dimanche 5 mars 2017

Le plus grand bonheur de l'homme sur la terre est d'avoir une parfaite conformité à la volonté de Dieu



Abrégé de la pratique de la perfection chrétienne du R.P. Alphonse Rodriguez, Extrait :



Saint Antoine de Padoue et l'Enfant-Jésus (Murillo)




Que le plus grand bonheur de l'homme sur la terre, c'est d'avoir une parfaite conformité à la volonté de Dieu


Celui qui sera parvenu à avoir une conformité entière à la volonté divine, en prenant toutes choses comme envoyées par l'ordre de la providence, et en se conformant à tout ce que Dieu veut, aura acquis la souveraine félicité des justes sur la terre, puisqu'il possédera pleinement cette paix intérieure et cette joie ineffable, en quoi consiste la véritable béatitude de cette vie : Ce qui fait, dit l'Apôtre (Rom. 14, 17), le royaume de Dieu, c'est-à-dire, la béatitude des saints dans le monde, ce n'est pas le boire et le manger ; c'est la justice, et la paix, et la joie dans le Saint-Esprit. Voilà en quoi consiste cette béatitude anticipée ; voilà quel est ce paradis de délices, dont nous pouvons jouir ici-bas ; et c'est avec raison que nous l'appelons béatitude, puisque par là nous devenons en quelque sorte semblables aux bienheureux.
Car, comme il n'y a point de changement et de vicissitude dans le Ciel, et que les bienheureux y sont dans un état fixe et invariable, jouissant sans interruption de la vue de Dieu ; aussi dans le monde, ceux qui sont parvenus à s'établir dans une parfaite conformité à la volonté divine, et à mettre tout leur contentement dans le bon plaisir de Dieu, ne s'inquiètent et ne se troublent plus de l'instabilité des choses humaines, et des divers accidents de la vie. Leur volonté est tellement soumise à celle de Dieu, que la conviction qu'ils ont que tout vient de lui, et que c'est sa volonté qui s'accomplit en eux dans tout ce qui leur arrive de plus fâcheux, fait que, préférant la sienne à la leur, toutes leurs souffrances et toutes leurs peines se changent en joie, et toute leur amertume se convertit en douceurs et en consolations. Rien ne peut donc jamais les troubler : eh ! qui pourrait les affliger ? Les mépris, les disgrâces, les revers de fortune, les humiliations, les persécutions, les douleurs, les affronts ? Car voilà ce qui a coutume de faire les plus vives impressions sur une âme. Mais loin de s'en affliger, ils les regardent et les reçoivent comme une faveur singulière qui leur vient de la main de Dieu : il n'y a donc rien qui puisse altérer la paix et la tranquillité de leur âme.
C'est là la véritable source de cette sérénité et de cette joie douce, qui paraissait toujours sur le visage et dans toutes les paroles et les actions des saints ; d'un saint Antoine, d'un saint Dominique, d'un saint François, et de tant de grands personnages des siècles derniers ; et ce qu'on remarque en particulier de saint Ignace (L. 5. c 5. Vit. sancti Ignat.) : cela se remarque encore ordinairement dans tous les vrais serviteurs de Dieu. Mais peut-être, dira-t-on, que ces grands saints étaient exempts des misères de la vie : peut-être n'étaient-ils pas sujets aux infirmités corporelles ; peut-être n'éprouvaient-ils aucune tentation, n'avoient-ils rien de pénible à souffrir, peut-être ne leur arrivait-il aucun accident fâcheux. Il leur en arrivait sans doute, et de plus fâcheux qu'à nous ; car les afflictions, les mépris et les souffrances sont le partage des saints ; et ceux que Dieu aime le plus, sont ordinairement ceux à qui il envoie les croix les plus pesantes, et à qui il ménage les plus rudes épreuves.
Par quel miracle arrivait-il donc qu'ils demeuraient toujours dans une même égalité d'esprit ; qu'ils conservaient toujours une si parfaite tranquillité au-dedans et au-dehors ; et qu'ils avoient toujours la joie dans le cœur et empreinte sur le visage, comme si tous les jours eussent été pour eux des jours de fête et de réjouissance ? C'est qu'ils étaient parvenus à s'établir dans une entière conformité à la volonté divine ; qu'ils mettaient tout leur bonheur à la voir accomplir ; et dans tout ce qui leur arrivait, ils trouvaient des sujets de joie et de satisfaction. Toutes choses se tournent en bien (Rom. 8, 28) à ceux qui aiment Dieu. Le juste ne sera point affligé (Prov. 12, 21), quoi qu'il puisse lui arriver. Les peines, les tentations, les afflictions, tout se convertissait en joie pour eux, parce qu'ils savaient que tout cela procédait de la volonté de Dieu, dans laquelle ils avoient établi toute leur félicité ; et possédant ainsi toute la béatitude dont on peut jouir sur la terre, ils goûtaient d'avance les douceurs et les avantages de la gloire dont ils devaient un jour se rassasier pleinement dans le Ciel.
Que nous serions heureux si nous pouvions mettre toute notre joie dans l'accomplissement de la volonté de Dieu, et si nous pouvions parvenir à n'avoir plus en toutes choses d'autre volonté que la sienne ! Faites, Seigneur, devons-nous lui dire, que je ne sache vouloir, ou ne vouloir pas que ce que vous voulez, ou ne voulez point ; faites que ce soit là tout mon bonheur et toute ma consolation : Il m'est avantageux de m'attacher tellement à mon Dieu (Ps. 72, 28), que je ne fonde mon espérance qu'en lui. Que nous serions heureux, dis-je, si nous étions toujours tellement unis à Dieu, que, dans toutes nos actions, dans toutes nos afflictions et nos souffrances, nous n'eussions d'autre vue que l'accomplissement de sa volonté sur nous ! C'est ce qui faisait dire à un grand serviteur de Dieu (De Imit. J. C. I. 1. c. 3), que celui à qui tout n'est rien qu'une seule chose, qui rapporte tout à une seule chose, et qui ne voit tout que dans une seule chose, conservera toujours son cœur dans une grande tranquillité, et demeurera en paix dans le sein de Dieu.





Écouter Faire la volonté de Dieu : pourquoi et comment ? avoir la foi.



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