mardi 6 août 2019

Le Saint Curé d'Ars dans sa conversation : Charité de M. Vianney



Extrait de "Esprit du Curé d'Ars, M. Vianney dans ses catéchismes, ses homélies et sa conversation" (1864) :

 
Pour donner une idée de ce que fut en M. Vianney l'amour de Notre-Seigneur, il faudrait dépeindre ce qui peut se concentrer dans une âme humaine, aidée par la grâce, de plus ardent, de plus énergique, de plus doux, de plus fort et de plus généreux. Toutes les facultés de son âme, toutes les lumières de sa raison, toutes les ressources de sa volonté étaient au service de ce sentiment suprême. L'union dont parle saint Jean Chrysostome était commencée en lui. Jésus-Christ seul était tout dans ses pensées, dans ses affections, dans ses désirs. Sans le Sauveur, la société des esprits bienheureux n'aurait pu lui plaire. Jésus-Christ était sa vie, son ciel, son présent, son avenir, et l'adorable Eucharistie le seul étanchement possible à la soif qui le consumait. Il ne pouvait cesser de penser à Jésus-Christ, de parler de Jésus-Christ. Alors ce n'étaient pas des paroles, c'étaient des flammes qui sortaient de son cœur et de sa bouche. Il y avait dans la manière dont il prononçait l'adorable nom de Jésus et dont il disait : NOTRE-SEIGNEUR ! un accent dont il était impossible de n'être pas frappé. Il semblait que son cœur se répandît sur ses lèvres.
Ce que M. Vianney avait le mieux retenu de ses lectures, ce qui revenait le plus souvent dans ses discours, c'étaient les paroles enflammées par lesquelles l'amour des saints envers le divin Maître s'est le plus vivement exprimé ; il aimait à citer ce mot de Notre-Seigneur à sainte Thérèse : « J'attends le jour du jugement pour faire voir aux hommes combien tu m'as aimé. » Et cet autre : « Quand les hommes ne voudront plus de moi, je viendrai me cacher dans ton cœur. » Il ne les citait jamais sans être interrompu par ses larmes.
Il rappelait aussi ces paroles de sainte Catherine de Sienne, s'écriant au milieu de l'ardeur qu'elle ressentait : « Ô mon très-cher Seigneur ! si j'avais été la pierre et la terre où fut plantée votre croix, quelle grâce et quelle consolation j'aurais eues de recevoir le sang qui coulait de vos blessures ! » Il racontait, en s'attendrissant beaucoup, que sainte Colette disait à Notre-Seigneur : « Mon doux Maître, je voudrais bien vous aimer, mais mon cœur est trop petit. » Aussitôt elle vit descendre un grand cœur tout enflammé, et en même temps elle entendit une voix qui lui dit : « Aime-moi maintenant tant que tu voudras. » Et son cœur fut inondé d'amour.
« Ô Jésus ! s'écriait-il souvent, les yeux remplis de larmes, vous connaître, c'est vous aimer !... Si nous savions comme Notre-Seigneur nous aime, nous mourrions de plaisir ! Je ne crois pas qu'il y ait des cœurs assez durs pour ne pas aimer en se voyant tant aimés... C'est si beau la charité ! c'est un écoulement du cœur de Jésus, qui est tout amour... Le seul bonheur que nous ayons sur la terre, c'est d'aimer Dieu et de savoir que Dieu nous aime... »

Il disait encore avec tristesse :

« Je pense quelquefois qu'il y aura peu de bonnes œuvres de récompensées, parce qu'au lieu de les faire par amour pour Dieu, nous les faisons par habitude, par routine, par amour de nous-mêmes... QUE C'EST DOMMAGE !
Tout sous les yeux de Dieu, tout avec Dieu, tout pour plaire à Dieu... Oh ! que c'est beau ! Allons, mon âme ! tu vas converser avec le bon Dieu, travailler avec lui, marcher avec lui, combattre et souffrir avec lui. Tu travailleras, mais il bénira ton travail ; tu marcheras, mais il bénira ton travail ; tu marcheras, mais il bénira tes pas ; tu souffriras, mais il bénira tes larmes. Qu'il est grand, qu'il est noble, qu'il est consolant de tout faire en la compagnie et sous les yeux du bon Dieu ! De penser qu'il voit tout, qu'il compte tout. Disons donc chaque matin : “Tout pour vous plaire, ô mon Dieu ! toutes mes actions avec vous !...” Que la pensée de la sainte présence de Dieu est douce et consolante !... Jamais on ne se lasse, les heures coulent comme des minutes... Enfin c'est un avant-goût du ciel.
Pauvres pécheurs ! quand je pense qu'il y en a qui mourront sans avoir goûté seulement pendant une heure le bonheur d'aimer Dieu !... Quand nous nous lasserons de nos exercices de piété et que la conversation avec Dieu nous ennuiera, allons à la porte de l'enfer, voyons ces pauvres damnés qui ne peuvent plus aimer le bon Dieu.
Si l'on pouvait se damner sans faire souffrir Notre-Seigneur, passe encore ! Mais on ne le peut pas.
Un chrétien qui aurait la foi mourrait d'amour... Un bon chrétien qui aime Dieu et le prochain, — et quand on aime Dieu, on aime le prochain, — voyez comme il est heureux ! Quelle paix dans son âme ! C'est le paradis sur la terre.
Je pense souvent que la langue de ces pauvres morts, qui sont là-bas dans le cimetière, ne peut plus prier... que leur cœur ne peut plus aimer... »

M. Vianney finissait souvent son entretien par ces mots : « Être aimé de Dieu, être uni à Dieu ; vivre en la présence de Dieu, vivre pour Dieu : ô belle vie !... et belle mort ! »
Un jour qu'il entendait les oiseaux dans sa cour, il se prit à dire en soupirant : « Pauvres petits oiseaux ! vous avez été créés pour chanter, et vous chantez... L'homme a été créé pour aimer Dieu, et il ne l'aime pas. »
« Ce qui fait que nous n'aimons pas Dieu, disait-il encore, c'est que nous ne sommes pas arrivés à ce degré où tout ce qui coûte fait plaisir. Si l'on devait être damné, ce serait une consolation que de pouvoir dire : “J'ai du moins aimé le bon Dieu sur la terre...” Il en est qui pleurent de ce qu'ils n'aiment pas Dieu ; eh bien ! ceux-là l'aiment. Oh ! qu'il est consolant de penser que sur cette pauvre terre, c'est encore pour le bon Dieu qu'il y a le plus de fidélité et le plus d'amour. »
Le Curé d'Ars recommandait surtout trois dévotions : la dévotion à la passion de Notre-Seigneur et à son Eucharistie, la dévotion à la sainte Vierge et la dévotion aux âmes du purgatoire. Il affirmait, après saint Bernard, que n'avoir pas de dévotion au corps et au sang de Jésus-Christ était une marque de réprobation. « La passion de Notre-Seigneur, disait-il, est comme un grand fleuve qui descend d'une montagne et ne s'épuise jamais... »
Rien ne peut donner une idée de la dévotion que le Curé d'Ars avait à l'adorable Eucharistie. Il l'appelait des noms les plus suaves et les plus tendres ; il inventait des expressions nouvelles pour en parler dignement : c'était son sujet favori, et il y revenait sans cesse dans ses conversations. Alors son cœur se fondait de reconnaissance, de bonheur et d'amour ; son front s'irradiait, ses yeux lançaient des étincelles ; son âme de saint se répandait sur ses traits ; les larmes étouffaient sa voix : « Que fait Notre-Seigneur, s'écriait-il, dans le sacrement de son amour ? Il a pris son bon cœur pour nous aimer ; il sort de ce cœur une transpiration de tendresse et de miséricorde pour noyer les péchés du monde. »
Il appelait la sainte communion un bain d'amour... « Lorsqu'on a communié, disait-il, l'âme se roule dans le baume de l'amour comme l'abeille dans les fleurs. »
Il aimait à raconter le trait de saint Jean de la Croix et de sainte Thérèse. Quand celle-ci recevait la communion de son père spirituel, l'amour de Notre-Seigneur, allant de l'un à l'autre, faisait fondre leur cœur au point que saint Jean d'Avila tombait d'un côté et sainte Thérèse de l'autre, noyés dans le baume de l'amour...
« Aujourd'hui, disait-il un jour de fête du Sacré-Cœur, Notre-Seigneur nous met sur son Cœur... Ah ! si nous pouvions toujours y rester !...» Puis, joignant les mains et élevant au ciel ses yeux pleins de larmes : « Ô Cœur de Jésus ! s'écriait-il, Cœur d'amour ! Fleur d'amour !... Le cœur, c'est tout ce qui restait d'entier dans le très-saint corps de Notre-Seigneur, après que Longin l'eut percé pour en faire sortir l'amour !... Si nous n'aimons pas le Cœur de Jésus, qu'aimerions-nous donc ? Il n'y a que de l'amour dans ce Cœur ! Comment fait-on pour ne pas aimer ce qui est si aimable ? »



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