samedi 28 mars 2020

Méditation sur les souffrances de Notre-Seigneur Jésus-Christ : Jésus cloué sur la Croix


Extrait de "Méditations sur les souffrances et la croix de N.S. Jésus-Christ" par Gaspard Jauffret :





DIXIÈME MÉDITATION


Jésus cloué sur la Croix



« Jésus fut donc conduit jusqu'au lieu appelé Golgotha, c'est-à-dire, le Calvaire. Là, ils le crucifièrent ».


MÉDITATION


SUR JÉSUS-CHRIST CLOUÉ SUR LA CROIX



Premier point. Ce que Saint-Paul a dit de l'Évangile, il faut le dire des mystères des souffrances de Jésus-Christ, qui est la partie la plus essentielle de l'Évangile. Jamais la miséricorde de Dieu n'a été plus évidente ni plus sensible, que lorsqu'il a livré son fils pour nous, dans le temps que nous étions ses ennemis et que nous consentions à l'être toujours. Jamais sa bonté n'a été portée à un plus grand excès, et tout ce que la foi la plus parfaite est capable de croire, est au-dessous d'un tel amour.
Mais la sévérité d'un Dieu qui est appelé dans les Écritures un Dieu jaloux et un feu dévorant (Deuter. ch. 4. v. 24) n'a jamais éclaté d'une manière plus étonnante et plus terrible, que lorsqu'il a exigé de son Fils unique tout ce que les Écritures nous apprennent qu'il a souffert. Le déluge qui a noyé tous les hommes, et le feu qui a consumé les villes criminelles, ne sont qu'une faible image d'une si inexorable justice et d'une sainteté si irréconciliable avec le pécheur.
Qui de nous aurait pensé ayant l'accomplissement du mystère des douleurs de Jésus-Christ, et même depuis qu'il est accompli et annoncé à tout l'univers, qui de nous a pu comprendre que la sainteté de Dieu fût ce qu'elle est, et que sa justice ne pût être satisfaite que par les opprobres et les souffrances de son propre Fils, dont l'histoire seule nous fait frémir ? Que peut-on ajouter à la dignité d'un Fils égal à son Père en toutes choses et le même Dieu que lui ? Y a-t-il rien de plus digne d'admiration et qui fût plus capable de donner un nouveau surcroit à son innocence, que la charité qui le porte à se charger de nos péchés. Ces péchés dont il se charge, peuvent-ils pénétrer jusqu'à sa conscience, et ne lui sont-ils pas absolument étrangers ? Le désir qu'il a de se mettre à notre place, ne mérite-t-il pas que sa charité nous soit plutôt imputée, que nos crimes ne deviennent les siens ?
S'il faut que de son côté il s'humilie, n'est-ce pas assez qu'il s'anéantisse jusqu'à prendre la forme d'esclave, en devenant semblable à nous ? Une vie pauvre, passée en partie dans l'obscurité, et ensuite agitée par beaucoup de persécutions, n'est-elle pas capable d'arrêter la justice d'un PÈRE ? Faut-il ajouter à l'agonie dans le jardin, à la flagellation, aux opprobres inouïs soufferts dans la maison du grand-Prêtre et dans le Prétoire, le crucifiement et la mort ? Est-il nécessaire que le Père, demeure dans un inexorable silence, jusqu'à ce que tout soit consommé, et qu'il ne permette à toute la nature de s'ébranler, que lorsque la victime a expiré dans les douleurs et dans l'ignominie ?
Oui, chrétien, tout cela a été nécessaire, et tout a été exigé avec tant de sévérité, qu'aucune des circonstances prédite par les Prophètes n'a été omise, non précisément parce qu'elle avait été prédite, mais pour satisfaire à la souveraine justice, qui avait découvert aux Prophètes qu'elle ne serait satisfaite que par ce moyen. Il fallait que le Christ endurât tout ce qu'il a souffert, disait le fils de Dieu, parlant de lui-même à ses disciples après sa résurrection. (S, Luc. ch. 24. v. 26. 46) Tout était prédit (Explic. de la Passion de N.S.J.C. t. 8 chap. 16. art. 5).

Second point. Jésus-Christ est donc crucifié ; mais au milieu de quel abyme de souffrance! L'envie, la haine, la calomnie, la fureur du Juif et du Gentil, frémissent autour de lui. Il compare lui-même, dans ses Prophètes, la conspiration universelle contre sa vie, à l'ardeur d'un feu qui embrase des faisceaux d'épines ; (Psaume 117) Il peint ailleurs l'action même de son supplice. L'on frappe sur moi, dit-il, (Ps. 140). On y enfonce le fer, comme si l'on ouvrait la terre. L'on m'étend avec violence jusqu'à disloquer mes os. Et ailleurs, il nous représente ses ennemis comme des lions rugissants qui l'assiègent de toute part et s'élancent sur lui pour le dévorer. C'est dans le même Psaume qu'il ajoute en parlant de ses souffrances : ils ont percé mes mains et mes pieds, et ils prennent plaisir à me considérer dans cet état ; ils partagent mes vêtements et jettent ma robe au sort. (Psaume 21) Tout, disons-nous, était prédit, et tout devait être accompli comme il était prédit.

Troisième point. Le pécheur ne connaît ni Dieu, ni sa justice, ni ses décrets irrévocables. Il ne peut juger, comme il faut, de ses iniquités, parce qu'il est injuste et qu'il aime l'injustice. La sainteté de Dieu lui est cachée. Il vit dans les ténèbres, et il y est le plus souvent tranquille parce que la souveraine règle de tous ses devoirs ne lui est pas présente ; et il croit que Dieu excuse tout ce qu'il se pardonne à lui-même, parce qu'il se forme une idée de Dieu peu différente de celle qu'il aurait d'un homme faible et indulgent, et aussi peu touché qu'il l'est lui-même de l'iniquité, selon cette parole de Dieu dans ses Prophètes ; vous qui rejetiez mes commandements, lorsque vous faites le mal, vous concluez de mon silence que j'approuve comme vous l'injustice. (Psaume 49. v. 21)
C'est ainsi que nous nous rassurons nous-mêmes, par la multitude des pécheurs qui sont dans la même situation que nous, par la comparaison que nous faisons de nos fautes avec celles des personnes que nous jugeons plus criminelles, par toutes les circonstances qui peuvent en diminuer la grandeur à nos propres yeux. Le supplice seul nous étonne. Nous le trouvons excessif lorsque nos péchés n'ont pour nous rien que de commun et d'ordinaire.
Mais tous ces faux préjugés s'évanouissent, quand nous considérons Jésus-Christ brisé par la main de son père, parce qu'il porte sur lui l'ombre et la ressemblance du pécheur (Explication de la Passion), quand nous considérons Jésus-Christ CLOUÉ SUR LA CROIX !

Considérations. . Que sommes-nous dans les vues du Créateur ? Combien nous tenons de place dans les desseins éternels ! Si nous sommes inférieurs aux Anges par notre naturel, que sont donc les Anges! et nous-mêmes que sommes-nous ? Qu'est-ce qu'un être pensant et raisonnable lorsqu'il se rapporte tout entier à Dieu. Certes, je conçois maintenant Saint-Paul, lorsqu'il me dit que l'oreille n'a jamais entendu, l'œil n'a jamais vu, l'esprit de l'homme ne saurait imaginer les biens que Jésus-Christ a promis à ses élus. Des êtres pour lesquels le Fils de Dieu quitte le sein de son Père, des êtres dont le Fils de Dieu ne dédaigne pas d'unir la nature à la sienne, des êtres auxquels le Fils de Dieu ne s'unit que pour devenir leur caution et leur victime devant la justice de son Père, des êtres rachetés à un si haut prix, sont sans doute supérieurs à tous les mondes matériels, et rien ne peut se comparer dans les merveilles du Tout-Puissant, à l'homme juste, que les Intelligences célestes ou l'homme-dieu lui-même.
. Rien n'est plus capable de nous donner une idée de la miséricorde du Ciel sur l'homme en général et sur chacun de nous en particulier , que la vie de cet homme-dieu, cloué sur la croix, pour y souffrir la peine du péché.
. Jésus-Christ cloué sur la croix nous prouve l'existence du Ciel pour l'homme juste, mais il nous prouve aussi l'existence de l'enfer pour l'homme méchant. Méditez bien cette pensée.


Résolutions et prière. Qu'est-ce donc que le péché devant l'éternelle justice, si l'éternelle miséricorde ne peut le pardonner qu'au prix du sang du Fils de Dieu, cloué vif sur une croix ! Ô qu'un pareil spectacle, Seigneur Jésus, me remplisse, tout-à-la-fois, de reconnaissance, d'amour, de terreur et de crainte ! qu'il me pénètre de plus en plus de la haine du péché, qu'il m'offre sans cesse la mesure des châtiments qui lui sont réservés, ainsi que celle des récompenses que vous avez conquises à la vertu par le mérite de votre croix. Ainsi soit-il.



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