mercredi 15 janvier 2020

Manichéisme, Schisme et Hérésies ; Continuation du culte de Satan au sein du Christianisme


Extrait de "Histoire Satan" par M. l'Abbé Lecanu :


Saint Athanase piétinant Arius
Organisés en société secrète, de même que les gnostiques, les manichéens avaient un triple signe de reconnaissance: la parole, le geste et l’attouchement (Signa oris, manuum et sinus.  (August.) — Manicheorum alter alteri obviam factus, dextras dant sibi ipsis signi causa. (Epiphan.)). A couvert sous les apparences extérieures du christianisme, l’œil vigilant des pasteurs de l’Église avait souvent peine à les discerner, à moins qu’ils ne se trahissent par la manifestation de quelqu’une des superstitions qui leur étaient spéciales, telles que le jeûne du dimanche en l’honneur du soleil.
Leur entêtement pour les pratiques de la magie ne saurait être contesté, nonobstant ce que Beausobre en a dit dans son Histoire de Manichée. Saint Augustin les accuse positivement ; saint Léon dit la même chose des priscillianites (Epist. 91 ad Turb. episc. Hisp), l’une des principales sectes du manichéisme, en particulier, et de toutes en général. Le savant Mosheim n’a pas eu de peine à démontrer que la magie était une conséquence naturelle de leurs principes (Institut. Hist. christ. IIa pars, cap. III. — C. f. August. Hæres. cap. XLVI. — Bayle, Dict. crit., art. Manichée. — D’Herbelot, Bibl. orient., art. Manichée. — Matter, Hist. du Manich, sect. III, ch. III).
Les premiers empereurs chrétiens poursuivirent avec ardeur les restes des superstitions du paganisme, et spécialement les pratiques de la magie. La persévérance de leurs efforts est la meilleure preuve de la persistance de l’abus qu’ils combattaient. Déjà, dès avant la naissance du christianisme, la magie était proscrite parles lois ; mais de funestes exemples venaient trop souvent empêcher l’effet de la législation. Marc-Aurèle avait des enchanteurs à sa suite dans la guerre des Marcomans ; il leur fit consacrer des talismans, qu’il enterra sur l’extrême frontière de l’empire, afin d’y arrêter les ennemis : ce qui prouve que la sagesse et la philosophie ne sont pas la même chose.
En 319 et en 337, Constantin renouvela les édits contre la magie (Lex v, tit. vm. — Lex vi) ; Constantin II en 357. Valentinien, Valens, Théodose les renouvelèrent à leur tour ; Arcadius en ajouta de nouveaux (Lex III, tit. VIII) en 389 ; mais tous la proscrivirent de manière à lui donner plus d’importance, parce qu’ils s’inclinaient devant son pouvoir. Constantin révoqua même en partie ses premières ordonnances, déclarant qu’il n’avait pas entendu proscrire la magie utile, c’est-à-dire celle qui aide à préserver la terre des fléaux du ciel. Constance bannissait les magiciens sous le prétexte que la magie trouble le repos des morts, l’harmonie des éléments et des saisons, détruit les récoltes et cause les épidémies. Était-il plus puissante et plus solennelle recommandation ?
Julien la remit en honneur.
Léon crut lui porter un dernier coup, mais il s’inclinait encore devant son pouvoir (Novella LXV).
Elle existait donc dans toute sa puissance par tout l’empire au quatrième siècle, et des mesures maladroites ajoutaient à son prestige une espèce de consécration légale.
Le manichéisme apparut, la recueillit, l’abrita dans son sein et la grandit de ses propres progrès.
Une femme, nommée Agapé, disciple d’un Égyptien nommé Marc, très-versé dans les secrets de la magie, au rapport de saint Jérôme, et qui avait été disciple de Manès, introduisit le manichéisme en Espagne avant la fin du quatrième siècle. Elle gagna le rhéteur Helpidius, et plus tard le célèbre Priscillien, qui devint fondateur d’une nouvelle secte, et répandit ses pratiques dans toutes les provinces méridionales de la Gaule (Sulpit. Sever. Histor. sacr. 1. II, cap. XLVI. — Iren. 1. 1, cap. IX. — Hieronim. epist. xxix ad Theod. ; — advers. Pelag. ; — ad Ctesiph.).
Il y avait des manichéens à Rome, lorsque saint Augustin y arriva, c’est-à-dire en 383. Le nombre en fut considérablement augmenté lors de la destruction de Carthage, en 439 , parce que beaucoup d’habitants de cette ville, infestée de l’hérésie, vinrent chercher un refuge en Italie. Saint Léon les poursuivit avec tout le zèle dont il était animé, et dissipa leurs assemblées. L’empereur Valentinien joignit ses efforts à ceux du pontife ; mais les persécutions et l’exil, au lieu de détruire la secte, dispersèrent ses éléments et étendirent ses ravages. Les empereurs Justin et Justinien employèrent les mêmes moyens, et arrivèrent aux mêmes résultats (C. f. Maimbourg, Hist. de St Léon, I. 1. — Thomassin, De l’unité de l’Église, t. I, p. 339.— Cod. Justin. lex V, De hæret.). Mais comment faire ?
À la fin du neuvième siècle, les manichéens étaient si nombreux en Arménie, où on les appelait pauliciens, du nom d’un de leurs premiers chefs, qu’ils purent soutenir des guerres longues et sanglantes contre l’empereur Bazile le Macédonien (Cedren. t. II, p. 480 et 541.—Bossuet, Hist. des Var. 1. xi, n° 13).
Pierre de Sicile nous apprend que, tout en se défendant vigoureusement contre ce prince, ils envoyèrent en Bulgarie de nombreux missionnaires, et que l’hérésie y jeta de profondes racines. La Thrace était depuis longtemps infestée (Bossuet, Hist. des Var. 1. xi, n° 14). La même hérésie faisait de grands ravages en Perse, en Syrie et dans la Mésopotamie pendant le règne de l’empereur Anastase ; en Sicile, sous le pontificat de saint Grégoire le Grand (Lambert. Daneau, Notæ in hæres. August. cap. XLVI. — Bayle, Dict. crit. art. Marcion).
Dès le milieu du cinquième siècle, les gnostiques, les ophites et les manichéens des provinces occidentales, confondus dans une même proscription, avaient réuni leurs doctrines et leurs pratiques en même temps que leurs intérêts. Déjà Théodoret ne met plus entre eux aucune différence (Hæret. fabul. I. 1, cap. xxiv).
Les nouveaux mystères ne se tenaient plus en publie, mais ils se continuaient en secret, et dans des réunions moins bruyantes et moins nombreuses. Ce ne furent même plus des mystères à proprement parler ; ce furent des chasses de Diane, des courses de Habonde, des sabbats. Nous retrouverons toutes ces choses au moyen âge.
Nous n’avons pas à écrire l’histoire des persécutions ; cette grande et mémorable page des annales du monde appartient plutôt à l’histoire de l’Église ou même à l’histoire générale. Toutefois il ne faut pas oublier que Satan attaquait au-dehors par le fer et le feu l’œuvre du Christ, en même temps qu’au-dedans par les moyens que nous venons de signaler. La persécution, commencée l’an 64, dixième du règne de Néron, ne devait s’arrêter qu’en 325, lorsque Constantin donnerait la paix à l’Église. Pendant cet intervalle de 260 ans, la société chrétienne n’eut pas un seul jour de paix ou de repos ; il ne se passa pas d’année, de semaine peut-être, que le sang chrétien ne coulât sur un point de l’empire ou sur l’autre, et la persécution redevint générale et furieuse à quatorze reprises différentes, mais si générale et si terrible, que l’on crut plusieurs fois toucher aux temps prédits par l’Évangile concernant la fin du monde, notamment pendant les règnes de Dèce et de Dioclétien. Le nombre des victimes fut si considérable sous le règne de Dioclétien, que l’histoire y a fixé une de ses époques mémorables sous le nom d’ère des martyrs. Quoi qu’en disent les ennemis du christianisme, intéressés à diminuer le plus qu’ils peuvent ses gloires et ses triomphes, s’il n’est pas possible de déterminer même approximativement le nombre des confesseurs de la foi dans cet intervalle de deux grands siècles et demi, il s’éleva certainement à plusieurs millions.
Satan espérait-il noyer le christianisme dans le sang chrétien ? peut-être ; mais, quel que fut le résultat, sa haine contre l’homme était toujours satisfaite, puisque le sang humain coulait à grands flots.
Satan hait-il davantage l’humanité ou le christianisme ? il le sait. Dans cette circonstance, il s’attaqua à l’humanité sous le prétexte du christianisme : il fît imputer aux chrétiens les pestes, les famines, les fléaux, les insuccès dans la guerre, attribuant tous les malheurs à la colère des dieux, irrités des blasphèmes et de l’impiété des chrétiens. Il leur fit imputer les crimes des gnostiques, dont les chrétiens gémissaient plus encore que les païens. Il excita les colères et les jalousies des prêtres du paganisme, qui voyaient leurs temples devenir déserts, leurs oracles réduits au silence : vains efforts, Satan ne pouvait pas, ne devait pas prévaloir ; son triomphe se réduisit au mal qu’il avait fait ; le ciel se peupla de ses victimes, et le sang des martyrs fit germer de nouveaux et plus nombreux chrétiens.

Avant que le christianisme eut révélé au monde l’idée et le sentiment sublimes du divin amour, la magie et le culte des dieux se confondaient en une seule et même chose. Le divin Platon, pour parler le langage de ses disciples, n’appelait pas la magie d’un autre nom que le service divin. C’est Apulée qui en fait la remarque, et il faut voir en quels termes respectueux il en parle lui-même dans son Apologie. Vous accusez quelqu’un d’être magicien, dit-il à son délateur ; mais songez donc que la magie est le culte des dieux, la science des choses célestes, l'art d’honorer les immortels ; qu’elle tire sa noble origine de Zoroastre et d’Oromase, qui l’enseignèrent aux Perses, chez lesquels il n’est pas permis à tout le monde d’être magicien, pas plus que d’être roi ; car la magie est un royal apanage. C’est aussi, et chez tous les peuples, un apanage du sacerdoce, et si c’est un crime d’être magicien, c’est donc aussi un crime d’être prêtre.
Les peuples barbares qui détruisirent l’empire romain n’avaient pas de si hauts pensers, ni tant de science, ni l’art de si bien dire ; mais ces idées étaient les leurs. Dans la Gaule et la Germanie, les druides remplissaient le double rôle de magiciens et de ministres des dieux. Les druides étaient savants dans l’art des conjectures et dans l’astrologie, dit Cicéron (Divinat. lib. i, cap. 41). Tertullien ajoute que ces prêtres passaient des nuits auprès des tombeaux des guerriers et des sages, afin d’y recevoir des inspirations pendant le sommeil. Neuf vierges sacrées faisaient leur résidence dans l’ile de Sein, à l’extrémité occidentale de la péninsule armoricaine, suivant le récit de Pomponius Mêla, et conjuraient les vents et les flots, afin de procurer aux navigateurs une mer favorable. Elles savaient prendre la forme de divers animaux, guérir les maladies par la vertu des enchantements et prédire l’avenir. On les nommait gallicènes ou barrigènes. Diodore de Sicile parle de certains prophètes adonnés à l’auscultation et à l’extipicine, qui immolaient des victimes humaines, pour chercher dans leurs entrailles la révélation de l’avenir. Il assure que ces détestables usages remontaient à des temps
fort reculés, et que les Cinabres les transportèrent dans la Gallo-Grèce (Histor. I. v). Les Gaulois avaient encore les bacères, chargés du soin d’interroger les astres, et les eubages, de celui de consulter les entrailles des victimes et le vol des oiseaux (Athénée, I. VI.—Strabo, Geogr.).
Nul peuple ne les surpassa dans cette dernière science, dit Justin, excepté peut-être les Basques, non moins crédules et non moins superstitieux, ajoute Lampride. Les Gaulois faisaient un si grand cas de l’ornithomancie, que les mouvements de leurs armées étaient toujours réglés sur le vol des oiseaux ; et c’est ainsi que l’une d’elles se trouva conduite jusqu’en Pannonie.
Outre les superstitions qui leur étaient communes avec les Grecs et les Romains sur les préservatifs et les amulettes, ils eu avaient de spéciales, telles que celles qui se rattachaient au gui de chêne et aux œufs de serpent. Le gui de chêne était le grand et tout-puissant préservatif contre le tonnerre et contre les épidémies, l’heureuse et efficace bénédiction des champs, des villages et des maisons. La possession d’un œuf de serpent portait bonheur dans toutes les entreprises (Frey, Admiranda Gall. cap. x.— Plin. Hist. nat. lib. xxix, cap. 3. — Malouet, Voyage en Guyane, art. d’Iracubo).
Les peuples de la Germanie ne le cédaient pas à ceux de la Gaule dans les pratiques de la divination : ils cultivaient l’art des auspices et des sorts ainsi que celui de la rabdomancie. Ils n’entreprenaient aucune affaire importante, sans avoir interrogé le hennissement de chevaux blancs qu’ils nourrissaient en qualité d’oracles dans des prairies sacrées. Ils immolaient des victimes humaines dans le but de consulter leurs entrailles, tandis qu’elles palpitaient encore de la chaleur de la vie, sur les chances de la guerre et l’issue des négociations.
Tout ceci est déraisonnable, atroce ; mais c’est le règne de Satan, toujours et partout le même : destruction de l’homme, abaissement de l’humanité.
Lorsque les peuples d’au-delà du Rhin, Saxons, Bructères, Saliens, Chamaves, Angrivariens, Sicambres et ceux qui formaient la confédération franque, quittèrent les forêts de la Germanie, pour venir chercher en Gaule une autre patrie sur une terre plus féconde et sous un ciel plus clément, ils apportèrent donc de nouvelles pratiques de magie, qu’il faut ajouter à celles que les Gaulois avaient reçues des Romains, et à celles qu’ils tenaient d’eux-mêmes.
Ils apportèrent, entre autres, l’art des runes, si cultivé parmi la plus grande partie des nations du Nord.
Il y avait les runes victorieuses, qui donnaient la sagesse, l’esprit, le courage, et préparaient tous les genres de triomphes. Les guerriers les gravaient sur la garde et le fourreau de leur épée, tout le monde les portait écrites sur des carrés de parchemin ; elles devaient être accompagnées de la lettre tyr, deux fois reproduite. [LPS : Les runes furent utilisées par Hitler sous le nazisme, voir par exemple l'emblème de la Waffen-SS] Les navigateurs inscrivaient les runes maritimes et fluviales sur la poupe, le gouvernail, les mâts et les voiles des navires, pour préserver l’équipage et les marchandises de tout fâcheux accident. Ceux qui avaient des procès à soutenir, des querelles à venger, des droits à faire prévaloir, cachaient les runes protectrices dans les tentes qui servaient de prétoire à la justice et jusque sous les sièges des magistrats. Les runes bacchiques, gravées sur l’anse des amphores et sur les gobelets, préservaient les buveurs des surprises qu’on aurait pu leur faire dans l’ivresse ; pour plus de sûreté encore, ils se les traçaient sur la main, et écrivaient la lettre naud sur leur ongle. Les médecins faisaient usage des runes auxiliatrices, pour procurer aux femmes des couches heureuses et faciles ; mais ce n’était que la moindre partie de la science du véritable médecin : il devait posséder à fond le secret des runes corticales, afin de les inscrire convenablement sur l’écorce des arbres et du côté qu’il fallait, pour guérir les maladies, détourner les sorts, lever les enchantements, arrêter les hémorragies, fermer les blessures. Les runes cordiales donnaient le courage aux lâches ; on les inscrivait sur la poitrine, à la région du cœur. Les runes puissantes se tatouaient sur celui des membres dont on devait faire le principal usage : sur les bras, pour le travail ; sur les cuisses, pour la marche (Canciani, Leges barbarorum antiquæ, t. III, p. 91).
Et ces sortes de peintures soulevèrent de nombreuses et énergiques réclamations de la part des prélats pendant les sixième, septième et huitième siècles, sous prétexte qu’elles constituaient une invocation au démon, déshonoraient des membres consacrés par le baptême, et que l’ostentation qu’en faisaient ceux qui les portaient, blessait souvent les lois de la modestie.
Ces pratiques et cent autres pareilles se traînèrent encore misérablement pendant de longs siècles au sein des nations nouvellement converties à la foi chrétienne ; il suffit d’interroger la législation du temps, pour en trouver des preuves nombreuses. En effet, la répression des crimes commis par le moyen de la magie fut un des objets les plus constants de la sollicitude des législateurs. Aussi peu avancés dans les sciences démoniaques que dans la civilisation, les barbares ne connaissaient que la grossière et brutale magie, mais telle quelle ils la connaissaient et en faisaient usage. L’empoisonnement, les vénéfices et les maléfices, les ligatures et les charmes, les sorts et les enchantements, les assemblées de sorciers et des festins abominables, telles sont les pratiques contre lesquelles des codes de lois, si laconiques sur maints autres points, sévissent avec le plus de détails (Collect. de D. Bouquet, t. IV, p. 136.— Canciani, Leges barbarorum antiquæ. — Lindembrog, Codex legum antiquarum, in lege Salica, tit. XXI, XXII, LXVII, etc.).
Si une femme empêche par maléfice une autre femme de devenir mère, elle payera deux mille cinquante deniers d’amende, dit la loi salique dans son titre XXIIe. Si le vénéfice est bu par celui-là même qui l’avait préparé pour un autre, le vénéficiateur survivant sera condamné à deux mille deniers. Celui qui aura jeté un maléfice sur autrui, ou qui l’aura déposé avec des ligatures en un lieu quelconque, subira une amende de deux mille deniers. Si une sorcière a dévoré quelqu’un, dit ailleurs la même loi, elle payera deux cents sous d’amende.
Rien n’est plus curieux que de voir un barbare se railler des autres barbares à cette occasion. Il ne faut pas croire, dit Rbotaric dans le code des lois lombardes, qu’une femme avale un homme tout vivant, car cela est impossible (Nullatenus est credendum, nec possibile est, ut hominem mullier vivum intrinsecus possit comedere. (Lex Rhotaric. cap. CCCLXXIX)). Mais Rhotaric se moquait de ce qu’il ignorait, comme il est arrivé à tant d’autres. Il n’était pas question d’hommes avalés vivants ou entiers, mais de victimes dépecées, rôties et mangées en détail, ainsi que nous le verrons bientôt.
Le sou d’or, dont il est question dans la loi, avait une valeur de quinze francs environ de notre monnaie, suivant l’estimation la plus probable. Deux cents sous représentaient donc environ trois mille francs, somme très-élevée pour une époque où la rareté du numéraire était si grande, comparativement à la nôtre.
Si quelqu’un, continue la même loi, accuse un homme d’être herbourg (Hereburgium), c’est-à-dire strioporteur, ou bien, en d’autres termes, d'avoir porté la chaudière d’airain aux festins des sorcières (Ubi striæ coccinant. On lit ailleurs cocinant, et même concinant. Il s’agit de cette chaudière aux poisons que nous retrouverons plus tard), et qu’il ne puisse pas prouver son dire, il payera soixante-deux sous d’amende. Il paraît qu'alors l’injure était défendue et la diffamation permise, puisque l’accusateur était admis à présenter ses preuves. Le mot herbourg n’est pas encore sorti du langage en certaines provinces ; il est même des familles qui portent un pareil nom.
La loi des Ripuaires contient des dispositions semblables (Lex Ripuar. tit. LXXXVIII). Nous compléterons ce que l’une et l’autre laissent à désirer par un exposé des articles de la loi des Wisigoths sur la même matière (Lex Wisigoth. l. iv et vi, tit. II, n°I, III, IV).
Si quelqu’un, dit-elle, consulte les sorciers, les aruspices ou les devins relativement à l’époque de la mort du prince ou de quelque autre personne, il deviendra esclave, s’il est ingénu, ses biens seront confisqués, et il sera flagellé. S’il est esclave, on lui fera subir diverses tortures, et il sera exilé, pour servir encore comme esclave, dans les pays par delà les mers.
Un ingénu ou un esclave qui aura fait des vénéfices, sera puni du supplice le plus ignominieux, si la mort s’en est suivie ; sinon, il sera mis à la disposition du vénéficié.
Les maléficiateurs, ceux qui causent des tempêtes, ceux qui donnent la folie par l’intervention des démons, seront frappés publiquement de deux cents coups de fouet, et tondus d’une manière déshonorante. On leur fera faire dix fois le tour des champs voisins, et ensuite on les confinera dans la prison. Ceux qui les auront employés, recevront deux cents coups de fouet en présence du public.
L’esclave ou l’ingénu de l’un ou de l’autre sexe qui aura fait des maléfices ou des ligatures contre les hommes ou les animaux, et en général contre tout ce qui se meut de soi-même, contre les champs, les vignobles ou les arbres ; celui qui aura composé, ou seulement essayé de composer des pactes, pour causera quelqu’un le mutisme, des maladies, la mort ou un dommage quelconque en son corps ou en ses biens, sera puni de deux cents coups de fouet publiquement administrés ; il sera ensuite enfermé dans une prison, et ses biens confisqués.
Telles sont les prescriptions des lois des Francs et des Wisigoths relativement à la magie. La loi des Bourguignons garde sur cet article un silence d’autant plus remarquable, que ce peuple était alors le plus civilisé de la Gaule. L’était-il au point d’ignorer la magie ?
Il fallait que ce crime fût alors bien commun, pour demander une telle répression et de telles précautions. Il le devint cependant de jour en jour davantage, si on en juge par les prescriptions législatives des siècles suivants. Il ne se tint pas un concile, une assemblée de la nation, jusqu’au règne de Charles le Chauve, sans qu’il y fut question de la magie, soit pour la réprimer par des lois nouvelles, soit pour faire revivre les lois anciennes.
Le concile d’Auxerre parle des charaudeurs, ou jeteurs de sorts, contre lesquels saint Éloi, évêque de Noyon, devait également s’élever un peu plus tard, et dont nous retrouvons encore la mention sous la plume de Maurice de Sully, évêque de Paris au douzième siècle (Lebeuf, Mém. de l'Acad, des inser. t. XVII, p. 723. — Ducange, Glossar, aux mots Caragii et Caraulæ. Ducange n’a pas compris la vraie signification de ces expressions).
Il n’était douteux pour personne que ces pratiques ne fussent des restes de paganisme. Maurice de Sully l’affirme positivement ; de même un concile de Rouen de l’an 630 environ : « Il faut, disent les prélats, réprimer, ou plutôt détruire entièrement l’usage qu’ont certains bergers, des chasseurs et autres personnes de réciter des enchantements sur du pain, des herbes ou des billets, qu’ils cachent ensuite dans les arbres ou dans les carrefours, afin de guérir leurs animaux, en donnant la mauvaise chance à ceux d’autrui. Il est évident que de telles pratiques sont des restes du paganisme. »
« Nous voulons, disait Childéric III dans une ordonnance de l'an 742, que chaque évêque s’applique à détruire dans son diocèse les usages païens auxquels le peuple se livre encore, tels que les sacrifices profanes en l’honneur des morts, les sortilèges, les divinations, les phylactères, les augures, les enchantements, l’immolation des victimes : il faut abolir tout ce qui reste du paganisme, et en particulier les feux sacrilèges appelés néd rates. » Les mêmes, sans doute, dont il est parlé dans un capitulaire de Carloman de l’an 743, sous le nom de nodfir. La première étincelle avait été obtenue par le frottement de deux morceaux de bois.
La liste serait incomplète, si nous n’empruntions quelques détails au sermon de saint Éloi sur la même matière (Vita S. Eligii (par St-Ouen), II part. cap. xv). « Nous vous conjurons par tout ce qu’il y a de plus sacré, dit le prélat, de vous abstenir des coutumes abomi nables du paganisme ; loin de vous les prestigiateurs, les devins, les fabricateurs de sortilèges et d’enchantements ; les consulter, c’est renoncer au privilège et à la grâce du baptême.
Loin de vous les interprètes des augures et de l’éternuement. Lorsque vous vous mettez en route, ou lorsque vous commencez un ouvrage, n’écoutez pas quel est l’oiseau qui chante ; munissez-vous plutôt du signe de la croix. Ne choisissez pas les jours pour vous mettre en route ou commencer vos entreprises ; tous les jours appartiennent à Dieu, et nous viennent également de sa main libérale. L’attention aux jours fastes et néfastes, aux aspects de la lune ; les impiétés et les farces ridicules des calendes de janvier, les mannequins de vieilles femmes, les mascarades, les jeux folâtres, les tables dressées à l’entrée des nuits, les étrennes, les intempérances qui font partie des réjouissances de cette époque, les bûchers allumés, les chants qu’on prononce en s’asseyant, sont autant de pratiques condamnables. »
Les tables dressées à l’entrée des nuits dont parle ici l’évêque de Noyon, rappellent les repas offerts en plein champ aux déesses Maires et à la déesse Habonde, ou Abondance, si ce n’est le même usage.
L’orateur continue de la sorte : « Que personne, à la fête de saint Jean ou de quelque autre saint, ne fasse des solstices, des circonvallations, des danses ou des charaudes ; que personne ne chante les cantiques du démon. Que personne n’invoque les noms du démon, ni Orcus, ni Neptune, ni Diane, ni Minerve, ni le génie, ni aucun autre être fantastique. »
Littéralement, aucune autre ineptie de ce genre.
« N’observez plus le jeudi, continue le prélat, ni pendant le mois de mai ni dans un autre temps ; il suffit de l’observance des fêtes et des dimanches. Que personne ne suspende des flambeaux ou des objets votifs près des temples, des pierres, des fontaines, des arbres, aux maisons ou dans les carrefours. »
L’usage dont parle ici l’évêque de Noyon fut des plus persistants. Les évêques se virent enfin obligés de faire enfouir les termes et les milliaires ; ils firent ériger des croix à la place des idoles des carrefours ; ils donnèrent le nom de quelque saint aux fontaines consacrées par la superstition, afin de sanctifier, en changeant leur objet, des habitudes qu’ils ne pouvaient détruire.
« Ne mettez point d’amulettes au cou des hommes ou des animaux, dit toujours le prélat, quand même elles auraient été faites par des clercs, ou quand elles contiendraient des passages de l'Écriture ; car tout cela est vain, inutile, diabolique, indigne d’un chrétien. Ne faites plus de lustrations ni d’enchantements sur les champs ; ne faites point passer vos troupeaux entre les deux parties d’un arbre entr’ouvert, ni par des voies souterraines : on pourrait croire que vous les consacrez au démon. Femmes, ne portez plus d’ambre suspendu à votre cou ; n’imprimez plus le nom ou la figure de Minerve sur votre linge ou sur vos étoffes ; invoquez plutôt la bénédiction du Seigneur. Ne criez pas quand la lune s’éclipse. Ne donnez le nom de Seigneur ni au soleil ni à la lune ; ne jurez point par leur puissance. Ne croyez ni à la destinée, ni à la fortune, ni aux thèmes des astrologues. Si quelque infirmité vous atteint, laissez là les devins, les enchanteurs, les sorciers, les prestigiateurs ; ne recourez ni aux phylactères, ni aux fontaines, ni aux arbres, ni aux dieux des chemins, car tout cela ne vous servirait de rien ; ayez recours aux choses saintes et à la miséricorde de Dieu. »
C’est ainsi, pour le dire en passant, que les prélats de l’Église catholique justifiaient d’avance la religion des reproches d’obscurantisme et de superstition qui devaient lui être adressés de nos jours.
En complétant ces détails par les indications d’un capitulaire de Carloman daté de l’an 749, et qui contient une longue et curieuse liste des superstitions de l’époque (cette liste, intitulée Indiculus superstitionum paganicarum désigne jusqu’à trente observances superstitieuses. Canciani l'a expliquée fort longuement ; ce qu’il en dit est aussi curieux que savant, et mérite d’être lu. (Leges Barbar. t. III, p. 88.)
), on voit qu’il se célébrait des mystères dans le silence des forêts, que la fiente des bœufs et des chevaux était employée à l’art divinatoire en certaines circonstances, et la cervelle de plusieurs animaux à des usages magiques ; qu’il se faisait des courses nocturnes aux flambeaux et en haillons ; que les sorciers pratiquaient des enchantements sur des statuettes de pâte ou de chiffons, sur des pieds et des mains artificiels, dans le but de causer des maladies ou la mort à des personnes absentes ; qu’on supposait aux sorcières le pouvoir de commander à la lune, et d’énerver par le moyen de ses influences le courage des plus vaillants guerriers.
Il est à peine quelqu’une de ces pratiques qui ne se trouve mentionnée de nouveau dans les capitulaires de Charlemagne, de Pépin, roi d’Italie, de Louis le Débonnaire et de Charles le Chauve : ce qui prouve de plus en plus leur persistance au sein de la société chrétienne. Les devins, les astrologues, sous le nom de mathématiciens, les sorciers, les enchanteurs, les vénéficiateurs, les augures, les noueurs d’aiguillette, les tempétiers, les invocateurs de démons, les défouisseurs de trésors, y sont nommément désignés. Les philtres, les amulettes, les phylactères, les sorts, l’interprétation des songes, les pactes, les brevets pour guérir les maladies, y sont proscrits sous diverses pénalités, et quelquefois sous peine de mort.
On y trouve une mention positive des pratiques de la cabale (Capitul. Herardi, Turon, episc. anni 858 ; Baluz. p. 1288) et des mœurs de l’ophitisme ; le législateur n’ose même pas désigner en termes trop clairs l’impure mixtion dont les sorciers souillaient l’oblation eucharistique (Capitul. Pippini regis, apud Baluz. p. 540), à l’instar de l’eucharistie des ophites et des festins des manichéens. On y reconnaît l’existence d’engastrimythes, désignés sous le nom de pythons (Capitul. Carol. Mag. anni incerti. Baluz. p. 518). On y trouve la preuve qu’il y avait des antropophages en Europe à une époque aussi avancée. Il ne faudrait pas croire que ce dernier crime ne se trouve signalé dans la loi que comme un souvenir ou par habitude, car un second capitulaire du grand empereur, promulgué en Saxe, en parle d’une manière si explicite, qu’il n’est pas possible d’élever le moindre doute : « Si quelqu’un, y est-il dit, sous prétexte qu’un homme ou qu’une femme sont sorciers, et qu’ils mangent des hommes, les mange lui-même ou les fait manger à d’autres, après les avoir embrochés et rôtis, qu’il soit puni de mort (Capital. Carol. Mag. pro part. Sax. cap. vi. Baluz. t. i, p. 251). » Ainsi parle un des législateurs les plus judicieux de l’époque chrétienne ; et comment supposer qu’en rédigeant un pareil article de loi, il avait en vue des crimes imaginaires (Baluz. Capitul. reg. Franc. Carol. Mag. anni 769, p. 191 ; — ami. 805, p. 428 ; — 799, p. 220 ; — 789, p. 235 ; — incert., p. 518, 929 , 1040 ; — tom. II, ann. 799, p. 242 ; — 789, p. 254 ; — incert. p. 997, 1104. — Pippini reg ann. 793, p. 539, 504 ; — incert. p. 1143. Hludov. Pii, ann. 827, p. 707 incert. p. 713, 961, 1104. — Caroli Calv. ann. 870, p. 230, etc., etc.) ?
Tandis que les nations nouvelles appelées à peupler le champ de l’Église dans les provinces du Nord, se débattaient ainsi dans les liens à demi brisés de leur antique barbarie, de leurs superstitions et des abominables pratiques dans lesquelles Satan essayait de les retenir, le même Satan semait la division au scindes Églises d’Orient et d’Afrique par le moyen des hérésies : donnant ainsi aux peuples incivilisés et grossiers des occupations grossières, et aux peuples philosophes et disputeurs, des arguties et des subtilités perfides pour aliment intellectuel.
Sitôt que le sang chrétien eut cessé de couler à son instigation sur les échafauds, pendant que la gnose grouillait partout dans les bas-fonds du christianisme comme une fangeuse vermine, dès le commencement du IVe siècle, Arius, prêtre d’Alexandrie, dans un accès d'orgueil froissé, et pour se venger en suscitant des troubles, s’avisa d’enseigner que Jésus-Christ n’était pas Dieu. Cette déplorable nouveauté ne s’insinua que trop aisément auprès des grands et des gens sans défiance. L’arianisme s’étendit de proche en proche et gagna une à une toutes les provinces de l’empire. Nous n’entreprendrons pas de tracer sa longue histoire : persécutions, exils, disputes, conciles et anticonciles, guerres déclarées, sang humain versé à grands flots, tel en est l’abrégé. Les troubles durèrent deux siècles, et couvrirent de ruines l’empire d’Orient, l’Espagne, la Gaule, l’Italie, l’Afrique. Si Satan avait triomphé, le christianisme était anéanti, mieux encore que par la gnose, puisqu’il en restait toutes les apparences, la morale et les pratiques, mais en l’absence de la rédemption, qui est le dogme capital, et de l’eucharistie, qui est le dogme générateur.
Pendant qu’Arius enseignait ses erreurs en Égypte, les deux Donat divisaient l’Église d’Afrique par un des schismes les plus funestes qui aient affligé le troupeau de Jésus-Christ, à l’occasion de l’élection d’un évêque de Carthage, nommé Cécilien, qui, par l’exactitude de sa doctrine et de sa vie, avait eu l’honneur de déplaire à quelques personnes trop puissantes.
Bientôt après parurent les macédoniens, qui nièrent la divinité du Saint-Esprit. Hérésie faible et petite dans ses commencements, mais qui s’étendit en se transformant, infesta peu à peu tout l’Orient, et dure encore, puisque c’est, avec la primauté romaine, le point capital qui divise l’Église grecque de l’Église latine. Si les Grecs orthodoxes, comme ils s’appellent, ne nient plus la divinité du Saint-Esprit, ils rejettent du moins sa procession du Verbe divin.
Le cinquième siècle vit les pélagiens, qui rejetèrent la nécessité de la grâce, et, par une conséquence inévitable, la nécessité de l’incarnation et delà rédemption, puisque l’homme pouvait ainsi se sauver sans le secours divin ; les nestoriens, qui divisèrent Jésus-Christ en deux personnes, l’une divine, l’autre humaine, ce qui anéantissait d’autre façon la valeur de la rédemption, puisque la personne humaine ayant seule pu souffrir et mourir, rien n’avait été acquis pour l’humanité, sauf une doctrine toute céleste enseignée par la personne divine. Vinrent ensuite les eutychiens, qui supprimèrent en Jésus-Christ la nature humaine, en l’absorbant dans la nature divine, ce qui rendait impossible toute réalité dans l’accomplissement des scènes douloureuses de la passion du Sauveur. Il ne restait plus qu’une vaine apparence et des ombres au calvaire. Et, dans un cas comme dans l’autre, la Vierge divine perdait son beau titre de Mère de Dieu, puisqu’elle n’avait donné l’être qu'à un homme, selon Nestorius, et qu’elle n’était mère qu’en apparence, selon Eutychès.
Au milieu de ces déchirements, suscités et entretenus par Satan, l’Église d’Orient perdit son unité ; la division succédant sans cesse à la division, les liens de la discipline se relâchèrent, la confiance n’exista plus des fidèles aux évêques, des évêques à leurs patriarches. Elle perdit sa fermeté et son assurance dans la foi, au sein de ce ballottage perpétuel entre des doctrines diverses et multiples : et où la discipline et la foi se relâchent, les mœurs se pervertissent. Or c’est ce qui arriva ; il ne resta bientôt plus que le nom et les apparences du christianisme. Des moines ignorants, disputeurs, orgueilleux, en révolte contre les évêques ; nul zèle pour l’extension de la foi et la correction des mœurs, puisque toutes les attentions étaient appelées vers la dispute ; un peuple ignorant et tournant à tout vent de doctrine, parce qu’il n’attachait d’autre importance à ces changements, que la facilité qu’il y trouvait de s’affranchir du joug des mœurs chrétiennes, telle fut dès lors presque toute cette portion de l’Église qui parlait la langue grecque.
Depuis longtemps le catholicisme était détruit en Afrique : le Vandale Genséric l’avait enseveli sous des ruines et noyé dans le sang ; il n’y restait plus que l’arianisme, qu’il y avait importé et implanté sur des décombres. La population qu’il y laissa , beaucoup moins nombreuse que celle qu’il y avait exterminée, ne tarda pas à perdre, avec la vigueur belliqueuse qu’il lui avait imprimée, les dernières traces de vie et de foi chrétiennes. Jésus-Christ ne pouvait plus reconnaître son Église ici ni là. Le ministre des vengeances divines parut : Mahomet fonda sa religion et son pouvoir en l’an 632.
Genséric avait été l’ange exterminateur de cette Église d’Afrique si grande, si puissante et si belle, mais déjà si divisée au temps du grand évêque d’Hippone, et disposée par là même à recevoir des doctrines plus néfastes encore : elle se laissa, en effet, honteusement salir et profondément gangréner par le manichéisme. Mahomet allait l’être de l’une et de l’autre, en rayant définitivement celle qu’avait fondée Genséric, et en ébranchant vigoureusement l’Église grecque, jusqu’à ce qu’il n’en restât plus que les tronçons.
Ainsi Dieu accorde à l’ange infernal la puissance de tenter, puis la puissance d’exercer la vengeance envers ceux qui ont succombé à ses séductions ; de sorte qu’il est lui-même le vengeur des crimes qu’il a fait commettre.
Les sanglantes querelles et les sacrilèges attentats des iconoclastes achevèrent de semer la division et d’ébranler la foi dans le sein de la malheureuse Église d’Orient pendant le VIIIe siècle ; puis, au IXe, Photius, patriarche de Constantinople, la sépara par un schisme de l’Église d’Occident ; d’où il arriva que le secours puissant des princes de l’Occident lui fît défaut, et que la foi défaillît en même temps au cœur de ses enfants. Aussi les deux tiers échangèrent la croix contre le turban, pour ne pas mourir, et l’autre tiers accepta la servitude dans ses propres foyers.


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