mercredi 17 février 2016

Méditation pour le mercredi de la première semaine de Carême


Jonas exhortant les Ninivites à la Pénitence (Gustave Doré)



LE MERCREDI DE LA PREMIÈRE SEMAINE DE CARÊME


Jour d'expiation


PRATIQUE

Regardez-vous aujourd'hui comme une victime d'expiation ; dites à Dieu, avec le roi-prophète : Seigneur, vous ne demandez pas d'holocaustes d'animaux, me voici ; je me substitue en leur place pour faire votre volonté en toute chose, comme vous avez fait celle de votre père céleste. Soyez fidèle à multiplier vos sacrifices, et offrez-les à Dieu pour l'expiation de vos péchés.


MÉDITATION

Les Ninivites s'élèveront au jour du jugement contre cette génération, parce qu'ils ont fait pénitence à la prédication de Jonas ; cependant nous avons bien un autre prédicateur que Jonas. (Matth., 12.)


1er POINT. Jonas était un inconnu, un fugitif échappé du naufrage, et qui, sans justifier sa mission, poussait dans les airs, au milieu des rues où il passait, cette voix tonnante : Encore quarante jours, et Ninive sera détruite. Les Ninivites étaient sans loi, sans religion, sans écritures et sans prophètes ; cependant ils écoutent avec docilité ce prédicateur, et ils consentent à expier leurs péchés par la pénitence la plus rigoureuse.
Vous êtes dans la vraie religion, vous avez des prophètes, des écritures divines, qui vous apprennent que rien de souillé n'entrera dans le royaume des cieux, et qu'il faut expier vos péchés, ou dans ce monde, par une pénitence qui les égale, ou dans l'enfer, par des flammes éternelles et par des supplices affreux. Vous avez à présent le temps de les expier ; vous ne l'aurez pas toujours : peut-être ne l'aurez-vous pas demain. Quand avez-vous donc résolu de commencer cette expiation ?
Le roi de Ninive descend de son trône, et se met sous la cendre et le cilice ; toute cette grande ville retentit de soupirs et de sanglots ; les plaisirs les plus innocents sont bannis : on jeûne, et on fait jeûner jusqu'aux enfants et aux animaux. Puissance de mon Dieu, voilà votre ouvrage ; mais voilà mes juges qui fulmineront un arrêt de damnation éternelle contre moi, si je ne fais pénitence.

Quand l'esprit impur est sorti d'un homme, il va dans les lieux arides, cherchant du repos, et il n'en trouve point. Alors il dit Je retournerai dans ma maison d'où je suis sorti ; il la trouve vide, il rentre et il s'en empare.



2e POINT.
Quand la pénitence est trop faible, le pécheur n'est pas délivré, et Dieu n'est pas apaisé. Il est des péchés pour lesquels il faut des jeûnes rigoureux, des aumônes abondantes, de longues prières, des mortifications continuelles et des larmes amères, sans quoi on ne peut pas obtenir une pleine rémission. De là vient qu'on retombe bientôt dans les péchés dont on était coupable ; l'esprit d'impureté, d'orgueil, d'intérêt, de divisions et de haine rentre dans le cœur, et devient plus fort qu'il ne l'était auparavant. On croit son péché expié quand il ne l'est pas ; on demeure dans une fausse paix qui conduit à l'aveuglement, et souvent on n'est désabusé que quand on n'a plus ni la force ni le temps de faire pénitence.
Pensez, dans toute l'amertume de votre cœur, aux péchés les plus considérables que vous avez commis, à vos mauvaises habitudes, et aux péchés que vous commettez encore tous les jours. Quelle expiation, quel dédommagement et quelle compensation faites-vous à la justice de Dieu ? Cependant il la faut faire absolument, ou dans cette vie ou dans l'autre. Il faut que vous la fassiez vous-même de vos propres mains, sinon Dieu la fera des siennes, et elle sera infiniment plus rigoureuse. Ne balancez pas, prenez le parti le plus sûr.


SENTIMENTS

Oui, Seigneur, Ninive la pécheresse a été détruite selon votre divine parole, et sur ces ruines vous avez édifié une Ninive pénitente. Heureuse destruction ! Ah ! Seigneur, traitez-moi comme Ninive, conservez le pécheur qui va travailler, par sa pénitence, à expier ses péchés, et détruisez en moi le péché et l'inclination au péché. Je veux imiter ce peuple ; je veux vivre dans les sentiments et dans les œuvres d'une expiation sincère et continuelle ; mais je ne le puis sans votre secours. Donnez-moi donc, Seigneur, le véritable esprit de pénitence, de peur que je ne me trompe dans ma pénitence même.
Humiliez mon esprit superbe, donnez-moi une véritable haine pour cette chair pécheresse, afin que je la sauve en la macérant et en la soumettant à l'esprit. Donnez à mon cœur des sanglots, et des larmes à mes yeux, et que ce soit l'amour et la douleur qui les produisent. C'est dans ce moment, ô mon Dieu, que je vais commencer à expier mes péchés, à les pleurer amèrement, et à les quitter pour toujours.


SENTENCES

Vous offrirez tous les jours au Seigneur une victime d'expiation (Ezéch. 29).

Expiez sévèrement, et sans vous épargner, les péchés que vous avez commis, afin que vous puissiez recouvrer ce que vous avez perdu (D. Chr., serm. de Mosy.).



RÉFLEXIONS


Sommeil des apôtres

Ce fut pour Jésus un surcroît de douleur de trouver ses disciples endormis pendant qu'il souffrait la plus cruelle agonie qui fut jamais. Cette lâcheté n'était point pardonnable dans des apôtres qui venaient de lui faire de si belles protestations de courage et de fidélité. Ils savaient l'extrémité du péril où était leur divin maître, ils voyaient sa tristesse, ils entendaient les plaintes et les sanglots que son cœur poussait vers le ciel : c'était la dernière occasion de lui marquer leur amour, et cependant ils dorment au lieu de veiller et de se préparer à défendre au péril de leur vie celui qui allait donner la sienne pour leur amour. Jésus-Christ en fut touché, vient à eux, et leur fait le reproche qu'ils méritaient. Eh quoi ! leur dit-il tendrement, ne pouvez- vous veiller une heure avec moi ? Faut-il qu'un traître surmonte le sommeil pour me perdre, et que vous vous y laissiez abattre, quoique vous sachiez le péril extrême où je me trouve ? Semblables aux apôtres, nous nous endormons souvent sur nos plus importants devoirs, et nous ne veillons que trop pour nous perdre. Nous laissons lâchement échapper les moments précieux de notre salut sans nous faire aucune violence. Réveillés par la fureur de nos passions, nous sacrifions souvent notre sommeil et notre repos à nos désirs les plus injustes et les plus déréglés. Les veilles ne coutent rien quand il est question de travailler pour le monde, et l'on s'endort lâchement quand il faut donner une heure à la prière, à la pénitence et aux bonnes œuvres.


PRIÈRE

Ô Dieu de bonté, c'est avec un cœur contrit et humilié que nous implorons votre divine miséricorde. Soyez-nous favorable, protégez-nous contre les ennemis de notre salut, qui nous attaquent pour nous séduire et nous corrompre. Faites-nous la grâce d'expier nos péchés par une véritable pénitence, afin de mériter la gloire que vous nous avez promise. Nous vous en prions par les mérites de Jésus-Christ votre fils.




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