dimanche 1 mars 2015

Sous le soleil de Satan de Georges Bernanos

Sous le soleil de Satan de Georges BernanosDans « Sous le soleil de Satan », Bernanos excelle dans la description du combat spirituel, de la lutte contre Satan. Ce combat, il en fera la croix de l'humble abbé Donissan.

Cet auteur remarquable nous montre comme « le monde entier gît au pouvoir du Mauvais » (1re épître de Jean 5, 19). L'homme est faible sous l'emprise du Tentateur, plus à même de pactiser que de souffrir dans la lutte. Saint Paul dans sa lettre aux Romains nous exhorte à fuir le mal avec horreur. Et le Seigneur nous le dit : A celui qui vaincra, je donnerai en nourriture de l'arbre de vie (Actes des Apôtres 2, 7).

Bernanos pointe du doigt l'ombre planant sur l'Église à travers le dénie de l'existence du Diable dont de nombreux prêtres n'osent prononcer le nom. Cherchent-ils leurs réponses dans leur foi en Dieu ou dans la science et le Monde ? Or, lorsque le Seigneur dans l'Évangile expulse le Démon, lorsqu'il procède à un exorcisme, il n'est pas question de parabole comme l'on peut l'entendre de la bouche de nombreux prêtres.  

Nier l'existence du Démon, c'est nier la parole du Christ, c'est nier le Grand Combat de Dieu. 

« Vous êtes comme un jouet, vous êtes comme la petite balle d'un enfant, entre les mains de Satan. » (Quand l'abbé Donissan rencontre la jeune Germaine Malhorty, dite Mouchette).
Mouchette incarne cette spirale du vice, du mal. Nous voyons, à travers cette jeune fille, comment Satan peut réussir à perdre les âmes.

Serons-nous un jouet entre les mains du Diable ? Où est notre foi ? Dans notre Seigneur Jésus-Christ ou désespérément dans le Monde ? Les saints eux-mêmes ont été éprouvés par Satan. Donnons l'exemple du saint curé d'Ars auquel Bernanos fait souvent référence. Ce Saint qui appelait son adversaire et l'ennemi de Dieu, le Grappin (Lire Le Vainqueur du Grappin, Le Saint Curé d'Ars du Père Hunermann). La sainteté justement fait l'objet chez Bernanos d'une profonde réflexion ; elle est crainte, enviée, soupçonnée, redoutée, elle est devenue comme la lèpre... Mieux vaut que l'autre ne soit pas saint, sinon je serai obligé de remettre en question mon propre sacerdoce.

Venons-en à l'adaptation cinématographique de Maurice Pialat (palme d'or du Festival de Cannes en 1987). Il est bien évidemment très difficile d'arriver à la hauteur d'un écrivain comme Bernanos. L'histoire est - nous le supposons - pour les besoins de l'écran « hachée menu ». Mais les grandes lignes sont respectées. Nous perdons cependant la force et l'aspect fantastique du roman, notamment dans le face à face violent de l'abbé Donissan avec Satan qui est ici réduit à un entretien entre deux hommes ; entretien qui laisserait supposer de l'identité de l'individu qui accompagne l'abbé sans réel fracas. La fin du film est également bien différente de celle du livre, et nous ne retrouvons malheureusement pas l'illustre écrivain, Antoine Saint-Marin, venu rencontrer le Saint de Lumbres et fantasmant déjà sur son propre avenir et sur les gloires humaines que ce voyage pourra lui apporter.

L'on reconnait par contre à Pialat son soin donné à l'image, au plan (celui sur l'abbé Donissan dans le confessionnal à la fin du film est d'une force indéniable), à l'esthétique, transportant le téléspectateur dans les paysages de l'Artois, pays qui a inspiré tous les romans de Bernanos. On apprécie également la fidélité aux dialogues de Bernanos et la tension entre les deux hommes, Menou-Segrais et Donissan.

Il est par contre bien dommage que le personnage de Mouchette ait été adoucie. Dans le roman, Bernanos nous fait percevoir des sursauts de machiavélisme dans son attitude comme des sursauts du mal qui aurait pris possession de la jeune femme. Et lorsque après la rencontre avec l'abbé Donissan, elle se renferme dans sa chambre (dans le livre), la scène est explosive. La jeune femme ne réussissant pas à se tourner vers Dieu est dans un état de détresse immense, donnant presque l'impression d'une possession diabolique. Elle décide alors d'appeler Satan à l'aide et celui-ci répond en lui donnant la force de faire le geste ultime. Ce sont des passages essentiels pour comprendre le fonctionnement du mal. L'analyse du mal est si poussée chez Bernanos qu'il faudrait un acharné de l'exactitude pour retrouver cela dans un film.
Beaucoup abandonnent la lecture des romans de Bernanos en cours de route, mais la complexité de sa plume doit être dépassée pour prélever le message de l'auteur.

Ayons comme résolution de prier fermement pour que notre intelligence et notre cœur soient ouverts à la VÉRITÉ de Notre Seigneur Jésus-Christ. Soyons forts dans le combat.

Pour terminer, et pour illustrer ces propos, nous pouvons méditer un extrait de « L'Imitation de Jésus-Christ » :

« Sache que le diable fait tout pour étouffer tes bons sentiments et t'éloigner de tout exercice spirituel : du culte des saints, de la méditation de mon chemin de croix, du souvenir si utile de tes péchés, de ta vigilance à progresser sur le chemin de la vertu. Il te suggère mille mauvaises pensées pour te troubler et te décourager, et ainsi, te détourner de la prière et des lectures saintes. Une humble confession lui déplaît et, s'il le pouvait, il te ferait abandonner la communion.
Ne l'écoute pas et n'aie pour lui aucune crainte, quoiqu'il t'ait souvent tendu des pièges. C'est sur lui seul que tu devras rejeter toutes les mauvaises pensées qu'il t'inspire, et lui dire : "Va-t-en, esprit impur ! Rougis misérable ! C'est toi qui es impur pour oser tenir ce langage à mes oreilles. Retire-toi, séducteur, car tu n'auras jamais sur moi aucun pouvoir ; c'est Jésus qui me protège de sa force et tu ne peux rien contre lui."
"Plutôt mourir en souffrant tous les supplices que de te suivre jamais !"
"Silence ! Tais-toi ! Je ne t'écoute plus ; tu peux m'importuner tant que tu voudras."
Le Seigneur est ma lumière et mon salut : de qui aurais-je crainte ? Qu'une armée vienne m'assaillir, mon cœur est sans crainte (Ps 26, 1-3). Le Seigneur est mon soutien et mon sauveur (Ps 18, 15). »


LIRE "SOUS LE SOLEIL DE SATAN" DE GEORGES BERNANOS.



Reportez-vous à L'IMITATION DE JÉSUS CHRIST, Le Diable existe-t-il ?, La communication de Satan avec l'homme, Le retour du règne de Satan par la négation du dogme de l'Incarnation, Les princes de la Cité du Mal et Le roi de la Cité du Mal.