mercredi 8 juin 2016

De ce que nous devons faire pour acquérir tous les jours une plus grande pureté d'intention




Abrégé de la pratique de la perfection chrétienne du R.P. Alphonse Rodriguez, Extrait :



De ce que nous devons faire pour acquérir tous les jours une plus grande pureté d'intention.



Il y a plusieurs manières de chercher Dieu et de le servir. Le servir par la crainte des peines, c'est toujours le chercher et agir par un bon motif, parce que la crainte, quoique servile, n'en est pas moins un don de Dieu ; c'est pourquoi le saint Roi prophète la demandait en s'écriant : Seigneur (Ps. 118. 120.), pénétrez ma chair de votre crainte. Si cependant on se disait à soi-même, et qu'en effet on eût ce sentiment dans le cœur : s'il n'y avait point d'enfer ni de châtiment à craindre, j'offenserais Dieu ; ce serait un péché grief, ainsi que tous les théologiens l'enseignent, parce que ce serait avoir une volonté déterminée de pécher ; mais considérer la crainte des peines, l'appréhension de la mort et la frayeur des jugements de Dieu, pour nous exciter à le servir, et nous abstenir de l'offenser, cette disposition ne peut être que louable, puis que ce n'est que pour cela que la Sainte Écriture nous met si souvent devant les yeux les peines de l'éternité, et qu'elle nous en fait des menaces si terribles. Les motifs de la crainte et de l'espérance sont donc bons, et nous pouvons par conséquent nous en servir pour nous exciter au bien, et pour nous détourner du mal. Mais Saint Paul veut que l'on agisse par des vues plus nobles : Aspirez, dit-il (1 Cor. 12, 13), à de plus grands dons ; et je vais vous montrer une voie encore plus excellente. Il ne se contente pas que l'on agisse par ces motifs, quelque bons et louables qu'on les suppose ; il enseigne encore un chemin plus par fait : il veut qu'on cherche Dieu, et qu'on le serve purement à cause de lui-même, à cause de sa bonté infinie et de l'excellence de ses perfections ; en un mot, parce qu'il est Dieu et un être infiniment parfait : ce mot renferme ce qu'il y a de plus sublime.
Les Pères de l'Église, saint Basile, Saint-Chrysostome et saint Grégoire (Basil, in regul. fus. disput. in Proaemio. Chrysost. hom. 2. sup. Ep. ad Rom. Greg. 1. 8. Mor. cap. 30.) traitent parfaite ment bien cette matière. Ils ne veulent pas que ce soit l'espérance seule qui nous fasse agir ; et que comme des serviteurs peu affectionnés, nous regardions quelle récompense nous devons recevoir : car cela est plutôt le propre d'un mercenaire (Basil, ubi sup.), qui ne songe qu'à son intérêt, que d'un serviteur qui aime bien son maître. Ils veulent que nous agissions par un plus noble motif ; que nous servions Dieu comme ses enfants, et pour l'amour de lui. Il y a beaucoup de différence, ajoutent-ils, entre le service d'un esclave, celui d'un mercenaire et celui d'un fils. L'esclave ne sert son maître que par la crainte du châtiment. Le mercenaire se propose uniquement la récompense ; et s'il est soigneux de bien servir, c'est qu'il croit qu'en servant bien il en sera mieux récompensé.
Mais le fils en use autrement : c'est par amour qu'il sert son père ; et s'il prend un soin extrême de ne rien faire qui puisse l'offenser, ce n'est point qu'il en appréhende aucun châtiment, ni précisément parce qu'il en attend quelque récompense ; mais c'est que l'amour lui donne naturellement cette délicatesse et cette attention. Ainsi, quoique son père soit pauvre, et qu'il n'ait rien à lui laisser, il ne laisse pas de lui obéir et de l'honorer, parce qu'il sait que la qualité de père demande cela de lui ; le plaisir de le contenter lui suffit, et il se croit assez récompensé de ses services et de ses peines. Nous devons servir Dieu de la même sorte, disent ces grands saints, non comme des esclaves, par l'appréhension d'en être châtiés, ni comme des mercenaires qui n'envisagent que la récompense et le gain ; mais comme ses véritables enfants, puisqu'il nous a fait la grâce de vouloir que nous le fussions. Regardez quel amour le Père a eu pour nous, dit saint Jean (1 Jean 3, 1), de vouloir qu'on nous appelle enfants de Dieu, et que nous le soyons en effet. Puisque nous le sommes donc véritablement, et que c'est avec raison que nous appelons Dieu notre père, et Jésus-Christ notre frère, aimons et servons Dieu comme ses enfants ; honorons et respectons-le comme notre père, et comme un père si digne de notre obéissance et de nos respects ; que ce soit purement pour l'amour de lui que nous agissions ; que ce soit pour lui plaire, parce qu'il est infiniment bon et infiniment aimable. Quand nous aurions mille cœurs à lui consacrer, et mille vies à lui sacrifier, sa bonté infinie mériterait que nous en fissions encore infiniment davantage.






Reportez-vous à De la droiture et de la pureté d'intention que nous devons avoir dans toutes nos actions, En quoi consistent la bonté et la perfection de nos actions, La perfection consiste en des choses aisées, Autre moyen de bien faire ses actions, Faites chaque action comme si elle devait être la dernière de votre vie, Pour bien faire ses actions, ne penser qu'au jour présent, Méditation sur la pureté du cœur, Méditation sur les moyens d'acquérir la pureté du cœur, Traité de l'Enfer de Sainte Françoise Romaine et Sermon du Saint Curé d'Ars sur l'Enfer des chrétiens.