vendredi 8 février 2019

Méditation sur les différentes manières de prier







1er point. On distingue quatre sortes de prières : 1°, la prière de l'esprit : 2°, celle du cœur : 3° celle de la parole : 4°, celle des œuvres. La première se fait par la réflexion, ou ce qui revient au même, par la méditation des vérités du salut : c'est prier que d'appliquer son esprit à Dieu, et à tout ce qui se rapporte à son service et à sa gloire. La seconde se fait par l'affection et par le sentiment : c'est prier que d'attacher son cœur à Dieu par des actes de foi, d'espérance et de charité ; par des actes de confiance en sa miséricorde, et de soumission à sa volonté. La troisième se fait par des discours articulés ; c'est ce qu'on appelle prière vocale : on ne doit l'employer que pour soutenir l'attention de l'esprit et les sentiments du cœur : si cette attention manque, on parle sans prier. La quatrième enfin, se fait par les œuvres, quand elles sont faites pour plaire à Dieu.


2e point.
 Excellence de la prière des œuvres. Saint Augustin disait : Que celui qui sait bien prier, sait bien vivre. Et l'on peut dire également, que quiconque saura bien vivre saura bien prier ; puisque ces occupations extérieures que Dieu nous prescrit, loin d'être des obstacles au saint exercice de la prière, qui sollicitent en notre faveur la miséricorde de Dieu, et qui l’engagent à nous être propice. Le Royaume de Dieu ne consiste pas dans les paroles ; mais dans les effets ; et l'Ange disait à Tobie, qu'il avait présenté au Trône de Dieu ses œuvres de charité comme un encens agréable.



Reportez-vous à Avis le plus utile de tous : Priez !, Méditation sur le succès de nos prières, Petits exercices de piété, Méditation sur le Sacrifice de la Messe, Méditation sur le respect que l'on doit à Dieu dans ses Temples, Méditation sur les distractions involontaires, Méditation sur l'attention que l'on doit à Dieu dans la Prière, Méditation sur la nécessité de la Prière, Méditation sur les Prières des pécheurs, Méditation sur l'efficacité de la Prière, Méditation sur l'abandon de la prière, Méditation sur l'inefficacité de nos prières, Méditation sur les Prières de Jésus-Christ, Méditation sur la présence de Dieu, Méditation sur l'oubli de la présence de Dieu, Méditation sur l'attention continuelle à la présence de Dieu, Méditation sur le soin qu'un Chrétien doit avoir de la réputation du prochain, Méditation sur le mensonge, Méditation sur les mensonges officieux, Méditation sur la sainteté de Dieu, Méditation sur la Médisance, Méditation sur les péchés de la langue, Méditation sur la curiosité, Méditation sur la fausseté des jugements téméraires, Méditation sur les défauts qui rendent un jugement téméraire, Méditation sur les Prières que l'on adresse à Dieu pour ses besoins temporels, Méditation sur les dispositions où doit être un Chrétien quand il demande à Dieu des grâces temporelles, Méditation sur la soumission à la volonté de Dieu, Méditation sur le Jugement de Dieu, Méditation sur la justice de Dieu, Méditation sur la connaissance des vertus et des vices, Méditation sur la vraie pénitence, Méditation sur le respect humain, Méditation sur les péchés d'ignorance, Méditation sur l'aveuglement de la Conscience, Méditation sur la passion dominante, Méditation sur les moyens de connaître les passions dominantes, Méditation sur la fuite des occasions prochaines du péché, Méditation sur les divertissements du monde, Méditation sur la grandeur d'âme, Méditation sur l'humilité des Saints, Méditation sur la pratique de l'humilité Chrétienne, Méditation sur l'ignorance de l'homme à l'égard de l'état de grâce, Méditation sur les petites actions de Vertu, Méditation sur l'habitude des fautes légères, Méditation sur l'attache au péché véniel, Méditation sur la distinction du péché mortel et du péché véniel, Méditation sur les jugements du monde, Méditation sur la gloire du monde, Méditation sur l'application aux devoirs de son état, Méditation sur le mérite attaché à la pratique des devoirs de son état, Méditation sur le motif qui doit nous conduire dans la pratique des devoirs de notre état, Méditation sur les dangers propres de chaque état, Méditation sur les vertus qu'on exerce en pratiquant les devoirs de son état, et Méditation sur l’œil qui scandalise.













Litanies de la Croix




Seigneur, ayez pitié de nous.
Jésus-Christ, ayez pitié de nous.
Seigneur, ayez pitié de nous.

Jésus-Christ, écoutez-nous.
Jésus-Christ, exaucez-nous.

Père céleste, notre Dieu, ayez pitié de nous.
Fils, rédempteur du monde, notre Dieu, ayez pitié de nous.

Ô Croix sainte de notre Sauveur, sanctifiez les justes et convertissez les pécheurs.
Ô Croix sainte consacrée par les vertus de J.-C, sanctifiez les justes et convertissez les pécheurs.
Ô Croix très-sainte, qui avez porté entre vos bras le corps adorable de Jésus-Christ, sanctifiez les justes et convertissez les pécheurs.
Ô Croix sainte, teinte du sang de Jésus-Christ, sanctifiez les justes et convertissez les pécheurs.
Ô Croix sainte, qui êtes l'arbre de la vie, la voix du ciel et la clef du paradis, sanctifiez les justes et convertissez les pécheurs.
Ô Croix sainte, digne du respect et de l'amour de tous les hommes, sanctifiez les justes et convertissez les pécheurs.
Ô Croix sainte, qui offrez à nos yeux le tableau de toutes les vertus, sanctifiez les justes et convertissez les pécheurs.
Ô Croix sainte, qui êtes la consolation des affligés, sanctifiez les justes et convertissez les pécheurs.
Ô Croix sainte, qui mettez les démons en fuite, sanctifiez les justes et convertissez les pécheurs.
Ô Croix sainte, qui procurez la victoire à ceux qui sont tentés, sanctifiez les justes et convertissez les pécheurs.
Ô Croix sainte, l'unique espérance des pécheurs, sanctifiez les justes et convertissez les pécheurs.
Ô Croix sainte, qui êtes le sceau des élus, sanctifiez les justes et convertissez les pécheurs.
Ô Croix sainte, ô vous que tous les saints ont désirée ! sanctifiez les justes et convertissez les pécheurs.

Soyez-nous propice, pardonnez-nous, Seigneur.
Soyez-nous propice, exaucez-nous, Seigneur.

De tout mal, délivrez-nous, Seigneur.
De la damnation éternelle, délivrez-nous, Seigneur.
Par votre sainte Croix, délivrez-nous, Seigneur.
Par la Croix à laquelle vous avez été cloué et où vous êtes mort, délivrez-nous, Seigneur.
Par l'invention de votre sainte Croix, délivrez-nous, Seigneur.
Par l'exaltation de votre sainte Croix, délivrez-nous, Seigneur.

Délivrez-nous, Seigneur, au jour du jugement.
Nous vous en supplions, tout pécheurs que nous sommes, écoutez-nous, Seigneur.
Nous vous supplions de nous pardonner.
Usez d'indulgence à notre égard, nous vous en supplions, écoutez-nous, Seigneur.
Élevez nos âmes au désir des choses célestes, nous vous en supplions, écoutez-nous, Seigneur.
Fils de Dieu, nous vous en supplions, écoutez-nous.

Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde, Seigneur, pardonnez-nous.
Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde, Seigneur, exaucez-nous.
Agneau de Dieu qui effacez les péchés du monde, Seigneur, ayez pitié de nous.


ORAISON ET HOMMAGE A LA CROIX

Ô croix vénérable, ouvrage tout à la fois et de l'amour d'un Dieu et de la cruauté des hommes ! Croix, objet des désirs de Jésus-Christ, le terme de ses travaux, le théâtre de ses opprobres, ainsi que le trophée de ses victoires, le lit de douleur où il nous a enfantés à la grâce, la chaire où il nous a enseigné le chemin du ciel, l'autel où il s'est sacrifié pour notre salut : Croix sacrée, qui avez été le glorieux instrument de notre rédemption, qui avez réconcilié le ciel avec la terre, Dieu avec les pécheurs ; Croix précieuse, qui avez été prêchée à toutes les nations, qui avez été révérée de tous les peuples, et qui du lieu du supplice avez passé sur les autels du Très-Haut ; Croix admirable qui offrez à nos yeux un prodige de miséricorde, un parfait modèle de pénitence, un tableau accompli de toutes les vertus ; Croix salutaire, vrai trésor de grâces, l'asile des malheureux, la consolation des affligés, le soulagement des pauvres, le refuge des pêcheurs, la confiance des agonisants ; Croix divine, le bouclier de l'Église militante, le salut de l'Église souffrante, l'étendard de l'Église triomphante, la terreur de l'Enfer, la clef du Paradis, le grand livre des Saints et des prédestinés, l'objet enfin de la vénération des anges et des hommes; encore une fois, divine Croix, recevez en ce moment les hommages de ma foi, de mon dévouement et de mon amour. Je me consacre entièrement à vous et m'attache pour toujours à vous, comme mon Sauveur s'y est attaché par amour pour moi. Je m'attache à vous, de cœur et d'esprit, et, s'il se pouvait, de tout mon corps, vous priant instamment, par ce tendre baiser, que j'ose appliquer à votre bois sacré, et encore par la vertu de ce sang précieux dont vous avez été arrosée, de me prendre désormais sous votre sauvegarde, d'être mon soutien dans les peines, ma force dans les tentations, mon conseil dans les doutes, ma lumière dans les ténèbres, ma règle de conduite pendant ma vie, ma confiance et le gage de mon salut à ma mort. Ainsi soit-il.


LES COMMANDEMENTS DE LA CROIX

1. Les plaisirs tu abhorreras,
Et renonceras fortement.
2. Ta propre chair crucifieras,
Et ton esprit pareillement.
3. Nulle peine n'éviteras,
Et ne fuiras aucunement.
4. Jamais de croix ne recevras
Sans les baiser bien humblement.
5. De vivre ne souhaiteras,
Qu'afin de souffrir seulement.
6. Jusqu'à la mort ne cesseras
De souffrir volontairement.
7. Jamais trop souffrir ne croiras,
Quoique tu souffres grandement.
8. En souffrant ne t'affligeras,
De manquer de soulagement.
9. Tes souffrances sanctifieras,
En les portant joyeusement.
10. En toutes façons souffriras
Et de tous indifféremment.




Reportez-vous à Méditation pour la Fête de l'Exaltation de la Croix, Consolations du Chrétien dans les souffrances, Litanies de la Passion, Sur la croix, Jésus crucifié est le Livre des ÉlusLitanies du Saint-Sacrement, et Méditation sur l'obligation de porter sa croix.













mardi 5 février 2019

PETITS EXERCICES DE PIÉTÉ


Prières tirées de "Délices des pèlerins de la Louvesc ou Exercices de Dévotion qui se font à la Louvesc, et des réflexions spirituelles de J.M.B. Vianney, Curé d'Ars" :





AVANT LE TRAVAIL

Divin Jésus, vous vous êtes assujetti au travail et à la souffrance, pour expier mes péchés, animez-moi de cet esprit de pénitence. Acceptez mon travail et mes fatigues pour l'expiation de mes péchés ; ou bien : C'est pour l'amour de vous, ô mon Dieu, que je veux faire toutes mes actions.


OBSERVATIONS POUR LE REPAS

Ne manquez jamais de demander à Dieu, la bénédiction de vos repas, dites :

Mon Dieu, bénissez-moi ainsi que la nourriture que je vais prendre, et faites-moi la grâce d'en user pour votre plus grande gloire et mon salut.

Ô Jésus, soyez la nourriture de mon âme et la vie de mon corps.

Si vous vous trouvez tenté de manger avec avidité, il faut vous arrêter tout court, élever votre cœur à Dieu, et gémir devant lui de ce que vous êtes si facile à répandre votre cœur en affections terrestres. Représentez-vous Jésus-Christ, mangeant avec ses disciples, prenez-le pour modèle. Faites attention à ce que l'âme ne se livre point à la sensualité. On peut s'élever à Dieu en disant :

Mon adorable Sauveur, vous avez été abreuvé de fiel et de vinaigre ; oh ! ne permettez pas que je me laisse aller à l'intempérance.

Pendant les conversations, redoubler d'attention, maintenir son cœur en la présence de Dieu et dire :

Ô Jésus, qui avez bien voulu converser avec les hommes sur la terre, animez-moi des sentiments que vous aviez dans vos conversations.
Seigneur, mettez une sentinelle à mon cœur et une garde à ma bouche, afin que je ne dise rien qui puisse vous déplaire. Oh ! quand sera-ce, mon Dieu, que je ne parlerai plus que de vous et avec vous !


DANS L'AFFLICTION

Vous le voulez ainsi, mon Dieu, vous le permettez, et bien ! je le veux aussi ; je vous adore et me soumets. Mon père, que votre volonté soit faite, et non la mienne.


DANS LES TENTATIONS

Jésus, mon Dieu, venez à mon secours, sauvez-moi, je vais périr.
Jésus fils de David, ayez pitié de moi.


SAINTE CATHERINE DE SIENNE S'ÉCRIAIT EN FACE DE LA TENTATION

Je me confie en notre Seigneur Jésus-Christ et non en moi-même.


DÈS QUE VOUS AUREZ OFFENSÉ DIEU, ÉCRIEZ-VOUS :

Hélas ! mon Dieu, encore une nouvelle faute, ne vous lassez pas de me supporter, ô mon Dieu infiniment bon. Je me repens et je vous offre en expiation de cette faute la pénitence que Jésus-Christ a faite.
Mon Dieu, soyez-moi propice, parce que je suis un pécheur. Ou bien mettant la main sur son cœur : Pardonnez-moi, Seigneur, je me repens de vous avoir offensé.


QUAND VOUS VOYEZ OFFENSER DIEU

Mon Dieu, je vous demande pardon pour cette personne ; je vous prie de lui faire la grâce de se reconnaître, et à moi de ne plus vous offenser.


SI VOUS RECEVEZ QUELQUE OFFENSE

Mon Dieu, pardonnez-moi comme je lui pardonne.


EN SORTANT DE LA MAISON

Réglez mes pas, Seigneur, afin que je n'en fasse point dans l'iniquité.


EN MARCHANT

Divin Jésus, j'unis tous mes pas à ceux que vous avez faits pour moi, pendant votre vie mortelle, et en montant au Calvaire.


À LA VUE DU SOLEIL

Ô Jésus, soleil de justice, éclairez mon esprit de votre vive lumière.


À LA VUE DE LA CAMPAGNE

Hélas ! mon Dieu, serai-je toujours un arbre stérile ? Ne porterai-je jamais des fruits de pénitence et de charité ?


LORSQU'IL PLEUT

Jésus mon Sauveur, faites couler votre grâce dans mon cœur. Donnez-moi cette eau vive qui rejaillit jusqu'à la vie éternelle.
Ah ! quand les larmes que vous avez versées pour mes péchés en arracheront-elles d'efficaces de mon cœur ?


DEVANT LE FEU

Ô cœur de Jésus ! feu sacré qui brûlez toujours et ne vous éteignez jamais, embrasez-moi de votre amour.
Ah ! mon Sauveur, délivrez-moi du feu éternel que j'ai mérité par mes péchés.


À LA VUE DU CRUCIFIX

À quel excès vous m'avez aimé, mon Sauveur ! Oh ! que le péché vous a fait souffrir !
Jésus crucifié pour mon salut, sauvez-moi.


EN BAISANT LE CRUCIFIX

Ô douce croix recevez-moi, c'est par vous que mon Jésus m'a racheté, que par vous il me reçoive dans le ciel.


PASSANT DEVANT UNE CROIX ET FAISANT LE SIGNE DE LA CROIX

Je vous salue, auguste croix qui avez porté le Roi des rois. Je vous salue, Marie, qui avez porté le fruit de vie ; ou bien : Nous vous adorons, ô mon Sauveur, et nous vous bénissons, parce que vous nous avez rachetés, par votre sainte Croix.


À LA VUE DE QUELQUE IMAGE

Saints et Saintes qui régnez avec Jésus-Christ ; quand vous serai-je uni dans l'éternité ! Priez pour moi.


QUAND ON APPREND LA MORT DE QUELQU'UN

Mon Dieu faites-lui miséricorde par les mérites de Jésus-Christ.

Un De profundis, ou un Pater et Ave, pour le repos de son âme.

Quand vous apercevez un cimetière, priez Dieu pour ceux qui y reposent et dont les âmes sont en purgatoire.

Pater, Ave, ou un De profundis.


EN PRENANT UN LIVRE POUR FAIRE UNE LECTURE SPIRITUELLE

Parlez, Seigneur, votre serviteur vous écoute.


EN LE QUITTANT

Faites croître dans mon âme, ô mon Dieu ! la divine semence que vous venez d'y jeter. Je vous le demande au nom et par le sacré cœur de Jésus.


POUR LA PROPAGATION DE LA FOI

Ô mon Dieu daignez éclairer du flambeau de la foi tant de peuples qui sont assis à l'ombre de la mort : soyez la force des nouveaux chrétiens qui souffrent le martyre pour la sainte cause de votre Évangile et éclairez leurs persécuteurs.
Sauvez-nous Seigneur, nous périssons.
Ô Jésus, ne nous enlevez pas le céleste flambeau de la foi.


ENFIN, ADRESSEZ-VOUS QUELQUEFOIS PENDANT LE JOUR A VOTRE ANGE GARDIEN

Ô mon ange, mon cœur ne suffit pas pour vous aimer, il est trop petit. Je voudrais en avoir des millions, aussi grands que tout le monde, pour vous aimer de toute l'étendue de mes affections.


COURTE PRIÈRE POUR RÉSISTER, AUX MAUVAISES PENSÉES

Dieu tout-puissant et tout miséricordieux exaucez nos prières, et délivrez nos cœurs des pensées mauvaises dont nos esprits sont tourmentés, afin que nous puissions, en y résistant, devenir un temple digne de la demeure du Saint-Esprit. Brûlez, Seigneur, du feu sacré de votre esprit, nos âmes et nos corps, afin que nous soyons en état de vous servir avec un cœur pur et un corps chaste.


Nota.
Il n'y a aucun instant, ni le jour, ni la nuit, où dans l'univers, une multitude d'âmes pieuses n'adressent à Dieu de ferventes supplications ; c'est pourquoi il sera très-utile d'unir par la pensée vos prières aux leurs, surtout dans ces moments où l'âme, accablée d'angoisses et enveloppée de ténèbres et de tristesse, n'aperçoit plus aucune espèce de consolation. Vous offrirez ainsi à la divinité un concert de louanges, dont les moindres voix seront accueillies avec miséricorde, à cause de cette union de prières qui plait à Dieu, comme il l'a déclaré lui-même par ces paroles : « Toutes les fois que deux ou trois personnes seront assemblées en mon nom, je serai au milieu d'elles. » On pourra donc, dans ces moments de tristesse, réciter, avec fruit un Pater et un Ave, ou tout autre prière que la dévotion suggérera.




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lundi 4 février 2019

Dévotion aux Saints Anges : Avoir une grande confiance en la protection des saints Anges, et recourir à eux en tous ses besoins corporels et spirituels





Les noces de Sarra et Tobie

























Ceux qui se confient au Seigneur seront inébranlables comme le mont de Sion ; celui qui a établi sa demeure en la céleste Jérusalem, sera à jamais immuable en sa fermeté ; Dieu l'environne de montagnes sacrées, et le Seigneur se met lui-même à l'entour de son peuple. Or, ces montagnes, qui servent comme de boulevards et de forteresses imprenables, à l'âme qui met toutes ses espérances au Dieu des miséricordes, ne sont autres que les saints Anges : ce sont ces saintes montagnes du Psalmiste, dont il assure que lui venait son secours. Ô que bienheureuse est l'âme qui vit sous une telle protection ! elle sera délivrée des pièges des chasseurs ; les frayeurs nocturnes ne lui feront aucune peur ; elle ne recevra aucun mal de ces flèches qui volent durant le jour, ni des conseils qui se prennent dans les ténèbres, non plus que du démon du midi. Pendant que mille tombent à la droite, et dix mille à la gauche, elle demeurera ferme, parce qu'elle est à la garde des Anges : elle foulera aux pieds les aspics et les basilics ; elle marchera par-dessus le ventre des lions sans être endommagée. Sa demeure est si sûre et si élevée, que le mal n'en peut approcher ; elle volera comme les aigles au milieu des airs, sans aucune crainte, et prendra son essor jusqu'au plus haut des cieux, soutenue de ces glorieuses Puissances célestes. Qu'elle aille et qu'elle revienne, les Anges partout lui serviront de corps-de-garde ; ce sont ces soldats dont parle le prophète Zacharie, qui environnaient la maison du Seigneur : ils la tiendront au milieu d'eux, comme autrefois ce généreux Machabée, et la couvriront de leurs armes, faisant main basse sur ses adversaires, lançant des traits et des foudres redoutables sur tous ses ennemis.
Pourquoi donc craindre, disait autrefois saint Bernard, ayant des amis si fidèles, si sages et si puissants ? La joie soit toujours avec vous, disait saint Raphaël Archange à Tobie, je vous conduirai et reconduirai. Il est vrai que je ne vois pas comme nous pouvons jamais être tristes, étant assistés en toutes nos voies d'un si puissant secours. Que les monstres sortent pour nous dévorer, nos fidèles Gardiens nous en tireront sans peine. Que tout l'enfer conspire contre nous ; que tous les hommes s'arment pour nous détruire, nos cœurs doivent être sans frayeur, si les Chœurs des Anges nous donnent leur protection. Quelle douceur de penser à ce grand nombre d'Anges dont nous avons parlé dans le premier traité de ce petit ouvrage, et de savoir qu'ils sont tous au service des hommes ! Quelque part donc que j'aille, et en quelque lieu que je sois, j'ai les mille millions de ces soldats célestes qui veillent à ma défense. Ô mon âme ! pourquoi te troubles-tu ? pourquoi toutes ces inquiétudes ? Ne vois-tu pas que tout le ciel combat pour ton salut ? Tu penses quelquefois être bien seule et bien délaissée, bien dépourvue de secours humain ; mais ne songes-tu pas que tu as des armées terribles, composées d'une multitude innombrable de soldats invincibles qui t'accompagnent et te défendent ? Pendant que nous dormons, il y a plus d'yeux ouverts pour notre garde, qu'il n'y a d'étoiles au firmament. L'on nous dit que de tous côtés les créatures de la terre s'élèvent contre nous ; il y a plus d'Anges du Paradis qui nous soutiennent, qu'il n'y a d'atomes aux rayons du soleil, et de gouttes d'eau dans l'Océan.
Disons donc, ô mon Âme ! Nous en avons plus avec nous, que nos adversaires n'en ont avec eux. Mais, ô aveuglement des hommes ! Rien ne nous touche que ce que nous voyons par les yeux de la chair. Nous sommes tout-à-fait sensibles aux approches des créatures de la terre, ou à leur éloignement : quand nous en voyons un bon nombre pour nous, ou contre nous, nos pauvres cœurs s'ouvrent à la joie, ou se trouvent fermés par la tristesse : l'on a beau nous dire et nous parler des secours du ciel, nous n'entendons rien à ce langage ; en cela semblables au serviteur d'Élisée, qui voyant des troupes d'élite et un grand nombre de soldats aguerris de l'armée du prince de Syrie, qui étaient venus pour prendre son maître, ne pouvait se rassurer, quelque chose que lui pût dire le saint Prophète pour lui ôter sa crainte. Il avait beau lui dire qu'ils en avaient plus avec eux pour leur défense, ce pauvre valet ne s'arrêtait qu'à ce qu'il voyait ; les troupes invincibles du Dieu des armées ne lui donnaient aucune assurance, parce qu'il ne les voyait pas ; bien au contraire de l'homme de Dieu, qui agissait par la foi, et dont la confiance en cette rencontre a été si hautement louée par saint Ambroise qu'il s'écrie lorsqu'il la considère : Ô la foi du saint Prophète ! Il ne craint pas ses ennemis qu'il voit, parce qu'il sait que les Anges de Dieu sont avec lui, quoiqu'il ne les voie pas. Mais, ô la bonté de Dieu. La sainteté d'un homme, ajoute ce Père, lui attire du ciel plus de défenseurs, que la malice des hommes ne lui suscite d'adversaires en la terre. Qu'il serait nécessaire de nous mettre en prières dans nos ténèbres, comme ce saint homme fit au sujet du peu de foi de son serviteur, et de dire avec lui : Ô Seigneur, ouvrez les yeux, non pas pour en obtenir un miracle, et découvrir des montagnes pleines de chevaux et de chariots de feu, mais pour nous augmenter la foi et nous en faire vivre, et agir en toutes choses par cette vertu.
Il faut que j'avoue ici, que je ne sors pas d'étonnement, quand je considère le peu de confiance des hommes en la protection du ciel. Ô l'avarice du cœur humain, dit une fois Notre-Seigneur à sainte Thérèse ! il lui semble que la terre lui manquera. L'on ne remarque que des inquiétudes, et pour le temporel, et pour le spirituel. Quand il n'y aurait aucune Providence, l'on ne s'attacherait pas davantage aux moyens humains. Mais quelle pitié de voir des personnes spirituelles, sous prétexte de prudence, être si plongées dans les soins de ce qui les touche, et faire tant d'appui sur leur industrie ! Ô maudite prudence de la chair, je te déteste pour jamais ! Ô amoureuse Providence de mon Dieu, je m'abandonne sans réserve entre vos mains ! Que les hommes disent et fassent ce qu'ils voudront, qu'ils s'unissent tant qu'il leur plaira contre nous ; je sais, mon Dieu, je sais, et je n'en puis douter, et je le sais plus certainement que je ne connais que j'écris ces lignes, que malgré tous leurs efforts et toute la rage des démons, vos divins conseils s'exécuteront. Celui que vous voulez sauver ne sera jamais perdu, s'il ne le veut lui-même ; les hommes ont beau l'abattre ; lorsqu'ils pensent qu'il ne s'en relèvera jamais, c'est pour lors que vous le rendez plus glorieux. Vous l'élevez de la poussière et de la boue, de l'ordure de la terre où ses humiliations le mettent, pour le faire asseoir avec les princes de votre peuple, et lui donner un trône de gloire. Ô qui est comme vous, qui habitez dans les cieux, et qui regardez avec plaisir de votre sanctuaire, les choses les plus viles du monde, ôtant les puissances de leur siège, pour y élever les abjects. Vous faites bien voir, comme il est écrit en lu Sagesse, ce que vous êtes, donnant la mort aux ennemis de votre peuple, et mettant en déroute leurs adversaires avec de simples mouches, pendant que vous rendez victorieux vos enfants et tous vos serviteurs, et que le venin le plus dangereux des dragons ne leur fait aucun mal.
Mettons donc toutes nos pensées au Seigneur, et tous nos soins en sa divine Providence, qui veille sur nous par ses saints Anges, avec des bontés ineffables. Levons nos mains et nos yeux vers ces saintes montagnes, en tous lieux et en toutes sortes d'occasions. Nous avons assez fait voir les puissants secours que nous en recevons soit pour le spirituel, soit pour le temporel : j'ajouterai seulement ici quelque chose de ce qui a été dit, qu'en mille rencontres les Anges se sont rendus visibles pour porter les misérables pécheurs à la confession de leurs fautes, et au sacrement de Pénitence. Ils ont souvent administré le très-saint sacrement de l'autel, comme à saint Onufre, à qui ils le portaient tous les huit jours dans le désert. Ils assistent au saint sacrifice de la messe en grandes troupes, comme le témoigne saint Nilus ; et il rapporte que saint Jean Chrysostôme les a vus aider avec soin les prêtres, lorsqu'ils communiaient le peuple. Ils répondent quelquefois à la sainte messe, comme il se voit en la personne de saint Oswald, évêque. Ils s'unissent avec les hommes dans leurs prières, et les récitent avec eux, comme il arriva au grand saint Ouen, archevêque de Rouen, qui a été singulièrement dévot à la très-sacrée Vierge leur Reine ; car ce saint homme ayant commencé un verset du Psalmiste dans l'église de Saint-Pierre de Rome, il entendit les Anges qui l'achevèrent. Ils font voir à ceux qui combattent pour Jésus-Christ, les glorieuses couronnes qui leur sont préparées.
Quand un cœur a de la peine à se donner parfaitement à Dieu seul, il ne faut que s'adresser à eux. Saint Ignace s'en trouva bien, et ce fut le moyen dont il se servit pour gagner saint François Xavier ; ainsi c'est à ces glorieux Esprits que le Japon a l'obligation de son Apôtre. Le saint ordre des Carmélites a donné à notre France des âmes admirables en sainteté : l'on en est encore obligé aux Anges ; et saint Michel, le premier de ces sublimes Intelligences, parut tout armé, et comme une personne qui viendrait du combat, à la vénérable Anne de Saint-Barthelemi, quand la résolution fut prise d'emmener ces saintes filles du royaume d'Espagne en notre France, malgré toutes les oppositions que l'enfer y fit, cet Archange voulant faire connaître la victoire qu'il avait remportée sur les démons, et sur les obstacles que les hommes y formaient. Enfin, Notre-Seigneur s'étant servi des Anges en sa naissance, en sa vie, après sa mort et en son Ascension, il nous apprend qu'en toutes nos actions et en toutes nos voies, nous devons recourir à eux, et implorer leur assistance.




Reportez-vous à Saint Raphaël, Modèle de l'Ange gardien préposé à la garde de chaque homme, Méditation pour le 27 Septembre, en l'honneur de Saint Michel ArchangeOraison aux neuf Chœurs des saints Anges, Prière à tous les Saints Anges, Travailler à la conversion des âmes et à leur soulagement dans les flammes du Purgatoire, en l'honneur des saints Anges, Pratiquer quelque vertu, ou s'abstenir de quelque vice en l'honneur des Saints Anges, Autres pratiques pour honorer plus spécialement les saints Anges, et célébrer les fêtes avec tous les respects possibles, Faire des neuvaines en l'honneur des neuf Chœurs des Anges, Chapelet du Saint Ange gardien, Converser intérieurement avec les saints Anges, Avoir une grande dévotion à saint Michel, à saint Gabriel, à saint Raphaël, et aux autres quatre Anges qui sont auprès du trône de Dieu, Méditation pour la Fête de Saint Raphaël Archange, Méditation pour la Fête de Saint Michel et de tous les saints Anges, Méditation pour la Fête des Saints Anges Gardiens, Jésus crucifié est le Livre des Élus, La réalité des apparitions angéliques, Avoir une dévotion singulière aux Anges, Archanges et Principautés, Honorer principalement les Puissances, les Vertus et les Dominations, Avoir de profonds respects, et des amours extraordinaires pour les Trônes, les Chérubins et les Séraphins, La protection des saints Anges contre les démons, particulièrement au sujet de leurs différentes tentations, Litanies de l'Ange Gardien, Et Michel et ses anges combattaient contre le Dragon, La puissance des démons réglée par la sagesse divine, Neuvaine à Saint Michel, Discernement des esprits : ce qu'on entend par esprits, combien on en compte et comment ils se forment, Tous les hommes sont assistés des Saints Anges, Les Saints Anges nous assistent dans les choses temporelles, Les perfections admirables de ces sublimes intelligences, Les Saints Anges font tout ce qui peut se faire pour le bien des hommes, Litanie aux Saints Anges Gardiens, Discernement des esprits, Litanie de Saint Michel Archange, Puissance de Saint Michel au jugement dernier, Chapelet à Saint Michel Archange, Les Anges, princes et gouverneurs de la grande cité du bien, Neuvaine à l'Archange Raphaël, Secours de Saint Michel à l'heure de la mort, Litanie de Saint Gabriel Archange et Litanie de Saint Raphaël Archange.

















dimanche 3 février 2019

Prière à Saint Blaise, Évêque et Martyr


Invoqué contre les Maux de gorge, Angines, Maux de gosier, la Toux, la Coqueluche, Esquinancie, Goitres, Mal de dents, les Maladies des Enfants, des Animaux, les Bêtes féroces, les Vents et les Ouragans. Pour les Pourceaux, Chevaux de bât, Porcherons, Bouviers. — Patron des Maçons, Tailleurs de pierre, Plâtriers, Meuliers, Ouvriers du bâtiment, Peigneurs de laine, Cardeurs et Tisseurs de laine, Houppiers, Filateurs, Tisserands, Chaussetiers, Drapiers, Cordonniers, Tailleurs, Tanneurs. — Un des quatorze Auxiliateurs. Année : 316. Fête : le 3 février.





PRIÈRE À SAINT BLAISE, MÉDECIN ET MARTYR


Second patron d'Ars


Pour obtenir le courage dans l'adversité

et la guérison d'une maladie quelconque



Grand Saint dont la vie si pure et la foi, si vive vous ont mérité la palme glorieuse du martyre, vous pour qui Dieu témoigne si souvent sa prédilection, en se rendant à votre intercession pour les âmes qu'il inspire de vous prier, vous dont la sainteté opéra des prodiges si étonnants dans les déserts ; je viens me jeter à vos pieds pour implorer votre secours.
Rappelez-vous la prière que vous adressâtes au Seigneur après le miracle qu'il vous accorda en faveur d'un malheureux qui allait succomber sous le poids de ses maux. En exauçant vos prières, le Seigneur Jésus montra visiblement qu'il serait toujours disposé à accorder la guérison ou du moins le soulagement des malades et des infirmes qui auraient recours à lui par votre intercession. Ô vous donc, qui avez toujours eu les entrailles d'un père pour les pauvres affligés qui ont imploré votre assistance, je vous en conjure, ayez pitié de moi, priez pour moi, obtenez-moi premièrement un cœur pur et ensuite ma guérison. Je vous promets d'imiter votre pureté, votre foi, votre patience pour plaire à Dieu, que vous contemplez maintenant dans le ciel. Oui, grand saint et martyr, vous qui versâtes si généreusement votre sang pour Jésus-Christ, laissez-vous toucher par mes prières, et daignez renouveler en ma faveur les grâces que vous avez obtenues si souvent à ceux qui vous invoquent avec les dispositions nécessaires ; ou bien, si, ma guérison n'est pas dans les desseins de Dieu, obtenez-moi le courage et la patience avec lesquels vous souffrîtes pour l'amour de Jésus-Christ, et faites qu'un jour je puisse aller le contempler éternellement avec vous dans sa gloire. Ainsi soit-il.

Nota. On peut faire une Neuvaine à Saint Blaise, en récitant chaque jour cette prière, et ensuite cinq Pater et cinq Ave.


(tirée du livre de prières "Délices des pèlerins de la Louvesc ou Exercices de Dévotion qui se font à la Louvesc, et des réflexions spirituelles de J.M.B. Vianney, Curé d'Ars").




Reportez-vous à Prières à dire en temps de maladies ou de calamités et Litanies des quatorze Saints Auxiliaires, Petits exercices de piété, et Saint Mathurin, Confesseur de la fin du IVe siècle.













Du Devoir des Pères de famille, par le R.-P. Jean-Joseph Surin


Extrait du Catéchisme spirituel de la Perfection Chrétienne, Tome II, par le R.P. Jean-Joseph Surin :


Tobie disant au revoir à son père (Bouguereau)



Du Devoir des Pères de famille




Quelles sont les qualités propres d'un bon Père de famille ?


Les trois plus remarquables sont la modération, pour ne pas troubler la paix ; l'exactitude, pour maintenir l'ordre ; et le zèle, pour instruire.

Qu'entendez-vous par la modération ?

J'entends une conduite tranquille et uniforme, qui est l'effet de la bonté paternelle, et qui bannit les emportements et les violences. Il y a des Chefs de famille qui se rendent insupportables par leur mauvaise humeur et leur sévérité outrée. On peut dire qu'ils sont les tyrans de leurs femmes, la terreur de leurs enfants, et le fléau de leurs domestiques. C'est d'eux que parle le Sage, quand il dit : Ne soyez point comme un lion dans votre maison en vous rendant terrible à vos domestiques, et opprimant ceux qui vous sont soumis. Ce sont les mêmes que l'apôtre S. Paul exhorte à la douceur par ces paroles : Et vous Pères, n'irritez pas vos enfants. Quelque doux que l'on soit, on ne saurait avoir la paix avec un homme de ce caractère. Qu'il lui arrive un accident fâcheux, auquel il ne s'attendait pas, il entre comme un furieux dans sa maison, s'emporte contre sa femme, frappe le premier de ses enfants qu'il rencontre sur son chemin, et jette l'épouvante parmi ses domestiques. Qu'il trouve en se mettant à table quelque mets qui ne soit pas de son goût, il n'en faut pas davantage pour le faire mettre en colère, ou pour lui l'aire garder un morne silence tout le temps du repas. La raison seule, sans consulter le Christianisme, fait voir que cette conduite est blâmable, et que rien ne convient mieux à un Chef de famille que la douceur et la modération.

Quelle est la seconde qualité d'un bon Père de famille ?

C'est l'exactitude à veiller sur ceux qui lui sont soumis pour les contenir ans leur devoir. Il ne doit pas tenir à lui que Dieu ne soit servi dans sa famille ; il faut qu'il corrige ses enfants sans se laisser aveugler par l'amour naturel qu'il a pour eux, et il doit mettre un si bon ordre parmi ses domestiques, qu'ils ne puissent pas aisément s'abandonner au vice ; qu'ils s'acquittent de leurs obligations, et que la paix règne parmi eux. On ne saurait excuser la négligence de ceux qui laissent tout en désordre, permettant à leurs femmes de faire des dépenses excessives pour la parure, et ayant pour leurs enfants et leurs domestiques une indulgence aveugle qui souffre leurs vices, qui favorise leurs passions, et qui les laisse donner dans le libertinage.
On raconte de S. François de Sales, qu'étant informé qu'un de ses gens sortait la nuit pour aller dans les lieux de débauche, et se souvenant de ce que dit saint Paul, que celui qui ne sait pas gouverner sa propre famille, ne saurait conduire l'Église de Dieu, il commença par avertir ce domestique ; et comme il niait toujours le fait, le saint Évêque ne jugea pas indigne de son caractère de se lever la nuit pour surprendre le coupable. II le surprit en effet, et lui dit qu'il fallait changer de vie, ou chercher un autre Maître.

En quoi consiste le zèle que doivent avoir les Pères de famille pour l'instruction de ceux qui leur sont soumis ?

Comme rien n'instruit si bien que l'exemple, non seulement ils n'en doivent point donner de mauvais, comme font quelques-uns, qui jurent et qui disent des paroles déshonnêtes, mais ils doivent vivre de telle sorte, que leur conduite chrétienne et régulière soit une exhortation à toute sorte de vertu, et qu'ils puissent dire comme David : Vous savez, Seigneur, que j'ai conservé mon cœur dans l'innocence jusqu'au milieu de mes domestiques où j'étais plus le maître de mes actions.
À l'exemple qui édifie, ils doivent ajouter la parole et la vigilance pour instruire leurs enfants et leurs serviteurs à la piété, et pour faire en sorte qu'ils s'acquittent de tous les devoirs du Chrétien, qu'ils entendent la Messe, et qu'ils s'approchent des sacrements. Ce sont là de ces moyens de salut que les Pères de famille peuvent et doivent procurer à ceux qui leur sont soumis, et Dieu qui les en a chargés, leur en demandera compte un jour.

Quelles instructions doit donner un Père à ses enfants ?

Les mêmes que Tobie donnait à son fils, et saint Louis au sien. Elles roulent sur quatre points. Premièrement, sur la piété ; il faut les exhorter à rendre constamment à Dieu le culte qui lui est dû, à honorer l'Église et à respecter les choses saintes. Secondement, sur la justice ; il faut leur recommander de rendre à chacun ce qu'ils lui doivent, le respect et l'obéissance à leur mère, l'amitié à leurs frères ; et au prochain en général, tout ce qu'il a droit d'attendre d'eux. Troisièmement, sur la modération et la tempérance ; on ne saurait trop les avertir de se garder de la débauche, de la volupté, et de tous les vices où leur âge et leur tempérament les portent. Quatrièmement, sur la charité envers les pauvres ; il faut les exhorter à donner volontiers et libéralement pour s'attirer les grâces et la miséricorde de Dieu.
Ce que nous avons dit des Pères de famille doit aussi s'entendre des mères. C'est à elles en particulier à garder envers leurs filles une conduite mêlée de douceur et d'exactitude, à ne les point perdre de vue autant qu'il se peut, à ne les abandonner jamais à elles-mêmes, et à leur donner une grande horreur pour tout ce qui peut corrompre les mœurs ou inspirer la vanité.




Reportez-vous à Explication du quatrième commandement de DieuDe la conduite de la jeunesse, par le R.-P. Jean-Joseph SurinPrière pour les parentsPrière pour son père et sa mère, Du devoir des Veuves, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, Méditation sur les devoirs des pères à l'égard de leurs enfants, Méditation sur la fidélité que la Religion nous inspire à l'égard des devoirs de notre état, Méditation sur l'Autorité, Vie domestique de M. Vianney : Depuis sa naissance jusqu'à sa nomination à la cure d'Ars, Méditations et Exemples pour le Mois de Saint Joseph, Arcanum divinae du Pape Léon XIII, sur le mariage chrétien, Casti Connubii, Lettre encyclique du Pape Pie XI sur le mariage chrétien, Méditation : Marie est donnée en mariage à Saint Joseph, Discours de Pie XII aux jeunes filles, sur la mode, Sermon pour la Fête de Saint Joseph, Lettre encyclique de Pie XI sur l'éducation chrétienne de la jeunesse, De la réformation de l'Amour, de la Haine, du Désir et de l'Aversion, par le R.-P. Jean-Joseph Surin, et Litanie de Saint Louis de France et Testament à son fils Philippe.













samedi 2 février 2019

De la Réduction des Hérétiques, par le R.-P. Jean-Joseph Surin



Extrait du Catéchisme spirituel de la Perfection Chrétienne, Tome II, par le R.P. Jean-Joseph Surin :


Saint Athanase piétinant Arius



De la Réduction des Hérétiques



Quels sont les moyens les plus efficaces pour réduire les hérétiques ?

Il y en a trois, qui sont la douceur, la piété, et la force du raisonnement.

À quoi sert la douceur ?

À les gagner, en s'insinuant dans leur esprit, et à éviter avec soin tout ce qui pourrait le rebuter, et marquer quelque indignation ou quelque aigreur. La raison est que l'homme étant raisonnable, c'est par amour qu'on se rend maître de son cœur, et non par force et par crainte. Il y a pourtant des esprits farouches et indomptables, pour lesquels il faut demander au Seigneur, des paroles qui soient comme du feu, et comme un marteau qui brise la pierre. Mais comme ces esprits ne sont pas communs, on doit user rarement de cette conduite.

Comment est-ce que la piété sert à réduire les hérétiques ?

En leur inspirant des sentiments favorables à la Religion ; car il ne convient point d'être toujours sur la controverse quand on traite avec les hérétiques ; il faut leur parler souvent de Dieu, les exhorter à son service, et à s'acquitter des devoirs de la piété chrétienne. De cette manière on s'insinue dans leur esprit et dans leur cœur ; et on les gagne insensiblement. Le père Pierre Faber, un des premiers Compagnons de saint Ignace, ayant été envoyé en Allemagne pour s'opposer aux progrès des Luthériens, écrivit à ses frères qu'il avait ramené plusieurs de ces hérétiques par des entretiens de piété, accompagnés de beaucoup de douceur.

En quoi consiste la force du raisonnement qu’on doit employer contre les hérétiques ?

Elle consiste dans une doctrine fondée sur des raisons solides et convaincantes, et non sur des arguments sublimes, plus propres à produire des disputes sans fin, qu'à faire entrer la vérité dans l'esprit. Voici quatre démonstrations, capables de faire impression, si on sait bien les manier. La première est prise de l'Église ; la seconde, de l'Écriture ; la troisième, de la raison, et la quatrième, des promesses et des conseils de Jésus-Christ.

Quelle est la Première démonstration ?

On peut la proposer de cette manière. Celle des deux Religions, qui est la plus conforme à la Religion des quatre premiers siècles, reconnue pour véritable par tous les partis, doit être regardée à présent comme la véritable Religion : or la Religion que professe l'Église Romaine, a l'avantage de cette conformité, à l'exclusion de toutes les autres : donc elle est à présent la véritable Religion, et la seule véritable. La première proposition qu'on appelle la majeure, ne souffre aucun doute : voici comme on peut prouver la seconde qui est la mineure.
Saint Ambroise parle ainsi à sa sœur Marcelline : Ce matin il est arrivé un tumulte dans l'Église, à l'occasion d'un certain Castulus. Ce tumulte ne m'a point fait interrompre mes fonctions : j'ai commencé la Messe, et au milieu du Sacrifice, etc. Saint Augustin dans ses Confessions dit, qu'étant avec son frère auprès de sa mère mourante, ils lui demandèrent où elle voulait être inhumée, et qu'elle leur répondit : mettez mon corps où vous voudrez ; souvenez-vous seulement de moi lorsque vous serez à l'autel. Il ajoute qu'après que sa mère eut été enterrée, on offrit pour elle le sacrifice de notre Rédemption, suivant la coutume. S. Grégoire de Nazianze écrit de sa sœur Gorgonie : quel le priait souvent devant l'autel où reposait le corps de Jésus-Christ. S. Léon, que Calvin, même compte parmi les vrais Papes, dit, prêchant le jour de Noël : Aujourd'hui la prédication sera courte, parce qu'il y a trois messes à dire. Cela supposé, on peut demander :
D'où vient qu'il n'y a aucun Évêque, aucun Prêtre, aucun Prédicateur, aucune femme Catholique, aucun enfant de l'Église Romaine, qui se trouvant dans les mêmes circonstances que les Ambroises, les Moniques, les Augustins, les Grégoires, et les Léons, ne puisse s'exprimer de la même manière, sans que personne en soit surpris ? C'est parce que croyant et pratiquant les mêmes choses que ces grands Saints croyaient et pratiquaient de leur temps, ils peuvent parler comme eux, pour exprimer ce qu'ils pratiquent encore aujourd'hui. Et d'où vient qu'aucun Ministre, aucun Particulier des Sectes séparées de l'Église Romaine, ne pourrait tenir ce langage, sans faire rire, ou sans indigner tout le monde ? Si ce n'est, parce que tout le monde verrait que leurs paroles ne s'accorderaient point avec leurs sentiments et leurs pratiques. Puis donc qu'ils ne peuvent pas parler comme l'Église des premiers siècles, faute de conformité avec elle ; qu'ils avouent que la véritable Religion n'est point parmi eux, mais dans l'Église Romaine, qui a cette conformité qu'ils n'ont pas. On trouve dans les anciens Peres, cités par Bellarmin, une infinité d'autres textes qui prouvent cette conformité, et qui sont autant d'arguments invincibles contre les hérétiques.

Quelle est la seconde démonstration ?

Elle est prise de l'Écriture ; et voici comme on peut l'exprimer. C'est à tort que les hérétiques prennent l'Écriture sainte, pour garant de leur doctrine et de leur séparation, si le sentiment de l'Église Romaine sur les points controversés entre eux et nous est exprimé dans l'Écriture, beaucoup plus clairement que le leur : or est-il, que le sentiment de l'Église sur les points controversés, est plus clairement exprimé dans l'Écriture, que celui des hérétiques : donc ils ont tort de prendre l'Écriture pour garant de leur doctrine et de leur séparation. La première proposition n'a pas besoin de preuve, surtout quand on parle aux hérétiques qui l'ont avancée contre l'Église Romaine, comme un principe indubitable. Il ne s'agit que de prouver la seconde, non en raisonnant sur les différents textes de l'Écriture, pour en tirer des conséquences ; cette voie ne mène à rien, chacun fait de son côté de beaux raisonnements, pour faire paraître son esprit ; et les disputes ne finissent point. Il est question de s'arrêter au texte formel de l'Écriture, de le consulter de bonne foi, pour en apprendre le sens, par le sens même qui s'offre aux yeux de tout le monde. Venons au détail.
Nous disons que le Corps de Jésus-Christ est réellement dans l'Eucharistie : les hérétiques disent qu'il n'y est qu'en figure. Nous nous appuyons sur ces paroles de l'Évangile : Prenez et mangez ; ceci est mon Corps. Ma chair est véritablement une nourriture, et mon sang est véritablement un breuvage. Ce que les hérétiques allèguent de plus fort, ce sont ces paroles : Faites ceci en mémoire de moi. C'est l'esprit qui vivifie ; la chair n'est d'aucun usage. Ce que je vous ai dit, est esprit et vie. Tout homme qui n'est pas étrangement prévenu, doit avouer que les passages sur lesquels se fonde l'Église Romaine, expriment clairement la présence réelle du Corps de Jésus-Christ dans l'Eucharistie ; et que ceux que les hérétiques citent pour eux ne l'excluent pas, au moins clairement. Ils ont donc tort d'apporter l'Écriture pour motif de leur séparation ; puisque ce n'est pas eux que l'Écriture favorise, mais l'Église dont ils se séparent.
On en peut dire autant de la Confession. Les hérétiques prétendent que ce n'est point à l'homme de remettre les péchés, et que c'est un pouvoir que Dieu n'a communiqué à personne : mais ils ne trouvent dans l'Écriture aucun texte clair et précis pour autoriser ce sentiment. L'Église au contraire n'a qu'à ouvrir l'Évangile, pour y trouver les paroles qui portent la clarté et l'évidence dans les esprits. Ceux dont vous aurez remis les péchés, leurs péchés leur sont remis ; et ceux dont vous aurez retenu les péchés, leurs péchés sont retenus. On n'a qu'à passer aux autres points de controverse, pour voir toujours la même différence entre les passages cités par les hérétiques, et ceux dont l'Église s'appuie. Quoi de plus clair, par exemple, que ces paroles de S. Jacques, qui autorisent l'usage du Sacrement de l'Extrême-Onction ! Quelqu'un parmi vous est-il malade ? Qu'il appelle les Prêtres de l'Église, et qu'ils prient sur lui, l'oignant d'huile au nom du Seigneur ; le Seigneur le soulagera ; et s'il a commis des péchés, ils lui seront remis. Jamais les hérétiques n'ont rien pu opposer de raisonnable à une autorité si décisive.

Quelle est la troisième démonstration ?


C'est un raisonnement convainquant qu'on peut faire de la sorte. Lorsqu'il s'est élevé des hérésies, Dieu qui veille sur son Église, lui a toujours envoyé quelque puissant secours pour les combattre. Il lui a suscité un Athanase, contre Arius ; un Augustin, contre Pelage ; un Cyrille, contre Nestorius ; et plusieurs autres en divers siècles, à mesure que de nouvelles hérésies ont succédé aux anciennes. Nous avons vu ces grands personnages lever l'étendard ; toute l'Église se joindre à eux ; combattre l'erreur avec succès ; l'étouffer ou du moins en arrêter le cours, en lui faisant perdre son crédit. Or l'Église Romaine, au sentiment des Novateurs, est non seulement hérétique, mais encore idolâtre, et elle a pour chef l'Antéchrist : donc on aurait dû se récrier et s'armer contre elle, lorsqu'elle a commencé à introduire ses prétendues erreurs dans le monde.
Cependant rien de semblable n'est arrivé. Les hérétiques prétendent que ce n'est que depuis S. Grégoire qu'on a commencé à dire la Messe, et à croire que J. C. fût réellement dans l'Eucharistie. Raisonnons avec eux sur ce faux principe, et demandons-leur d'où vient qu'on ne s'opposa pas d'abord à cette croyance, et à cet abus. Berenger est le premier que nous sachions qui ait combattu la présence réelle de J. C. dans le saint Sacrement : mais il n'est venu que plus de quatre cens ans après saint Grégoire ; il s'est d'abord rétracté, et il a fait pénitence de son crime. Les Albigeois, qui sont venus après lui, n'ont duré que fort peu de temps. Est-ce que pendant plusieurs siècles, où l'on ne s'est point élevé contre la foi de l'Eucharistie, et la célébration de la Messe, Dieu avait abandonné son Église ; ou qu'il a permis ensuite que le mensonge triomphât de la vérité ? Il y aurait de l'extravagance à raisonner de la sorte, parce que les hérétiques étant obligés de convenir que l'Église était pure et sainte, lorsque cette prétendue erreur parut dans le monde ; il faudrait dire que Dieu a manqué à sa promesse, en l'abandonnant le premier, et en la traitant comme une épouse infidèle, lorsqu'elle était encore sans tache.
Il ne servirait de rien de dire, que le mal s'est glissé insensiblement, et qu'on ne s'en est point aperçu : parce que toutes les hérésies se sont glissées de la même manière. Mais le S. Esprit les a découvertes, et a excité la vigilance de son épouse pour les combattre et les détruire. Ainsi donc, puisque Dieu a permis que les erreurs supposées et les prétendus abus de l'Église Romaine se soient introduits sans obstacle et avec tant de facilité ; il faut nécessairement avouer que ce ne sont point des erreurs et des abus, mais des vérités et des pratiques très-conformes à celles de la primitive Église ; ou plutôt les mêmes vérités et les mêmes pratiques que les Apôtres ont enseignées, et qu'ils ont fait passer jusqu'à nous par le moyen de leurs successeurs. Ni Calvin, ni Luther, ni aucun autre Novateur n'en peut dire autant de sa doctrine ; parce qu'elle a été d'abord combattue, et que toute l'Église s'est réunie pour la rejeter de son sein.

Quelle est la quatrième démonstration ?

Elle est tirée des promesses et des conseils de J. C., en cette manière. La véritable Religion est celle où se trouve l'accomplissement des promesses, et la pratique des conseils de J. C. : or est-il que ces promesses ne s'accomplissent, et que ces conseils ne se pratiquent que dans la Religion Catholique que professe l'Église Romaine ; donc cette Religion est la véritable. Il faudrait renoncer à l'Évangile, pour révoquer en doute la première proposition : prouvons la seconde par le détail des promesses et des conseils.
Pour ceux qui croiront, voici les miracles qu'ils feront ensuite : ils chasseront les démons en mon nom, etc. Il n'y a qu'à consulter la suite des siècles, pour être convaincu que le don des miracles est une prérogative de la véritable Religion, et une marque évidente qui la distingue de toutes les autres. Les Apôtres chassaient les démons, guérissaient les aveugles et redressaient les boiteux au nom de J. C. Ces merveilles étaient communes parmi les Martyrs. Saint Martin et saint Nicolas en ont fait autant. Saint Grégoire a transporté les montagnes. S. Benoit, qui était lui-même un Taumaturge, envoya un possédé à saint Remi qui le délivra. Quoi de plus fécond en prodiges que la vie de saint Bernard ! Quel Écrivain ecclésiastique n'a pas raconté les actions merveilleuses des Dominiques, des Antoines de Padoue, des Nicolas de Tolentin, et des Vincents Ferrier ? N'a-t-on pas vu saint François de Paule traverser la mer à pied sec ? Les hérétiques mêmes n'ont ils pas rendu témoignage aux grands miracles de l'Apôtre des Indes ? Dans le seizième siècle, la fameuse possédée de Loudun ne fut-elle pas délivrée par les exorcismes de l'Église ? et pour dire quelque chose de plus singulier et de plus surprenant en ce genre, qui peut ignorer en France ce qui s'est passé en Poitou au sujet d'une autre possédée ?
Celui qui faisait l'Exorcisme tenait le saint Sacrement entre ses mains, et commanda aux démons, non seulement de laisser libre la personne qu'ils possédaient, mais encore d'imprimer sur quelque partie de son corps des marques qu'il leur détermina, pour preuve certaine de leur sortie. Il ordonna au premier de graver une croix sanglante sur le front de la possédée, et il le fit. Le second, selon l'ordre qu'il avait reçu, écrivit sur la main de la personne qu'il abandonnait, le nom de S. Joseph, qu'on avait invoqué pour sa délivrance. Le troisième y écrivit le nom de Marie ; et le quatrième, celui de Jésus, avec le nom de saint François de Sales. Ces prodiges ont été faits en présence de deux cents personnes, parmi lesquelles il se trouva trois Hérétiques, hommes de qualité, qui attestèrent le miracle avec serment, et dont le plus considérable fit abjuration de ses erreurs. La personne possédée fut dès lors parfaitement libre ; et encore aujourd'hui, c'est-à-dire, après vingt ans qui se sont écoulés depuis sa délivrance, les marques gravées sur son corps paraissent aussi nettes et aussi fraîches que le premier jour : elles sont écrites de couleur de sang. Nous pouvons en rendre témoignage, parce que nous l'avons vu de nos yeux. Puisque ce pouvoir ne se trouve que dans la Religion catholique, et que nulle autre n'oserait se l'attribuer, on doit conclure de là que la Religion catholique est la seule qui jouisse des promesses de Jésus-Christ, et par conséquent la seule véritable.
On peut faire sur les conseils le même raisonnement que sur les promesses. Un des principaux est celui de la continence volontaire. Notre-Seigneur l'a proposé en ces termes : Il y en a qui se sont eux-mêmes faits eunuques pour le Royaume des Cieux. Et saint Paul l'explique de cette manière. Après avoir averti que sur cela il n'a point de précepte du Seigneur, et qu'il ne fait que donner conseil : Celui qui marie sa fille, ajoute-t-il, fait bien ; et celui qui ne la marie point, fait encore mieux. Et la raison qu'il en apporte, c'est qu'une personne qui n'est pas engagée dans le mariage, donne ses soins aux choses qui regardent le Seigneur, et aux moyens de plaire à Dieu. C'est pourquoi, dit-il dans le même endroit, êtes-vous sans femme ? n'en cherchez point.
Il y a toujours eu dans l'Église grand nombre d'observateurs de ce conseil. Saint Chrysostome et les autres Peres parlent avec éloge de plusieurs Moines, qui faisaient profession publique de garder la continence. Saint Augustin, après son baptême, répondit à sa mère qu'il voulait désormais vivre sans femme, Saint Jérôme, saint Chrysostome, saint Ambroise, saint Épiphane, et plusieurs autres grands personnages, ont vécu dans le célibat. On ne saurait prouver qu'aucun Prêtre ni aucun Évêque, dans les premiers temps de l'Église, ait vécu avec sa femme, s'il en avait une, lorsqu'il a été ordonné, ou qu'il en ait pris une, après être entré dans le Sacerdoce. Depuis J. C. il y a eu dans tous les siècles des Vierges consacrées à Dieu : et nous avons une Lettre de S. Augustin à une Supérieure de Religieuses, où il dit qu'à sa première visite il verra si on observe les Ordonnances qu'il a faites. On ne voit aucun vestige de cette continence volontaire parmi les prétendus Réformés, et !es autres Novateurs de ces derniers siècles.
Le conseil de la pauvreté évangélique est contenu dans ces paroles : Si vous voulez être parfait, allez, vendez ce que vous avez, et donnez-le aux pauvres. Quiconque de vous ne renonce pas à tout ce qu'il possède, ne peut être mon Disciple. Tout le monde sait que les premiers Chrétiens n'avaient rien en propre, et qu'ils commençaient par vendre leurs biens, pour en mettre le prix aux pieds des Apôtres. S. Paulin, qui vivait du quatrième au cinquième siècle, pour se conformer à cette Doctrine, abandonna des biens immenses, et ne se réserva rien. Carloman, fils de Charles Martel, et frère de Pepin, Roi de France, quitta son Royaume pour embrasser la pauvreté volontaire au Mont-Cassin. Jacques, Roi de Majorque, en fit autant, pour entrer dans l'Ordre de saint François. Casimir, fils d'un Roi de Pologne, et Henri, fils de Louis le Gros, entrèrent dans l'Ordre de saint Bernard : et nous avons vu dans ce siècle un Duc de Modene quitter ses États pour vivre en pauvre Religieux dans un Monastère de Franciscains. Une infinité de personnes de l'un et de l'autre sexe ont suivi ces grands exemples, et les suivent encore aujourd'hui. Les Religions contraires à la nôtre ne pratiquent rien de semblable : c'est donc en vain qu'elles se vantent d'être la véritable Église, puisqu'elles n'en ont pas les marques, je veux dire la sainteté et la perfection que J. C. a enseignée à ses Disciples. Nous ne saurions donner ici plus d'étendue à ces raisonnements ; mais nous en avons assez dit pour faire comprendre qu'ils sont sans réplique, et que les Hérétiques ne peuvent pas résister à de si puissantes armes, pour peu qu'on sache s'en servir.




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