mardi 12 janvier 2021

Prière d'une âme coupable, mais repentante



Serait-il possible, ô très-sainte Reine et bien-aimée Mère Marie, serait-il possible qu'il y eût une grâce qu'on ne put obtenir de vous ? Mais n'êtes-vous pas, ô ma Souveraine, cette créature auguste, qui avez été élevée au rang de Mère de Dieu, pour tendre la main aux faibles, aux affligés, aux malheureux et aux esclaves même des plus tyranniques passions ?
N'êtes-vous pas l'avocate et le refuge des pauvres pécheurs, ô très-sainte Mère ? Comment donc pourrais-je croire que vous ne voulez ni me secourir, ni me délivrer de mes péchés, de mes peines, de mes misères, de mes tribulations ; que vous voulez m'abandonner dans l'abîme de mes iniquités ?
Ô Marie, ô ma très-miséricordieuse Mère, combien n'avez-vous pas obtenu jusqu'ici de grâces et de faveurs toutes miraculeuses ! Combien n'en obtenez-vous pas encore ! Combien n'en obtiendrez-vous pas jusqu'au jour du terrible jugement ! Que d'hommes n'avez-vous pas soustraits aux plus affreux périls ! Combien n'en avez-vous pas arrachés à la mort ! Combien n'en avez-vous pas ressuscités ! Combien n'en avez-vous pas sauvés du ténébreux enfer ! Pourrais-je donc croire que vous ne voulez ni me venir en aide, ni me délivrer ?
Ah ! très-sainte Reine, comment me persuader que vous voulez qu'on dise dans le monde : Marie abandonne et ne secourt plus les pauvres, les affligés, les malheureux et les pécheurs ?
Non jamais, ô très-sainte reine, jamais on ne les entendra ces paroles qui seraient une offense à votre honneur, un outrage à votre gloire.
Ne souffrez pas qu'on ait jamais à vous accuser de rien de semblable, ne souffrez pas qu'on puisse dire : Un jour, une pauvre âme désolée, malheureuse, réduite à une extrême angoisse, et pressée de terribles tentations, la conjura avec larmes, avec toute l'effusion d'un cœur succombant à sa peine, et elle ne voulut ni la délivrer, ni l'entendre.
Ô très-sainte Vierge, comment pourrais-je croire ? comment pourriez-vous vous résoudre à donner un juste sujet de dire que vous êtes changée, que vous êtes devenue cruelle à mon égard, que vous n'êtes plus la Mère et la dispensatrice de toutes les grâces ?
Vous me répondrez qu'on dira seulement que vous n'avez pas voulu m'exaucer, parce que j'étais une ingrate. Il est vrai, vrai, ô miséricordieuse Mère Marie, que je suis une ingrate, une misérable et la dernière des créatures.
Mais vous, ô ma Souveraine et Mère de miséricorde, dites-moi, n'êtes-vous plus le Refuge et l'Avocate des pauvre pécheurs ?... Eh bien, c'est parce que j'ai été et que je suis une ingrate et une misérable, coupable envers votre Fils d'offenses infinies, c'est pour cela que vous êtes obligée de prier pour moi, de venir à mon secours, et de me prendre sous votre maternelle et miséricordieuse protection.
Souffrirez-vous, ô ma très-compatissante Mère que je me retire de votre présence sans avoir été exaucée ? Me laisserez-vous me relever sans me consoler, sans mettre un terme aux épreuves si cruelles qui m'affligent, sans me délivrer de mes tentations intérieures et extérieures ? Me rejetterez-vous d'auprès de vous sans daigner m'obtenir les grâces, les dons, les faveurs, les miséricordes dont j'ai besoin ?
Ah ! qu'il n'en soit pas ainsi ! je vous le demande par votre honneur et par celui de votre fils Jésus, par ses plaies, par le précieux sang qu'il a répandu, par son cœur si aimant et si miséricordieux, par sa flagellation, par son couronnement d'épines, par son douloureux crucifiement, par son agonie et sa mort sur la croix, par votre pur et chaste sein, dans lequel vous l'avez tenu renfermé et captif durant neuf mois.
Délivrez-moi, ô Mère de miséricorde !
Voyez mon affliction, elle est si grande que je n'y puis plus tenir. Délivrez-moi, ô Marie ! Délivrez-moi, ô Marie ! Délivrez-moi, ô Marie ! Marie, ma tendre Mère, Fille obéissante du Père éternel, Mère auguste du Verbe incréé et fait homme, Épouse aimante et toute pure de l'Esprit-Saint, Temple vivant de la très-sainte Trinité, Reine des Vierges, gracieuse Souveraine du Ciel et de la Terre, Mère de miséricorde, asile inviolable et sûr, Avocate et Refuge de tous les infortunés fils d'Adam qui gémissent sous le poids de l'affliction, de la tribulation et du péché, Marie, dispensatrice de toutes les grâces !
Vous le savez, plus vous différez à me délivrer, plus s'accroît ma confiance. Et c'est pourquoi j'invite toutes les créatures de l'univers à vous rendre de perpétuelles actions de grâces de ce que, pour moi comme pour tous les hommes, vous avez déjà obtenu et vous obtiendrez, pendant la durée des siècles, toutes les grâces spirituelles et temporelles qui peuvent contribuer à la plus grande gloire de Dieu et à la plus grande perfection de mon âme et de celle de mon prochain. Ainsi soit-il.

Prière tirée du Livre de Piété de la Jeune Fille.


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