mardi 20 décembre 2016

Méditation pour le Vingtième jour de Décembre : Jour de réforme





Saint Jean Baptiste montrant Jésus (Murillo)


LE VINGTIÈME JOUR DE DÉCEMBRE

Jour de réforme


PRATIQUE

Demandez au Saint-Esprit des lumières pour vous bien connaître, et du courage pour réformer vos défauts. Veillez sur tout, ne négligez rien, étudiez à fond votre tempérament, votre humeur, vos inclinations, et la manière dont vous vivez avec Dieu, avec votre prochain et avec vous-même : retenez bien ce que vous aurez remarqué à réformer, et prenez la résolution d'y travailler tous les jours.


MÉDITATION

Préparez la voie du Seigneur, rendez droits et unis ses sentiers. (Luc , 3)


1er point. Jésus-Christ va naître ; non content de prendre naissance dans une étable, il veut la prendre encore dans nos esprits, pour les éclairer de ses lumières, et dans nos cœurs, pour les purifier, et pour les embraser du feu de son divin amour. Préparons les voies, et réformons dans notre esprit l'ignorance de ses devoirs, sa curiosité des choses de la terre, son entêtement, ses préjugés, ses pensées vaines et inutiles, sa duplicité, sa hauteur, son orgueil qu'il faut abaisser et humilier, pour préparer le chemin du Seigneur. Réformons donc notre cœur, son insensibilité pour Dieu, et son amour excessif pour soi-même, ses inclinations déréglées, son attache à la créature et aux choses périssables, ses révoltes contre la grâce, ses délicatesses et son ardeur pour le plaisir : voilà les chemins tortus et raboteux qu'il faut redresser, si nous voulons que Dieu vienne à nous.

2e point. Les sentiments les plus vifs de la pénitence sont vains, s'ils ne sont suivis de réforme. Jésus-Christ est venu sur la terre pour réformer l'homme tout entier, il a réformé sa convoitise par une extrême pauvreté, son orgueil par l'humilité la plus profonde, et sa délicatesse, par l'austérité la plus rigoureuse. Vous attendez ce même sauveur, dit saint Jean Chrysostôme (Hom. 2), pour l'attirer en vous, et vous rendre dignes des grâces attachées à sa naissance ; réformez l'intérieur et l'extérieur ; réformez les regards de vos yeux ; que la sagesse chrétienne en règle tous les mouvements ; réformez les paroles de votre bouche, par la prudence et la charité ; vos gestes, par la modestie ; toutes vos démarches, par une gravité qui montre que vous marchez en la présence de Dieu ; votre visage, par un air d'affabilité et de douceur chrétienne ; l'intempérance de votre bouche, par la mortification ; vos oreilles, en les fermant à la médisance et à tout ce qui offense la modestie ; vos mains, en travaillant pour Dieu et pour votre prochain ; enfin, jusqu'à vos vêtements, par la simplicité.


SENTIMENTS

Que je sens de faiblesse, ô mon adorable Sauveur, quand il est question de mettre la main à la réforme de tout moi-même ; j'en sens cependant l'extrême besoin, si je veux me rendre digne de vous donner une nouvelle naissance dans moi-même ! Le nombre infini de mes défauts m'effraie ; la difficulté de l'entreprise me décourage ; ma paresse et ma lâcheté s'alarment et ne veulent point souffrir la violence qu'il faudrait me faire ; ma conscience, d'un autre côté, se récrie aussi, me reproche ma faiblesse, et me menace de vos redoutables jugements, si je n'y travaille ; et je ne l'apaise qu'en différant de jour en jour ce grand ouvrage, et en me promettant toujours à moi-même de l'entreprendre un jour. Aidez-moi donc, Dieu de force et de bonté ; c'est à ce moment, et avec le secours de votre grâce, que je veux devenir, en vous et par vous, une nouvelle créature : éclairez-moi, conduisez-moi, fortifiez-moi, réformez-moi vous-même, divin Rédempteur ; que les rigueurs excessives que vous avez endurées pour mon instruction et pour mon amour m'engagent à une parfaite réforme.


SENTENCES

Gardez-vous bien de vous conformer à ce siècle ; mais faites en vous une réforme et un renouvellement de vie (Rom. 12).

Personne ne peut devenir ami de Dieu, s'il ne travaille à se réformer soi-même (D. Aug. de Gènes)


RÉFLEXIONS

Dieu seul est éternel d'une éternité parfaite, parce qu'il est sans commencement et sans fin ; il est lui-même la source et le principe de son éternité. Ce Dieu de bonté et éternel s'est assujetti aux temps et aux moments marqués dans ses décrets éternels pour la rédemption des hommes ; cet assujettissement volontaire est un miracle incompréhensible de son amour. Il a dit, dans le temps de sa mort, que son heure était venue. Quel profond et impénétrable mystère ! Pouvait-il y avoir une heure marquée dans tous les temps pour assujettir un Dieu éternel à la mort. Sa volonté se l'était marquée à soi-même ; et il s'est assujetti au temps, tout éternel qu'il est, pour nous procurer une immortalité bienheureuse. Grand sujet de réflexions et d'actions de grâces ! Profitons de cet inestimable bienfait, faisons un saint usage d'un temps si précieux qu'il nous a mérité par son sang, pour acquérir une heureuse éternité.


O CLAVIS DAVID

Ô clef mystérieuse de David, clef favorable aux élus, qui leur ouvrez le ciel, venez au plus tôt nous ouvrir les portes de nos prisons et nous procurer cette heureuse liberté des enfants de Dieu, après laquelle nous soupirons depuis si longtemps ; venez, Seigneur, répandre vos lumières naissantes sur les ténèbres épaisses qui nous environnent, pour nous rendre dignes de voir le jour des vérités divines, dont vous êtes l'adorable principe.


HOMMAGE AUX YEUX ADORABLES DE JÉSUS

Vos yeux versent des larmes, ô divin enfant, je crains bien que ce ne soit un triste pressentiment de mes infidélités et de mes ingratitudes qui les arrache de vos yeux. Larmes précieuses de mon Jésus, coulez, et rejaillissez jusqu'au cœur du père céleste, pour éteindre le feu de sa colère trop justement irritée contre moi ; descendez jusqu'aux enfers, pour en éteindre les flammes dévorantes que j'ai méritées : arrosez nos cœurs, pour en bannir la sécheresse et en amollir la dureté ; lavez-les, purifiez-les, faites-les fructifier au centuple en bonnes œuvres ; venez enfin les consacrer, les embraser et les unir inséparablement au cœur sacré de Jésus.






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