans la voie où le charme trompeur les attire.
Veux-tu, cher ami, t'en convaincre par toi-même ? Regarde-les à l'œuvre, observe leurs habitudes ; connais leurs préoccupations, leurs craintes, leurs ambitions, leurs douleurs. Lis leurs journaux, leurs livres, leurs discours publics ; prête l'oreille à leurs conversations intimes. Renouvelée dix fois, vingt fois, à toute heure et dans toutes circonstances, l'épreuve te rapportera la même réponse : Fascination, fascination de la bagatelle, fascinatio nugacitatis, qui les empêche de voir les biens réels, les maux réels, et surtout l'abîme vers lequel ils marchent, obscurat bona (Sap., IV, 12). Les infortunés ! Et chaque jour ils y tombent par milliers.

2° L'ERREUR QUI CONSISTE À CROIRE QUE LA VIE D'ICI-BAS C'EST LA VIE, EST LA PLUS CRUELLE DE TOUTES LES ERREURS. — Je dis cruelle, parce qu'elle dégrade l'homme et le rend malheureux : tu vas en juger.
Elle le dégrade. Certains aliénés qui, au lieu d'habiter les petites-maisons, circulent dans les régions, prétendues scientifiques, du monde moderne, sous le pseudonyme de savants, colportent sur l'homme d'étranges idées. Il y a environ cent ans, un de leurs maîtres prétendait que l'homme avait commencé par être carpe, et il se donnait lui-même pour un poisson perfectionné. Un autre disait que l'homme est une masse organisée qui reçoit l'esprit de tout ce qui l'environne, et il se croyait un tas de boue. Cinquante ans plus tard, un de leurs disciples définissait l'homme : un tube apéritif et digestif ouvert par les deux bouts, et il se regardait comme une simple machine.
Je dois te dire que ces définitions n'ont plus cours ; elles sont mortes avec leurs inventeurs.
Mieux élevés que leurs devanciers, les aliénés d'aujourd'hui ont découvert, grâce à la physiologie comparée, que l'homme descend du singe. Au lieu d'admettre notre noble descendance et de dire avec tout le genre humain : nous sommes de notre père, qui fut de Noé, qui fut d'Adam, qui fut de Dieu, ils se croient fils, petits fils, arrière-petits-fils de quelque gorille à longue queue et à museau pointu, solitaire habitant des déserts africains. Et ils se donnent pour des singes perfectionnés : ils y tiennent, et s'efforcent de le persuader à eux-mêmes et aux autres.
À vrai dire, en voyant leurs instincts et leurs gambades, on serait tenté de leur reconnaître une pareille généalogie.
Mais non. « Âme abjecte, leur dit Rousseau, tu veux en vain t'avilir : c'est ta triste philosophie qui te rend semblable aux bêtes ; mais ton génie dépose contre tes principes, et l'abus même de tes facultés prouve leur excellence en dépit de toi. »
N'en déplaise à cette poignée de petits gorilles, l'homme forme une espèce à part dans la chaîne des êtres : il est la créature la plus noble du monde visible. Doué de raison et de liberté, il est le roi de tout ce qui l'environne. Si, par son corps, chef d'œuvre d'une puissance et d'une sagesse infinies, il touche aux êtres matériels, c'est pour les dominer ; tandis que, par son âme, mille fois plus noble que son corps, il touche aux êtres purement spirituels ; et c'est pour s'ennoblir. Qui dira sa dignité ?
Noblesse oblige : qui dira l'étendue de ses devoirs ?
Toutefois la grandeur de l'homme disparaît devant celle du chrétien. Enfant de Dieu, héritier de Dieu : tel est le chrétien. Comprends-tu, mon cher ami, une pareille grandeur ? Être fils d'un roi, c'est quelque chose : mais être enfant de Dieu !
Être héritier présomptif de riches trésors, de vastes domaines, de magnifiques châteaux, d'un nom glorieusement historique, c'est quelque chose : être héritier des cinq parties du monde, serait beaucoup plus. Mais être héritier de Dieu, non-seulement de ses biens, mais de lui-même, de sa puissance, de sa sagesse, de sa majesté, de ses félicités infinies, au point de devenir un avec lui : quel héritage ! La raison s'y perd.
Or cet homme si grand, ce chrétien mille fois plus grand que l'homme, cet être immortel dont les destinées sont si hautes, ce Dieu de la terre, vassal seulement du Dieu du Ciel, post Deum terrenus Deus, que fait de lui l'erreur dont nous parlons ? Elle en fait un preneur de mouches, un tisserand de toiles d'araignée, un cheval de manège.
Le temps ne me permet pas de te le montrer aujourd'hui dans l'exercice de ces nobles métiers. À demain.

Tout à toi.



Reportez-vous à Sur la pensée de la mortPremière méditation de préparation à la mort : Rends-moi compte de ton administrationSeconde méditation de préparation à la mort : Voici l'époux qui vient ; allez au-devant de luiTroisième méditation de préparation à la mort : Que me présenteront le passé, le présent et l'avenir ?Saint Philippe de Néri : Que faites-vous maintenant ?... Et après ?, Les Attributs de Dieu qui font la Béatitude des Saints dans le Ciel, Méditation sur la Fête de tous les Saints : Vous devez être Saints, parce que moi-même je suis Saint, La mort est ordinairement conforme à la vie : L'exemple de deux Curés, Défendre le Cimetière, Bénédiction du Cimetière, Puissance des démons sur les morts, Nos devoirs à l'égard du Cimetière, Le Cimetière au XIXe siècle : Le corps chef-d’œuvre de Dieu, Enterrements autour des églises, Immortalité de l'âme, Cérémonies de L’Église et prière pour les morts, Comment les peuples païens ont dissipé une grande partie du patrimoine de vérités reçu des pères du genre humain, mais ont conservé le dogme de l'existence et de l'immortalité de l'âme, Par son nom, le cimetière prêche la résurrection de la chair, Méditation sur les défauts qui rendent infructueuse notre piété envers les morts, Premier moyen propre à soulager les âmes du Purgatoire : Le Saint Sacrifice de la Messe, Méditation sur la piété envers les morts, toute chrétienne et cependant inutile, Méditation sur la peine qu'on endure dans le purgatoire, Exercice sur les quatorze stations du chemin de la Croix pour les âmes du Purgatoire, Sentiments et prières à l'occasion de la mort d'une personne qui nous était spécialement chère, Litanies pour les Fidèles Trépassés, Chapelet pour le repos des âmes du Purgatoire, Méditation pour le Jour de la Commémoration des morts, Tu es poussière et tu retourneras en poussière, Le Jour de la Toussaint : Méditation sur le bonheur du ciel, 1re Méditation pour la Fête de Tous les Saints : Bienheureux les pauvres d'esprit, parce que le royaume des cieux est à eux, 2e Méditation pour la Fête de Tous les Saints : J’entendis dans le ciel comme la voix d'une grande multitude, 3e Méditation pour la Fête de Tous les Saints : Application des sens, Enseignement de l'Église sur le Purgatoire, Méditation pour le jour des morts, Litanies de la bonne mort, La Sainte Vierge Marie, Mère de Miséricorde, Dévotion en faveur des âmes du Purgatoire, Les indulgences pour les fidèles défunts, Offrir sa journée pour les âmes du Purgatoire, La pensée du Purgatoire doit nous inspirer plus de consolation que d'appréhension, Nous devons secourir tous les morts, même ceux que nous croyons déjà au Ciel, Méditation sur la durée des souffrances du purgatoire et l'oubli des vivants à l'égard des morts, Nous devons secourir tous les morts, même ceux que nous croyons déjà au Ciel, Être en état de grâce pour que nos prières soient utiles aux âmes du Purgatoire, Les différents moyens de soulager les morts, Quelles sont les âmes qui vont en purgatoire, La pensée du Purgatoire nous instruit sur la gravité du péché véniel, De la méditation de la mort, La pensée du purgatoire nous prouve la folie de ceux qui ne travaillent pas à l'éviter, Pour éviter le purgatoire endurons nos afflictions en esprit de pénitence, Le Purgatoire, motif de patience dans les maladies, Méditation sur les motifs qui doivent nous engager à secourir les âmes du purgatoire (1/4), Les indulgences, troisième moyen propre à secourir les âmes du Purgatoire, Vision de l'Enfer de Sainte Thérèse d'Avila, La voie qui conduit au Ciel est étroite, et Litanie pour les âmes du Purgatoire.