mercredi 4 décembre 2019

ABRÉGÉ DE LA VIE ET MIRACLES DE SAINTE BARBE, invoquée contre la mort subite et imprévue


Sainte Barbe
Du temps, que Maximilien était Empereur d'Orient, il y avait dans Nicomédie un riche et puissant Seigneur, nommé Dioscore ; mais fier, cruel, et passionné pour ses idoles. Il n'eut qu'une fille, douée d'une beauté extraordinaire, d'un esprit des mieux faits, d'un naturel si docile, et une disposition si grande à la vertu qu'on eut dit qu'elle avait été tirée du sein de la piété. Car pour peu, qu'Origène, ce prodige de science, et de vertu, l'eut instruite des vérités de notre sainte Religion, elle ne regarda plus toutes les grandes richesses de son Père, que comme de la boue, ne faisant non plus de cas des plus nobles alliances, dont le monde la flattait, que des faibles vapeurs, qui passent ; elle eut horreur de toutes les voluptés, fuyant, comme la peste, les moindres occasions de flétrir la pureté de son cœur et de son corps. Une seule chose lui tenait au cœur, c'était de voir encore son père plongé dans les ténèbres de l'idolâtrie, lequel voyant que sa fille fuyait toutes les occasions de se trouver aux Temples des faux Dieux, soupçonna qu'elle était Chrétienne, et craignant que quelques Chrétiens ne vinssent à l'enlever pour sa rare beauté, et pour ses grands biens, la fit enfermer dans une Tour, où à la vérité il ne lui laissa manquer de rien, que de la liberté ; mais cette contrainte extérieure lui procura la vraie liberté de cœur et d'esprit, et cet éloignement des créatures la rapprocha du Créateur. C'est là, où elle passait les jours et les nuits dans la méditation des choses célestes. C'est-là, où elle reçut du Ciel des faveurs toutes singulières : car une nuit, qu'elle était à genoux, les yeux baignés de larmes, toute brûlante de l'amour de Jésus-Christ, elle vit ce cher Époux, qui lui donna des marques de sa tendresse, et de son amour pour elle, lui fit voir les Couronnes et les Palmes, qui lui étaient préparées, l'encourageant à soutenir généreusement les cruelles attaques, que lui allait livrer le tyran, et son Père, l'assurant qu'il ne l'abandonnerait point, et qu'il la soutiendrait pendant tout le combat par sa présence. Après être restée plusieurs années prisonnière dans cette tour, son Père craignant que cette contrainte n'altérât la santé de sa Fille, fit faire un bain dans cette prison où il fit ouvrir deux fenêtres ; mais Sainte Barbe voulant adroitement trouver occasion d'instruire son père des mystères de la Foi, en fit faire une troisième, et ayant formé un signe de Croix sur une colonne de marbre avec le doigt, il y demeura miraculeusement, si bien gravé, qu'on aurait dit que l'art l'avait fait.
Son Père étant de retour, et voyant cette troisième fenêtre, et cette Croix, se mit en colère, et la reprit sévèrement de l'avoir faite contre ses ordres ; mais elle sans s'émouvoir, reçût avec modestie, cette réprimande, et se mit à l'instruire de l'adorable mystère de La Trinité, et de celui de la Rédemption des hommes ; mais Dioscore bien loin d'écouter cette instruction Salutaire, ne doutant plus qu'elle ne fut Chrétienne, entra dans une telle fureur oubliant qu'il était son Père, qu'il l'aurait étranglée, si, elle voulant se réserver à de plus grands supplices, ne s'était échappée de ses mains fuyant vers les rochers, qui lui firent passage, comme la Mer le fit autrefois à Moïse, quand il fuyait la colère de Pharaon. Ce Père cruel l'ayant vu passer au travers d'un rocher attribua cette merveille aux enchantements de la religion Chrétienne ; il ne laisse pas de la chercher, et l'ayant aperçue dans la plaine, il va droit à elle, comme un furieux, lui décharge de grands coups de poing au travers du visage, la renverse à grands coups de pied tout écumant de rage et lui marche sur le ventre pour l'écraser ; quoi, malheureuse, s'écrit-il, tu t'es faite Chrétienne ! t'ai-je donné la vie pour me déshonorer, et me perdre auprès de l'Empereur ? — Oui, dit-elle, je suis Chrétienne, et je mourrais volontiers afin que vous le fussiez aussi. — Quitte, lui dit son Père, la Religion d'un Homme attaché avec infamie à un gibet et adore nos Dieux. — C'est le Fils du Tout-Puissant, dit-elle, que son amour pour nous a livré à la mort. Je l'adore avec son Père et son Saint-Esprit, qui ne sont qu'un en substance. Je n'adore point des pièces de bois, comme vous faites ; à ces mots, il la prend par les cheveux, lui disant : quoi, tu blasphèmes nos Dieux : Il la traîne lui-même devant les gens de l'Empereur commis pour exterminer les Chrétiens et s'adressant au Président : Voilà, lui dit-il, une chrétienne, qui insulte à nos Dieux. J'en suis le témoin, et quoi que j'aie le malheur d'en être le Père, faites-lui son procès selon les lois, si vous le refusez, j'en ferai moi-même bonne justice. Le Président charmé de la modestie, de la douceur, et d'un certain je ne sais quoi plus divin que naturel, qui paraissait dans le port Majestueux de cette Fille, lui témoigna toute l'inclination du monde à lui faire plaisir, lui promettant qu'il se faisait fort d'apaiser la colère de son Père, si elle voulait renoncer à Jésus-Christ ; mais la trouvant inébranlable, il prit les voies de la rigueur ; il la fit d'abord fouetter avec des nerfs de bœuf impitoyablement, puis il fit couvrir son corps, déjà tout meurtri, d'un rude cilice tout armé de pointes de fer très aiguës, dont il la fit frotter avec tant de violence, et si longtemps, qu'on en vit couler des ruisseaux de sang. — Hé bien folle, veux-tu changer, lui dit le Père, on te remettra dans le bain que je t'ai fait faire ; — J’ai bien un autre bain, dit-elle, où je mêlerai mon sang avec celui de l'Agneau. — Qu'on la jette, dit le Juge, dans le plus sale fond de fosse des prisons, et qu'elle s'y baigne tout à son aise : elle n'y fut point plutôt entrée, qu'elle versa des larmes de joie d'avoir été trouvée digne de souffrir pour Jésus-Christ son Époux, qui s'apparut à elle, avec tant d'éclat et de lumière, qu'elle sentit tout son corps pénétré d'une odeur vivifiante, Jésus la consola, l'encouragea, et la guérit parfaitement, la laissant plus animée que jamais à souffrir pour la Foi. En effet, quand le Juge l'eut fait ramener, il fut bien surpris de la trouver en meilleur état, qu'elle n'était auparavant ; — Qui est-ce donc, qui t'a si bien guérie, lui demanda son Père ? — C’est mon Jésus dit-elle, qui s'est chargé de mes plaies, et m'a donné sa force. — Tu te trompes, répartit le Juge, ce sont nos Dieux, qui ont eu pitié de ta faiblesse, aies donc soin de leur rendre grâces pour un si grand bienfait ; — Comment m'auraient-ils guérie, dit Barbe ? Hé ! ils ne savent point eux-mêmes se délivrer des supplices, où ils sont condamnés. Vos Idoles ne sont que du bois propre à jeter au feu ; mais mon Dieu a fait le ciel et la Terre, et c'est lui qui m'anime. — Quoi malheureuse, dit le Père, en présence de tes Juges tu oses insulter à nos Dieux par d'exécrables blasphèmes ? — Si son Dieu, ajoute le Juge, est dans son corps, qui l'anime, bourreaux, faites l'en sortir. Déchirez-lui les flancs avec des peignes aigus de fer, pour lui faire passage, et de crainte qu'il n'en trouve pas le chemin, qu'on y enfonce deux torches ardentes pour l'éclairer, qu'on brûle ce Dieu dans son cœur ; — Mon Dieu, s'écria-t-elle, est un feu, qui m'enflamme. — Brûle donc de l'encens à nos Dieux, répondit le Père. — Il n'y a qu'un seul Dieu, dit-elle, c'est cet Esprit infiniment parfait, de qui tout dépend et qui ne dépend de rien, devant lui seul je fléchis les genoux et je baisse la tête en l'adorant. — Son Dieu, continue le Juge, lui est remonté à la tête ; bourreaux frappez-la à gros coups de marteau. Qu'on lui enfonce tout autour de grands clous en forme de couronne afin qu'il en sorte ; Mais que ce Juge se trompe étrangement : cette couronne de plaies et de clous, imprime sur le front de notre Sainte plus de majesté que ne font les diadèmes sur la tête des Impératrices au jour de leur couronnement. Les goutes de sang comme des Roses au milieu des lis sur les joues faisaient bien voir qu'elle était appuyée comme une Reine au jour de ses noces sur son Roi son Époux qui la fortifiait : aussi l'entendait-on parmi de si grandes douleurs s'écrier : mon Époux, le bien-aimé de mon cœur, me soutient de son bras. — Je ferai bien en sorte, dit le Juge, qu'il se dégoutera bientôt de toi : bourreaux coupez-lui les deux seins jusqu'aux racines : tout le monde frémit à cette sanglante exécution ; il n'y a qu'elle qui demeure tranquille, les yeux élevés vers le Ciel ; tout son corps baignant dans son sang ; — Mon Dieu, s'écrie-t-elle, ne détournez point votre face de moi. Ces membres m'étaient superflus, le bourreau de mon corps me les a ôtés, mais l'Époux de mon âme m'en aimera davantage. Son Père et le Président la voyant demeurer ferme dans la foi sans cesser de bénir Dieu dans cette effroyable boucherie avec une patience invincible inventèrent un autre tourment plus ignominieux. Ils la firent dépouiller de ses habits pour lui donner plus de confusion, inspirer plus de terreur aux autres filles et les empêcher de se faire Chrétiennes : ils la firent traîner par les carrefours de la Ville par deux bourreaux, qui lui déchargeaient cent coups de fouet, cet état si peu séant à une fille si chaste, ne lui fit point perdre son généreux courage. Les yeux élevés vers le Ciel, elle s'écria : mon Roi et mon Seigneur, qui couvrez le Ciel de nuages, et la Terre des ténèbres de la nuit, cachez, s'il vous plait, la nudité de mon corps, de peur que ces yeux infidèles n'aient occasion de blasphémer votre saint Nom. Le Ciel l'écouta, et celui, qui a su s'y bâtir une demeure magnifique, dit à un de ses Anges d'aller étendre ses ailes autour d'elle et à l'instant, elle parut revêtue, et couverte d'une longue robe, aussi éclatante de lumière, que charmante en beauté, qui faisait baisser les yeux, qui les portaient sur elle. Le Président, qui l'attendait avec son Père, lequel était le premier acteur de cette sanglante Tragédie, la voyant revenir, — Hé quoi, lui dit-il, n'es-tu point encore lasse de souffrir ? — Ce sont mes délices, répondit-elle. — Ce seront les miennes aussi, dit le Père, de te faire mourir tout à l'heure. Oui malheureuse, tu n'auras point d'autre bourreau que moi ; il faut que je t'arrache la vie que je t'ai donnée. — Vous ne m'avez donné, répondit-elle que la vie de mon corps, vous pouvez me l'ôter, j'y gagnerai ; mais le Père, qui m'a donné celle de l'Âme, m'en rendra une pleine de gloire, et d'immortalité. — Offre donc de l'encens à ce moment devant cette idole, dit le Père. — Je la foule au pied, dit-elle, cette Idole, elle a des yeux, et elle ne voit point, elle a des oreilles, et elle n'entend point ; puis se jetant à genoux, et baissant la tête, je n'adore qu'un Dieu en trois Personnes ajouta-t-elle et son Fils unique Jésus-Christ, qui sera à jamais mon Époux. Mon Dieu, je vous rends grâces du bonheur, que vous m'avez accordé de souffrir pour votre gloire. Je vous conjure de ne point rejeter tous ceux, qui se souvenant de moi invoqueront votre secours. Alors son père transporté de fureur et de rage, voulant faire éclater son zèle pour ses faux Dieux la renversa, et la traîna lui-même par les cheveux sur une colline, pour l'immoler en présence de tout le Peuple à une de ses Idoles ; que ton Dieu, dit-il, en l'insultant m'arrache cette épée des mains, laquelle va t'immoler aux miens ; elle allait parler, mais l'Ange, qui arrêta autrefois l'épée d'Abraham voulant sacrifier son fils Isaac, laissa tomber celle de ce monstre de nature sur le col de cette noble et généreuse Vierge pour lui mettre sur la Tête la plus éclatante des Couronnes du Martyre, qu'on ait jamais vue dans l'Église. Ce barbare tout enivré du sang de sa Fille retournait comme en triomphe du meurtre cruel et inouï, qu'il venait de commettre pour en aller faire trophée devant le Président, mais le Ciel qui n'avait pu voir une action si détestable sans indignation, fit sortir des nues une épée à deux tranchants, environnée de flammes, avertissant le peuple par un horrible coup de tonnerre de la vengeance qu'il en allait prendre. A l'instant on vit cette épée tomber, percer, et scier en deux ce tigre de Père, qui tomba par terre les mains encore teintes du sang de sa propre Fille, puis on la vie aller droite au Président, qu'elle tua sur le champ pour avoir si inhumainement traité une Fille, qui n'avait point d'autre crime, que d'adorer, et de vouloir que son Père adorât le vrai Dieu.



MIRACLES DE SAINTE BARBE



Surius cet Auteur, qui a si bien écrit la vie des Saints, rapporte qu'Henry Kock, bourgeois de Gorcum âgé de70 ans, très-dévot à sainte Barbe, à qui il ne manquait point tous les jours d'adresser sa prière, pour ne point mourir sans recevoir les derniers Sacrements, étant rentré imprudemment dans sa maison où le feu s'était mis, il y fut enveloppé des flammes, et accablé sous les ruines. Dans cette extrémité il réclama la bonne Patronne ; laquelle ayant éteint le feu, le tira du débris, lui disant tes vœux sont exaucés, ta vie est prolongée jusqu'au point du jour, profite de ces moments pour bien mourir, voilà le fruit de ta dévotion. Tout le monde fut effrayé de voir ce bon Vieillard, qui avait plus l'apparence d'un amas de charbons encore tout fumant, que d'un homme ; mais en même temps édifié de l'entendre annoncer les louanges de sa libératrice, s'étant confessé généralement, et reçu son Viatique avec une dévotion exemplaire, il demanda avec instance l'Extrême Onction, et ainsi muni des derniers Sacrements, prononçant les Saints Noms de Jésus, de Marie, et de sa bonne Patronne sainte Barbe, il s'endormit paisiblement dans le Seigneur.

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Pelbert de Temesvart dans son Panégyrique de sainte Barbe, rapporte qu'un Duc de Saxe, pour satisfaire la haine mortelle qu'il portait à un de ses Sujets, le fit enlever secrètement, et le fit enfermer dans une Tour bâtie au milieu des rochers, pour l'y laisser périr de misères, et y mourir de faim, y ayant mis des gardes pour empêcher, que personne ne le soulageât. Ce pauvre malheureux rongé de faim, jetait de pitoyables cris conjurant ses gardes de lui procurer un morceau de pain et une goutte d'eau. Si vous n'avez point pitié de mon corps, leur disait-il, au moins ayez pitié de mon âme ; mais les voyant inflexibles, il se tourna vers le Ciel. Ô ma bonne Patronne sainte Barbe, s'écria-t-il, secourez-moi. Me laisserez-vous mourir sans confession. Ces cruels s'étant retirés pour ne point entendre cette voix lamentable, retournèrent quelques jours après, le croyant mort, ils entrèrent dans la Tour, le trouvant étendu, le jetèrent par la fenêtre dans un précipice où il dût être brisé, mais Dieu voulant faire éclater la puissance de Sainte Barbe qu'il avait invoqué, le redresse sur ses pieds. II rappelle avec douceur ses gardes tout effrayés de ce prodige. C'est la grande sainte Barbe, dit-il, qui m'a procuré cette grâce pour avoir le temps de me confesser, l'un de ces gardes court chercher un Prêtre, pendant que les autres assistent à le tirer du précipice. Le Prêtre étant venu, il se confesse avec une abondance de larmes, reçoit les derniers Sacrements, et expire en louant Dieu, et exhortant les Spectateurs, qui y étaient accouru avec le Prêtre à honorer sainte Barbe, publiant hautement que c'était par son moyen que la vie lui avait été miraculeusement conservée pour recevoir les derniers Sacrements.

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Dans un gros Boug d'Espagne appelé Utiel situé entre les villes de Cuença et Requena un riche Laboureur, et grand homme de bien, très-dévot à Sainte Barbe, comme sont ordinairement tous les Sujets de Sa Majesté Catholique, veillant au temps de la moisson sur ses ouvriers, un Orage furieux s'éleva tout à coup, couvrit le Ciel de nues noires et épaisses, ne laissant qu'un faux jour autant qu'il en fallait aux moissonneurs tous saisis de frayeur pour se sauver : le Tonnerre, les Éclairs, et la Foudre remplissant toute la campagne d'horreur et de confusion. Michel Iranzo (c'était son nom) monté sur une de ses charrettes chargée de Gerbes de blé fuyait, invoquant sans cesse et à haute voix sa bonne Patronne sainte Barbe, la priant qu'elle voulût le préserver de la mort. Pendant qu'il parlait, la foudre tombe sur la charrette, réduit en cendre le Chartier, les mulets, les gerbes et la charrette, sans oser toucher un seul cheveu de sa tête. Il retourna à pied publiant la signalée faveur, qu'il venait de recevoir par l'intercession de sainte Barbe, et pour marquer sa reconnaissance il fit donation du même champ pour avancer le culte et l'honneur dû à sa sainte Conservatrice.

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Dans le temps du règne du Sérénissime Adulphe Roi des Romains, un Page d'un des plus considérables Seigneurs de la Cour, beau, bienfait, plein d'esprit, et en même temps fort vertueux, eut le malheur de se voir aimé d'une fille de la première qualité passionnée cependant à l'excès, laquelle après plusieurs démarches indignes de son rang et de son sexe, s'en voyant toujours rebutée, changea son amour en haine et fureur, mais si cruelle, qu'elle résolût de le perdre. Elle l'accusa auprès du Prince d'avoir voulu attenter à son honneur, et lui faire violence. Elle trouva de faux témoins pour soutenir son accusation, le procès fut bientôt fini, on le condamna à mort. Que fera ce Page infortuné dans cette extrême nécessité, sans espérance de pouvoir faire connaître son innocence ? Il demande un Confesseur, à qui il découvre l'injustice qu'on lui fait ; mais que fera un Confesseur, sinon d'avoir recours au Ciel, il lui conseille d'implorer la très-puissante intercession de sainte Barbe. Il n'a point plutôt fait vœu de l'honorer très-particulièrement le reste de ses jours, si par son moyen la vérité de son innocence est reconnue, qu'on vint lui lire sa sentence pour être conduit ensuite sur un échafaud, et y perdre la vie ; un jeune homme inconnu fend la presse, demande aux Juges la permission de parler, on l'écoute, et la fille, et les témoins étant venus, ses demandes et ses discours les firent tomber dans des contradictions si manifestes, que les Juges reconnaissant évidemment l'innocence de ce Page, le mirent en liberté, lequel pensant de remercier son Libérateur le vit disparaître. Ha ! Messieurs, s'écria-t-il, c'était un Ange, que j'ai obtenu par la puissante protection de sainte Barbe, que j'avais invoquée dans mon extrême affliction, et qui m'a secouru puissamment. Tout le peuple avec lui ayant vu cette merveille resta plein de dévotion envers cette grande Sainte. Il fut si reconnaissant, qu'il prêcha le reste de ses jours la puissance de sa libératrice et mourut en son service selon le vœu qu'il en avait fait.

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Le Bienheureux Stanislas Koska, si bien connu dans le monde Chrétien pour avoir été consumé dès la première heure du jour dans les ardeurs du soleil de Justice, est un témoin irréprochable de la puissante protection de sainte Barbe envers ceux qui la prient avec confiance de ne les laisser point mourir sans les derniers Sacrements. Étant tombé malade dangereusement sans pouvoir obtenir le saint Viatique d'autant que son hôte était hérétique : Il eut recours à cette grande Sainte, à laquelle dès son enfance il avait eu une tendre et continuelle dévotion, la conjurant avec larmes de lui procurer la faveur de pouvoir recevoir son bien-aimé Sauveur avant mourir, il en fut exaucé. Cette Sainte toute éclatante de lumière entra avec deux Anges dans sa chambre, lesquels portant avec un profond respect une Hostie consacrée s'avancèrent vers le lit de Stanislas, qui se jetant sur ses genoux dans une modestie Angélique reçût le pain des Anges de la main des Anges, en présence de sa bonne Patronne Sainte Barbe, qui lui avait procuré cette signalée faveur, à laquelle il resta le reste de sa vie très affectionné, exhortant tous ceux qui s'approchaient de lui à réciter tous les jours son Oraison, à se mortifier souvent, à se confesser et communier le jour de sa Fête, que l'Église solennise le quatrième de Décembre.



Cantique en l'honneur de Sainte Barbe



1. D'un noble cœur célébrons la mémoire,
De Sainte Barbe annonçons la victoire,
Vit-on jamais un tel monstre d'horreur,
Qui fit trembler et frémir la nature ?
Vit-on jamais plus cruelle torture
D'un noble cœur ?

2. son propre sang il immole à sa rage ,
Ce cruel Père une fille si sage,
Sur les bourreaux il prend le premier rang,
Tout transporté d'une noire furie
Faisant couler par une barbarie
Son propre sang.

3. Un sang si doux d'une beauté si rare,
Pût-il venir d'un Père si barbare ?
L'Agneau de Dieu Jésus son cher Époux
Le fit couler dedans ses chastes veines.
Peut-on verser sans souffrir nulles peines
Un sang si doux.

4. C'est son Sauveur qui la rend si joyeuse,
Dans ses tourments, qu'elle parait heureuse !
Dedans ses yeux est dépeinte la douceur.
Versant son sang qu'elle paraît charmante
Savez-vous bien, qui la rend si contente ?
C'est son Sauveur.

5. Le feu Divin nourrissant sa belle Âme,
La fit mourir de la plus pure flamme.
Les plus grands maux lui servaient de festin
Pourrait-on bien avec l'esprit des Anges
Faire éclater dans de justes louanges
Le feu Divin

6. L'heureuse fin veux-tu que l'on te donne
Qu'après ta mort au Ciel on te couronne
À ce bonheur cherchez le vrai chemin
De Sainte Barbe implorez l'assistance
Tous ses dévots auront par sa puissance
L'heureuse fin.



Reportez-vous à Litanies de Sainte Barbe, pour être préservé de la mort subite et imprévue.