jeudi 20 février 2020

Des moyens extérieurs qui aident à acquérir la perfection, par le R.-P. Jean-Joseph Surin


Extrait du CATÉCHISME SPIRITUEL DE LA PERFECTION CHRÉTIENNE, TOME I, Composé par le R. P. J. J. SURIN, de la Compagnie de Jésus :


Saint Ignace de Loyola


Des moyens extérieurs qui aident à acquérir la perfection



Quels sont les moyens extérieurs ?

Ce sont certaines actions de piété, certains exercices spirituels qui font l'occupation du cœur et de l'esprit, et qu'on appelle pourtant moyens extérieurs, parce qu'ils ont quelque chose de visible. Tels sont l'oraison, l'examen de conscience, la lecture spirituelle, la confession, la communion, la retraite de quelques jours, le renouvellement de l'intérieur.


Quelles qualités doit avoir l'oraison ?

Elle doit être humble, tranquille et fervente ; humble, c'est-à-dire, qu'on doit se présenter devant Dieu dans la disposition d'un pauvre qui attend à la porte d'un riche le secours dont il a besoin ; tranquille, c'est-à-dire, qu'il faut prendre garde que pour vouloir trop faire on n'empêche par sa propre action l'opération de la grâce, et qu'on doit être toujours prêt à suivre les mouvements du S. Esprit lorsqu'on se sent attiré à l'écouter en silence. Plusieurs manquent en ce point par trop d'activité, et par la trop grande confiance qu'ils ont en leur propre industrie. C'est à l'esprit de piété à rabattre cet orgueil secret qui s'oppose à la sainte paix que Dieu veut donner aux âmes. Enfin elle doit être fervente pour surmonter la lâcheté naturelle par une diligente attention qui tienne l'esprit appliqué, non seulement quand on parle à Dieu, mais encore lorsqu'on s'occupe à faire des réflexions et des raisonnements.


Quel ordre faut-il garder dans l'examen de conscience ?

Il faut commencer par la recherche de ses péchés, et ensuite se demander à soi-même si l'on a eu soin de se conserver dans le recueillement intérieur : si on a été généreux à se vaincre dans les occasions. Il faut encore s'interroger sur le vice qu'on a entrepris de combattre, ou bien renvoyer cette recherche à l'examen particulier dont nous avons parlé ailleurs, si on doit le faire séparément. Les personnes qui commencent sont susceptibles de respect humain ; elles manquent souvent de sincérité ; elles n'ont pas assez de charité envers le prochain ; elles souffrent des inutilités dans leur esprit et dans leur cœur ; elles sont négligentes dans leurs exercices de piété et dans leurs pratiques de vertu : ce sont là des défauts sur lesquels elles ne doivent jamais manquer de s'examiner.


Comment faut il entendre ce que dit un grand maître en la vie spirituelle, que dans l'examen de sa conscience il faut mettre peu de temps à rechercher ses fautes, et beaucoup à en concevoir de la douleur ?

On doit supposer qu'il a parlé pour les personnes tièdes et lâches, qui manquent de générosité, et qui font souvent des chutes, parce que n'étant pas touchées de leurs fautes, elles ont besoin de se pénétrer de sentiments de componction. Mais les personnes ferventes, déterminées au bien, et qui ont déjà fait des progrès dans la vertu, ne doivent pas employer beaucoup de temps pour s'exciter à la contrition, parce qu'elles portent au dedans d'elles-mêmes un repentir presque continuel de leurs péchés. Il leur est plus avantageux d'employer un temps considérable à s'examiner sur les points que nous avons marqués, et en particulier sur ce qui regarde le recueillement et la générosité à se vaincre : car de ces deux points dépend l'avancement spirituel.


Quelle doit être la lecture pour être utile ?

Comme elle sert de nourriture à l'âme, il faut, 1°. qu'elle soit solide ; on ne doit point s'attacher aux Livres propres à contenter la curiosité, ou qui donnent trop à la subtilité des raisonnements, ou qui traitent de matières trop relevées, 2°. Qu'elle soit dévote, c'est-à-dire, propre à donner le goût de la piété. 3°. Qu'elle soit proportionnée aux besoins et à la portée de ceux qui lisent. Ce ne serait pas avoir égard au besoin des personnes qui commencent et qui n'ont aucune connaissance de la vie spirituelle, que de leur mettre entre les mains des Livres mystiques.


Dans quels Livres peut-on puiser cette science de la vie spirituelle ?

On peut mettre parmi les Auteurs modernes qui en ont le mieux traité, Blosius, Grenade, Dupont, Rodriguez. Après les saintes Écritures, je ne sache rien de plus instructif ni de plus propre à enflammer les cœurs, que le Livre de l'Imitation de Jésus-Christ et le Traité de saint Vincent Ferrier de la vie spirituelle. La vie des Saints est encore très-propres pour instruire et pour animer.


Quels fruits tire-t-on de la lecture des Livres spirituels ?

Outre ce que nous avons dit, elle sert encore de préparation à l'oraison, en formant comme un trésor de connaissances, qui sont la matière de nos entretiens avec Dieu.


De quelle utilité sont les Livres mystiques ?

Ils peuvent servir beaucoup, en élevant l'esprit et le cœur aux choses divines, pourvu qu'on soit bien conseillé dans le choix qu'on doit faire de ces Livres. Cette lecture convient proprement aux directeurs ; la plupart des autres personnes en sont moins capables.


Quels avis avez-vous à donner sur la Confession ?

Elle doit avoir trois qualités. Premièrement, il faut qu'elle soit nette, que tout y soit distingué et clairement expliqué. Secondement, il faut qu'elle soit sincère, et que les exagérations et les excuses en soient également bannies. Troisièmement, il faut qu'elle soit pour ainsi dire sérieuse, c'est-à-dire, qu'elle roule sur de véritables fautes, et non sur des bagatelles : car il y a une infinité de gens qui ne vont pas jusqu'au fond dans la recherche de leurs défauts : ils confessent des manquements légers et purement extérieurs, et ils ne s'examinent point sur plusieurs fautes assez grandes, que leurs inclinations déréglées et leurs méchantes habitudes leur font commettre. Il est aussi très-utile de s'accuser des mouvements que les passions excitent dans l'âme quand ils sont considérables, parce qu'il y a souvent de la négligence à les réprimer ; outre qu'en les accusant on s'humilie, et que cette humiliation jointe à la grâce du Sacrement, est un puissant moyen pour étouffer ces sortes de mouvements, et pour affaiblir le principe qui les produit.


N'avez-vous rien à dire sur la Communion ?

Nous en avons parlé dans le Chapitre 7 de la première Partie. On peut ajouter ici que tout le fruit de la communion dépend de la manière dont on s'y prépare, et dont on la fait. On s'y dispose, 1. Par une grande pureté, et cette pureté s'acquiert par la confession, et par les austérités qu'on pratique avant que de s'approcher de la sainte Table. 2. Par un profond respect, que les réflexions sur la dignité de J. C., et sur son indignité propre, doivent naturellement imprimer. 3. Par l'amour et par le désir qui se produisent, et qui s'enflamment l'un l'autre.
On reçoit Jésus-Christ, comme il souhaite d'être reçu, quand on sait s'entretenir avec lui ; lui représenter ses propres besoins, s'offrir à lui, se dévouer à son service, et le remercier du bienfait de sa visite.
Pour les âmes qui sont parvenues à l'état d'union, leur préparation consiste dans une espèce de faim et de soif spirituelle de cette viande sacrée ; et l'accueil le plus agréable qu'elles puissent faire à Jésus-Christ, c'est de l'embrasser tendrement, de se reposer sur son sein, et de jouir tranquillement de sa présence.


En quoi consiste la retraite qu'on doit faire chaque année ?

Elle consiste à se retirer du commerce du monde pendant quelques jours, à s'éloigner des occasions de plaisir et de dissipation, pour vaquer à loisir aux choses de Dieu, dans la solitude. Mais il ne suffit pas de garder la solitude extérieure, il faut que l'esprit se recueille pour méditer sur les vérités de la Religion les plus propres à procurer l'avancement spirituel. Il faut aussi que celui qui entre en retraite, se propose quelque fin particulière ; par exemple, de faire quelque changement considérable dans sa vie ; qu'il rapporte à cette fin tous les exercices de la retraite, et qu'il en fasse sa principale occupation, pour le reste de l'année. Le temps qu'on passe dans la solitude, est destiné à pourvoir à ses besoins, et à se munir de tous les secours spirituels nécessaires pour se maintenir dans la ferveur, jusqu'à la prochaine retraite.


Quel doit être le sujet des méditations pendant la retraite ?

Saint Ignace, dans son Livre des Exercices spirituels, propose des sujets de méditation, dans un ordre méthodique. Il veut qu'on commence par la dernière fia de l'homme, et par les grandes vérités qui y ont rapport ; ce qu'il appelle le fondement de l'édifice spirituel : qu'on passe de là à la considération de ses défauts, afin de purifier son cœur par une sincère conversion, et qu'ensuite on s'occupe de la Vie de Jésus-Christ et de sa Passion. L'expérience fait voir qu'on ne peut rien faire de mieux, que de se conformer à cette méthode ; et les bénédictions que Dieu ne cesse de répandre sur ceux qui la suivent, ne permettent pas d'en douter.


Outre la méditation, n'y a-t-il pas d'autres exercices spirituels qui conviennent à la retraite ?

On peut employer tous les jours quelque temps à s'instruire de quelque point de perfection. Nous en avons marqué plusieurs dans le premier et le second chapitre de la troisième partie. On peut aussi chaque jour prendre quelque temps pour s'interroger soi-même sur quelqu'une de ses actions les plus importantes et les plus ordinaires ; par exemple, sur l'Oraison, la Messe, les devoirs, l'Office divin, la conversation, les divertissements, l'usage de la nourriture, et autres semblables. On considère devant Dieu combien il est important de sanctifier ses actions ; on remarque les défauts dans lesquels on tombe, et on prend des mesures pour se corriger. Il est bon aussi de mettre par écrit les principales réflexions qu'on a faites, et les résolutions qu'on a formées, pour les conserver comme un témoignage qui nous rappelle les pensées et la ferveur de la retraite.


Quelle est la pratique du renouvellement de l'intérieur ?

Les personnes zélées pour leur perfection, prennent quelquefois pendant l'année, surtout à l'approche des grandes Fêtes, deux ou trois jours pour rentrer en elles-mêmes, peur renouveler les promesses qu'elles ont faites à Dieu, et pour exciter dans leur âme des désirs ardents de servir Dieu. Ce temps doit être comme un abrégé de la retraite dont nous venons de parler, et on doit s'y occuper des mêmes exercices. Il est particulièrement destiné à faire reprendre à l'âme sa première vigueur en tout ce qui regarde le recueillement et la victoire de soi même, qui sont les deux grands ressorts de l'avancement spirituel. On doit aussi s'examiner sur le défaut particulier auquel on avait déclaré la guerre, pour voir si on est venu à bout de le vaincre ; ou s'il est à propos de tourner sa vigilance contre quelque autre défaut.



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