MÉDITATION
POUR LA FÊTE DE SAINTE MARIE-MADELEINE
(22 juillet)
Beaucoup de péchés lui sont remis, parce qu'elle a beaucoup aimé.
I. Prélude. — Me représenter sainte Magdeleine, soit dans la maison du Pharisien, où elle obtint le pardon de ses péchés, soit dans celle de Lazare son frère, où elle se tenait aux pieds de Jésus pour écouter sa divine parole, soit sur le Calvaire, soit au sépulcre, où elle donna à cet adorable Sauveur les marques de l’amour le plus ardent et le plus généreux.
II. Prélude. — Sainte amante du Cœur de Jésus, obtenez-moi la grâce de connaître, d'aimer, de servir et d'imiter comme vous ce Cœur adorable.
I. Point.— Sainte Magdeleine connut le Cœur de Jésus-Christ.
Il est dans la dévotion au sacré Cœur cinq caractères, et comme cinq degrés, par lesquels on peut parvenir à ce qu'elle offre de plus parfait. Le premier degré consiste à bien connaître ce divin Cœur, source de grâces et trône de miséricorde ; le second, à l'aimer d'un amour tendre et généreux ; le troisième, à se pénétrer, à se nourrir de ses affections et de ses sentiments ; le quatrième, à souffrir avec lui et pour lui ; le cinquième enfin, à se dévouer pour sa gloire, et, pour y travailler plus efficacement, à retracer ses exemples divins. Tous ces caractères éclatèrent en sainte Magdeleine de la manière la plus vive et la plus frappante. Elle connut le Cœur de son Sauveur, cette illustre pénitente : toute couverte encore des taches de ses péchés, décriée même dans Jérusalem pour sa conduite peu réglée, elle devait craindre, ce semble, de paraître devant celui dont les regards sont si pénétrants et si purs ; mais non, touchée d'une grâce intérieure, elle a compris que Jésus est le bon Pasteur courant après sa brebis égarée, le charitable médecin des âmes, qui n'est pas venu pour celles qui se portent bien, mais pour celles qui sont malades : elle court donc se jeter à ses pieds ; elle les arrose de ses larmes, y répand des parfums, les essuie de ses cheveux, et entend de la bouche même de ce divin Maître ces paroles si consolantes : Beaucoup de péchés lui sont remis, parce qu’elle a beaucoup aimé. Oh ! qu'il fait bon connaître le Cœur de Jésus! qu’il est doux de l'aimer et de se confier en lui! c’est là le moyen le plus court pour obtenir le pardon de ses fautes, pour avoir part aux faveurs les plus précieuses.
II. Point. — Sainte Magdeleine aima, servit et imita le Cœur de Jésus-Christ.
La connaissance intime des bontés du Cœur de Jésus, une amoureuse confiance accompagnée d'un amer repentir, avaient commencé la conversion de Magdeleine, et ainsi avaient éclaté en elle les deux premiers caractères de la dévotion au sacré Cœur. Les trois autres reluisent d'une manière non moins admirable dans tout le reste de sa vie. Jésus daigne honorer de sa présence la maison qu'elle habite avec Marthe et Lazare ; elle se tient à ses pieds, recueille avec avidité ses paroles sa crées, s'en nourrit, s'en pénètre, les grave dans son cœur, afin d'y imprimer aussi les sentiments et les affections de celui de son divin Maître. Bientôt cet adorable Sauveur est immolé pour le salut du monde : Magdeleine le suit sur la montagne de son sacrifice ; là elle souffre avec lui : tous les tourments qu’il endure sont douloureusement retracés dans son cœur. Après la résurrection de Jésus-Christ, elle lui marque la générosité de son amour par la promptitude de son obéissance, lorsqu'il lui ordonne de le quitter, pour aller porter de sa part à ses disciples l'heureuse nouvelle de son triomphe. Enfin, quand Jésus a quitté la terre, Magdeleine s'enfonce dans une caverne profonde pour y passer le reste de ses jours dans l’amour et dans la douleur, imitant ainsi le Cœur de Jésus dont la vie tout entière ne fut qu'un long tissu d'amour et de souffrances. Quand l’imiterai-je comme elle ? quand comprendrai-je d'une manière pratique que la souffrance est le plus efficace de tous les moyens pour m'unir et me conformer à lui ?
COLLOQUE avec sainte Magdeleine. — Lui rendre des hommages de respect, d'amour, de confiance comme à la première adoratrice du Cœur de Jésus. — La prier de rendre mon cœur conforme au sien, en m’inspirant pour Jésus-Christ une tendre confiance et un véritable amour.
RÉSOLUTIONS. — M’appliquer avec un soin tout nouveau au saint exercice de la méditation, afin d'y puiser la connaissance et l’amour du Cœur de Jésus. — Unir toutes mes peines à la croix de ce divin Maître.
BOUQUET SPIRITUEL. — Marie a choisi la meilleure part ; elle ne lui sera point ôtée.
PRIÈRE. — Ouvrez-moi votre sacré Cœur, ô Jésus! montrez-moi ses charmes, unissez-moi à lui pour toujours ; faites que toutes les respirations et toutes les palpitations de mon cœur, qui ne cessent même point pendant le sommeil, vous soient des témoignages de mon amour, et vous disent sans cesse : « Oui, Seigneur, je suis toute à vous ; le gage de votre alliance est sur mon cœur, et il n'en sortira jamais ; recevez le peu de bien que je fais ; faites-moi la grâce de réparer le mal que j'ai fait, afin que je puisse vous bénir pendant cette vie, et vous louer dans toute l'éternité. Ainsi soit-il.
Extrait de "Méditations sur les principaux mystères de la Très Sainte Vierge, et pour les fêtes des Saints..." (Imprimatur, 1840).
Reportez-vous à Litanies de sainte Marie-Madeleine.