mardi 4 avril 2017

Méditation pour le Mardi de la Passion : Jour de fuite du monde






Érection de la Croix (Gustave Doré)


LE MARDI DE LA PASSION

Jour de fuite du monde


PRATIQUE

Fuyez le monde si tous voulez vous entretenir cœur à cœur et sans distraction avec Jésus-Christ ; en quelque lieu saint que vous soyez, il y a toujours un monde délicat à éviter. Retranchez en vous tout ce qui sent le monde, c'est-à-dire ses maximes, ses manières, son langage. L'air qu'on respire dans le monde est contagieux pour une âme fidèle. Jésus-Christ a fui également le monde, et quand ce monde le persécutait, et quand il voulait le faire roi. N'oubliez pas aussi qu'il a fui quelquefois ses propres disciples pour vaquer à la prière. Suivez cet exemple, vous en serez plus recueilli et plus uni à Dieu.


MÉDITATION

Jésus demeurait en Galilée, ne voulant pas demeurer en Judée, parce que les Juifs cherchaient à le faire mourir.


1er point. Le monde a toujours été l'ennemi du Sauveur, et Jésus-Christ a toujours été l'ennemi du monde. Malheur au monde à cause de ses scandales ! Il faut le fuir par le seul titre de chrétien, et plus on en est séparé plus on est chrétien. Les plus parfaits chrétiens ne se consacrent à Dieu, dans la religion, que pour être plus séparés du monde, et, quand on ne peut faire cette séparation solennelle, on est obligé de s'en séparer de corps et d'esprit, c'est-à-dire de fuir ses maximes, ses intrigues, ses amusements et ses vanités ; sans cela on s'expose à la plus triste et à la plus funeste de toutes les séparations, la séparation éternelle avec Dieu.
Cette séparation d'esprit, de cœur et de conduite d'avec le monde consiste, dit le disciple bien-aimé, à n'aimer ni le monde, ni ce qui est dans le monde ; car, dit cet apôtre, celui qui aime le monde peut s'attendre que l'amour du père céleste n'est pas en lui. Comprenez donc la nécessité qu'il y a de fuir le monde si l'on veut se sauver, et porter dignement le nom de chrétien.


Jésus demeurait en Galilée, ne voulant pas demeurer en Judée, parce que les Juifs cherchaient à le faire mourir.


2e point. La charité ardente que Jésus-Christ avait pratiquée à l'égard de tous les malheureux qui s'étaient adressés à lui, la guérison de tant de malades, la conversion de tant de pécheurs, la résurrection de tant de morts, devaient le faire adorer du monde ; ce fut au contraire ce qui l'en fit persécuter. Tel est l'esprit du monde : comme il est corrompu dans son fonds, dans ses mœurs et dans ses maximes, il tourne les meilleures choses en venin. Si vous êtes engagé dans le monde, et que vous vouliez y pratiquer la vertu de bonne foi et tête levée, il faut vous attendre que ce monde injuste emploiera tout ce qu'il a de charmes pour vous séduire, ou tout ce qu'il a de force pour vous abattre. Voulez-vous y mener une vie retirée ? les compagnies du monde viendront vous distraire jusque dans votre solitude ; y renoncer aux plaisirs, et embrasser la piété et la mortification ? Le monde s'efforcera de vous corrompre ; et, s'il n'y réussit pas, il vous fera passer pour un hypocrite. Si vous voulez assurer votre salut, il faut vivre dans le monde comme l'ennemi du monde ; ce qui s'appelle, dans le langage de l'apôtre, vivre dans le monde comme si l'on n'en usait pas (I Cor. 7).


SENTIMENTS

Vous fuyez le monde, ô mon Sauveur, quoique vous soyez invulnérable à ses attaques ; et moi, quoique je ne sois que faiblesse, je ne le fuis pas, et je ne sens que trop de penchant pour ce cruel ennemi qui veut me perdre. C'est à présent, Seigneur, que j'y renonce et que je renouvelle de tout mon cœur ce renoncement que j'ai fait à mon baptême.
Seigneur, donnez-moi la force de me soutenir dans ce renoncement, dans cette séparation d'où dépendent mon innocence, ma sûreté, mon bonheur et le salut éternel de mon âme. Je me jette entre vos bras, ô mon Jésus ! le monde avec tous ses appas et toute sa puissance ne viendra pas m'y attaquer, et il n'aura jamais la force de m'en arracher.


SENTENCES

N'aimez ni le monde ni ce qui est dans le monde. Si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est point en lui (Joan, 2).

Ne rougissons point ici de fuir ; car fuir le monde, ce n'est point une honte, mais une gloire (Div. amb. de fugâ. soeculi. c. 4).


RÉFLEXIONS

Jésus élevé en croix


Ce fut un spectacle bien douloureux et bien touchant, lorsque les bourreaux élevèrent la croix pour la planter sur le Calvaire et pour la poser dans le trou qui lui était préparé. Dans cette élévation violente, il fallut donner plusieurs mouvements et plusieurs secousses au corps adorable et souffrant de Jésus-Christ, dont tout le poids n'était porté que par ses mains et par ses pieds déjà percés. Cette agitation et ce cruel mouvement renouvelèrent et augmentèrent sa douleur, qui était déjà universelle ; ses plaies furent agrandies et déchirées, et il en sortit des ruisseaux de sang, qui arrosèrent toute la terre où la croix était plantée.
Voyez sur cette montagne le médiateur placé entre le ciel et la terre, entre Dieu et les hommes, qui va en faire toutes les fonctions, pour nous réconcilier à son Père, par son Sacrifice et par l'effusion de tout son sang. Écoutez ce divin prédicateur ; toutes ses plaies sont autant de bouches éloquentes qui nous disent qu'il faut souffrir et se priver des plaisirs de la terre pour mériter ceux du ciel : il vous invite à vous attacher à la croix avec lui, et à crucifier votre chair avec toutes ses concupiscences.


PRIÈRE

Nous vous supplions, ô Dieu de miséricorde, de nous faire la grâce de nous éloigner des maximes du monde corrompu ; soutenez-nous dans l'exercice de la pénitence, qui nous conduira enfin à ces joies et à ces consolations célestes que vous préparez dans l'éternité bienheureuse à ceux qui ont expié leurs péchés par les jeûnes et par les mortifications, et à laquelle nous ne pouvons parvenir que par les mérites de Jésus-Christ, votre fils.






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