jeudi 13 avril 2017

Méditation pour le Jeudi Saint : Jour d'union




James Tissot


LE JEUDI SAINT

Jour d'union


PRATIQUE

Entrez aujourd'hui en esprit dans le cénacle ; le mystère qui s'y passe mérite toutes vos réflexions. Tout y est grand, tout y est mystérieux, et tout y est intéressant pour vous, aussi bien que pour les apôtres. Écoutez avec un souverain respect les paroles de la consécration prononcées par Jésus-Christ ; unissez-vous à ces premiers communiants de l'Église, et communiez spirituellement avec eux. Soupirez souvent après le même bonheur ; c'est le moyen de vous en rendre digne. Unissez-vous sur tout à ce divin consécrateur ; purifiez votre cœur de tout ce qui pourrait préjudicier à une union si sainte, et préparez-vous ainsi à la communion pascale.


MÉDITATION

Le seigneur Jésus, la nuit même qu'il devait être livré à la mort, prit du pain, et ayant rendu grâces, le rompit, et dit à ses disciples : Prenez et mangez ; car ceci est mon corps, qui sera livré pour vous. (1 Cor., 11)


1er point. Toutes les démarches que Jésus-Christ a faites depuis son incarnation jusqu'à son ascension glorieuse, n'ont été que pour s'approcher de l'homme, pour s'unir à lui, et pour lui marquer ainsi son amour. Mais, dans l'institution de l'adorable eucharistie, il s'unit à nous d'une manière ineffable ; il s'incarne pour ainsi dire en chacun de nous en particulier ; il descend à nous, et il nous élève à lui ; il demeure en nous, et nous demeurons en lui.
La nuit qui précéda sa passion, le Sauveur prit le pain qui était sur la table, leva les yeux au ciel, pour marquer que le don qu'il allait faire aux hommes était un don céleste ; qu'il les ferait des hommes célestes, et qu'il les conduirait au ciel, s'ils le recevaient dignement. Il rendit grâces à son Père : le sacrifice qu'il lui offrait était un sacrifice eucharistique, c'est-à-dire d'actions de grâces. Il bénit le pain, le rompit, et en donna à tous, en disant : Prenez et mangez, car ceci est mon corps. Il se porta ainsi lui-même dans leur bouche, et s'alla placer dans leur estomac, et auprès de leur cœur, pour leur servir d'aliment, pour sanctifier leurs âmes, et pour consommer cette divine union.


Jésus prit encore le calice après souper, en disant : Ce calice est la nouvelle alliance de mon sang ; faites ceci en mémoire de moi.


2e point. Les paroles que Jésus-Christ prononça sur le pain et sur le vin mirent en leur place sa chair, son sang, son cœur, son esprit, son âme, sa vie et sa divinité ; en un mot, un Dieu et un homme parfait. Voilà ce que nous recevons dans la communion ; voilà ce qui forme en nous l'union eucharistique, et une miraculeuse extension de l'union hypostatique.
La chair adorable de Jésus-Christ, qui est la pureté même, s'unit à la nôtre par la communion ; elle devient sa nourriture et son soutien, et elle lui communique son incomparable pureté. Son sang précieux et divin s'unit au nôtre ; il l'anime, le purifie ; et, par cette union si noble, nous acquérons une glorieuse consanguinité avec Jésus-Christ. Le cœur de Jésus-Christ s'unit à notre cœur ; il le touche, amollit sa dureté, en extirpe les feux étrangers, pour l'embraser de ses divines ardeurs. Son esprit s'insinue dans le nôtre, pour l'éclairer dans la connaissance de Dieu et de lui-même, pour le guérir de ses erreurs, et pour lui montrer les routes qui conduisent au ciel. L'âme de Jésus-Christ vient dans la nôtre, pour la diriger dans toutes ses opérations. Enfin, la divinité de Jésus-Christ s'unit à tout ce que nous sommes, d'une manière ineffable, pour nous élever à un ordre supérieur, et pour nous communiquer la glorieuse qualité d'enfants de Dieu, en nous faisant participer à sa divine nature.


SENTIMENTS

Ô bonté infinie de mon Sauveur, de vouloir bien abaisser sa grandeur jusqu'à mon néant pour s'unir à moi ! Vous allez nous quitter, ô mon divin Rédempteur ! Vous alliez répandre tout votre sang et perdre la vie pour notre amour ; et votre amour ingénieux et tout-puissant se reproduit lui-même à la place du pain et du vin, pour nous donner son corps et son sang. Venez donc, ô mon adorable Jésus, rendez-moi digne de contracter et de renouveler souvent avec vous par la communion une union si intime et si forte, qu'elle me transforme en vous et me serve de préparation à l'union éternelle que j'espère contracter avec vous dans le ciel.


SENTENCES

Nous ne sommes tous ensemble qu'un seul pain un seul corps, parce que nous participons tous au même pain (1. Cor. 10).

Ô sacrement de piété, ô signe d'unité, ô lien de charité, celui qui veut vivre trouve ici la vie : qu'il s'approche, qu'il croie, qu'il soit incorporé, pour être vivifié ; qu'il s'unisse au corps de Jésus-Christ, et qu'il vive de Dieu en Dieu (Div. Aug. tract. 7. in Joan. c. 6).


RÉFLEXIONS

Jésus recommande son âme à son père


Jésus, un moment avant d'expirer sur la croix, jeta un grand cri, en disant : Mon père je remets mon âme entre vos mains ; comme s'il eût voulu dire : Je vous remets entre les mains et mon âme et celle de tous les hommes pour qui je meurs. Vous criez à haute voix, ô mon Jésus, pour vous faire entendre de tous les hommes qui sont sur la terre, et pour leur faire comprendre que vous allez les réconcilier à votre père céleste, leur donner la vie de la grâce, leur ouvrir le ciel par votre sang et les affranchir ainsi de la triple captivité du péché, de la mort et de l'enfer. Mais, ô mon Dieu, en remettant votre esprit entre les mains du père céleste, songez aussi au mien ; unissez-le inséparablement au vôtre pour le présenter à Dieu. Je vous le remets moi-même, il est bien mieux entre vos mains qu'entre les miennes. Éclairez-le de vos lumières, sanctifiez-le de vos grâces, et recevez-le à l'heure de la mort, afin qu'il vous connaisse et vous contemple dans l'éternité bienheureuse.


PRIÈRE

Divin Sauveur, qui, par un pieux excès de votre amour, mettez aujourd'hui votre corps adorable à la place du pain, pour nous servir d'aliment, et nous unir ainsi à vous, substance à substance, par l'union la plus intime, la plus forte et la plus glorieuse qui fut jamais, nous vous en rendons de très humbles actions de grâces. Mais, ô Dieu d'amour, cimentez cette union si sainte, afin qu'elle soit indissoluble. Rendez-nous dignes de la contracter souvent, et de vous recevoir avec toute l'innocence, toute la foi et tout l'amour. dont nous sommes capables, pour mériter d'unir nos cœurs au vôtre dans l'éternité.




Lire cet article : Le dernier Jeudi Saint de la Monarchie très chrétienne.


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